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Trois ministères et fracas en série en six ans pour Yogida Sawmynaden

10 février 2021, 22:30

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Trois ministères et fracas en série en six ans pour Yogida Sawmynaden

Yogida Sawmynaden veut préparer sa défense...ou comme il le dit «contrer les fausses allégations» faites à son encontre. Raison pour laquelle il a «step down» dans l'après-midi de ce mercredi 10 février. Retour sur le début de carrière en politique de Yogida Sawmynaden et aussi ce qui a causé sa chute...

Le jour de la découverte du corps de Soopramanien Kistnen a vu la mobilisation sur le terrain de l’ACP Mannaram, responsable de la division Est, du surintendant Mohanut, de l’assistant surintendant Badal, de l’assistant surintendant Buchoo, du chef inspecteur Nohur, de l’inspecteur Pudaruth et du senior inspector Lutchmeenaraidoo.

Les ramifications de cette affaire interpellent également. Le ministre Sawmynaden aurait officiellement déclaré la veuve de son agent Kistnen comme sa constituency clerk alors que cette dernière affirme n’avoir ni touché un sou des Rs 15 000 versées par l’État à cet effet sur le salaire du ministre, ni occupé ce poste.

La réaction du Premier ministre, Pravind Jugnauth, lui-même empêtré dans un achat suspect de terrain à Angus Road, où il réside, sur cet énième scandale impliquant son colistier au n°8 (Quartier-Militaire-Moka) depuis les deux élections générales, se fait toujours attendre. De simple conseiller municipal de Beau-Bassin/Rose Hill en 2001, puis adjoint au maire de la ville des fleurs en 2003, le colistier du chef du gouvernement au n°8 a connu une progression instantanée de sa carrière politique après qu’il a fait sortir de ses gonds l’activiste travailliste Nandanee Soornack en la photographiant avec son cellulaire, le jour du dépouillement des élections municipales au collège Maurice Curé, à Vacoas, le 10 décembre 2012. L’ancienne salesgirl était alors au plus fort de sa proximité avec l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam.

Deux ans plus tard, en décembre 2014, Yogida Sawmynaden est élu pour la première fois à Quartier-Militaire–Moka. Depuis, en six ans, il a changé trois fois de ministère. De celui de la Jeunesse et des sports du 15 décembre 2014 au 23 janvier 2017, il est ensuite muté au ministère de la Technologie, des communications et de l’innovation du 24 janvier 2017 à novembre 2019, avant d’atterrir, à partir du 12 novembre 2019, au ministère du Commerce à l’issue des législatives.

L’affaire Kistnen est loin d’être la première controverse qui éclabousse Yogida Sawmynaden. La liste de ses casseroles à chacun des ministères qu’il a occupés en dit long sur ce consultant en gestion de profession, qui, en sus de ses nombreux terrains à travers Maurice, a déclaré à la commission anticorruption, un lot résidentiel à Poitiers, en France.

Khudurun, des «commissions» de Rs 15 000 et l’ICAC

 Octobre 2015. Yogida Sawmynaden est ministre de la Jeunesse et des sports. Nawshad Khudurun, agent du MSM actif aux législatives de 2014 au n°8, décroche le contrat du Mauritius Sports Council (MSC) pour réaliser un clip dans le cadre de la National Sports Awards Night, prévue le 30 janvier 2016. Pourtant, à l’express, il a concédé n’être pas le soumissionnaire le moins cher.

 Pis, il allègue qu’un cadre du MSC lui aurait réclamé Rs 15 000 pour qu’il puisse toucher les Rs 176 000 qui devaient lui revenir sur ce contrat. Au départ, il n’en a reçu que Rs 100 000. Par la suite, il dit avoir reçu des mains du PRO du ministre un chèque de Rs 18 000 du MSC et la somme en liquide de Rs 18 000, qui aurait été, dit-il, donnée par le ministre. Une proposition que Nawshad Khudurun dit avoir refusée avant de dénoncer les maldonnes et tentatives suspectes de corruption à l’ICAC, bandes sonores à l’appui. Depuis, aucune suite officielle.

Les contrats de Wenda Sawmynaden

De la centaine d’actes notariés de particuliers qu’elle a signés de mai à décembre 2014, Wenda Sawmynaden, notaire et épouse du ministre, devient dès janvier 2015 la «professionnelle» (comme l’a qualifiée son mari) indispensable des corps parapublics, avec entre autres, des sociétés étatiques comme la Mauritius Housing Company Ltd, la SICOM, le Sugar Investment Trust, le Sugar Industry Pension Fund Board, la National Housing Development Co. Ltd et aussi quelques banques, dont la SBM, la DBM et la MauBank. Par-dessus tout, Wenda Sawmynaden est surtout réputée comme la notaire qui a perçu Rs 7 millions d’honoraires dans la vente par l’État de l’ex-hôpital Apollo Bramwell, fleuron du groupe BAI de Dawood Rawat.

Les nominations du beau-frère Mars 2017

Harrykrishna Vydelingum, frère de Wenda Sawmynaden et beau-frère de celui qui occupe le fauteuil du ministère de la Technologie, des communications et de l’innovation depuis seulement deux mois, est nommé au conseil d’administration de Mauritius Post Ltd. Entité publique qui tombe sous le contrôle de… Yogida Sawmynaden. La polémique qu’engendre cette nomination voit certes Harrykrishna Vydelingum plier bagages mais pour être promu en mars 2018 à la présidence du Mauritius Institute of Training and Development, avec la bénédiction de Leela Devi DookunLuchoomun, ministre de tutelle et colistière de Yogida Sawmynaden au n°8.

Tablettes, Internet et des millions engloutis

Ils ont beau être colistiers mais s’il y a bien un dossier sur lequel Yogida Sawmynaden et Leela Devi Dookun-Luchoomun ne sont pas sur la même longueur d’ondes, c’est celui de Data Communications Limited (DCL). En 2015, le ministère de l’Éducation décide de résilier le contrat de DCL qui peine à fournir des tablettes dans les écoles primaires mais qui a perçu une avance de Rs 21,7 millions. Une réclamation en justice de Rs 141,2 millions, dont des frais de dédommagement, est entrée par le ministère de Dookun-Luchoomun. Toutefois, en février 2017, la même société est retenue par le Central Procurement Board pour le compte du ministère de la Technologie, des communications et de l’innovation qu’occupe depuis quelques jours Yogida Sawmynaden, pour relier plus de 160 écoles à l’Internet. Le directeur de la compagnie, Ganesh Ramalingum, demande une avance de Rs 45 millions sous l’avis du State Law Office. Un paiement qui est dénoncé dans le rapport de l’audit de 2018-2019 puisque DCL, qui a depuis été mise en liquidation judiciaire, n’a jamais honoré son contrat.

Covid et STC

 Des ramifications alléguées autour d’un contrat de nettoyage de la State Trading Corporation (STC) qui tombe sous la tutelle du ministère du Commerce de Yogida Sawmynaden ont fait surface dans l’affaire Kistnen. L’agent du MSM aurait été invité à participer pour faire le nombre – avec, en connaissance de cause qu’une autre société décrocherait le contrat. En retour, Soopramanien Kistnen aurait touché de l’argent pour une partie du travail. Sauf que cela allait être une énième promesse non-tenue. La raison pour laquelle l’agent proche du ministre Sawmynaden souhaitait tout dénoncer à l’ICAC. Pour finir, comment oublier le scandale de la distribution de contrats en urgence pour des équipements et produits médicaux en plein confinement dû à la pandémie du Covid-19 à des néophytes du domaine allant de propriétaire de quincaillerie, de bijouterie pour ne citer que ceux-là, par le ministère du Commerce et ce-lui de la Santé et sur lequel l’ICAC enquête ?