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Blanchiment d’argent: campagnes de promotion et «image building» pour Maurice

27 septembre 2018, 01:30

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Blanchiment d’argent: campagnes de promotion et «image building» pour Maurice

L’exercice de damage control a déjà commencé au ministère des Services financiers. Bien que le rapport des assesseurs de l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group (ESAAMLG) a été rendu public ce week-end, Maurice ne compte toutefois pas se laisser abattre. Et ce, bien que les assesseurs se soient montrés très critique envers notre juridiction, comme démontré dans l’article de l’express du 10 juillet dernier.

Une série de mesures ont, en effet, été prises par les autorités concernées. Parmi celles-ci, des exercices de promotion massifs menés dans plusieurs pays, mais surtout ceux d’Afrique et en Inde. Pour le ministère des Services financiers, il s’agit de se rendre plus visible et répondre aux questions d’investisseurs potentiels, à présent que le rapport a été rendu public, mais aussi refaire l’image du pays.

«Le Global Business mauricien a roulé sur pilotage automatique pendant trop longtemps et qu’il est temps de s’occuper d’investir dans notre image.»

Ces exercices de promotion sont menés par une équipe de la Financial Services Promotion Agency (FSPA), et les campagnes d’image building par des experts étrangers dont les services ont été retenus par le ministère, indique-t-on dans les milieux concernés. Le ministre Sudhir Sesungkur estime que le Global Business mauricien «a roulé sur pilotage automatique pendant trop longtemps et qu’il est temps de s’occuper d’investir dans notre image».

Outre l’exercice de damage control, le ministère des Services financiers veut soumettre un dossier au conseil des ministres de l’ESAAMLG le plus vite possible. Les techniciens du ministère, aidés par les autorités concernées, planchent sur une nouvelle demande qui devrait être faite au plus tard le 5 octobre.

«Ce qu’il faut comprendre, c’est que le dernier rapport est basé sur la juridiction mauricienne jusqu’en 2017. Depuis, les choses ont évolué et il faut absolument un updating de ce rapport», explique Sudhir Sesungkur. Selon des sources proches du dossier, cela pourrait, cependant, prendre plus d’une année avant qu’un autre rapport soit prêt.

«Ce qu’il faut comprendre, c’est que le dernier rapport de l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group est basé sur la juridiction mauricienne jusqu’en 2017. Depuis, les choses ont évolué et il faut absolument un updating de ce rapport.»

La réforme du secteur des services financiers est, elle aussi, en cours. Si plusieurs lois ont été amendées dans la Finance Act pour répondre aux recommandations du rapport de l’ESAAMLG, les autorités mauriciennes prennent aussi une approche plus globale à cette réforme. D’ailleurs, un expert venu de l’ESAAMLG sera à Maurice dès le 1er octobre pour aider la juridiction à s’adapter aux exigences du Financial Action Task Force (FATF).

Une des priorités sera de compléter, avant la fin de l’année, le National Risk Assessment (NRA) pour évaluer les risques de blanchiment d’argent et de financement de terrorisme dans plusieurs secteurs à Maurice. Dans leur rapport, les évaluateurs de l’ESAAMLG ont fait ressortir que les autorités mauriciennes n’avaient pas une bonne compréhension de ces risques. «Mauritius sees the risks of terrorism financing as low but have never carried out an exercise to actually assess the risks», y est-il souligné, par exemple.

Dans les milieux concernés, on laisse entendre que «le NRA est en cours depuis 2017 mais plusieurs barrières juridiques ne permettaient pas aux assesseurs d’avoir accès aux informations dont ils avaient besoin pour pouvoir mener à bien leur tâche». Avec les amendements à la Finance Act, «nous y avons remédié. Ce n’est qu’à partir de là que nous pourrons comprendre les risques et les aborder plus efficacement».

Autre projet : une centrale de données digitalisée pour les clients des services financiers à Maurice. Le rapport de l’ESAAMLG est, en effet, très critique envers les procédures de Customer Due Diligence (CDD) à Maurice. Pas moins de sept lacunes ont été relevées dans ces procédures, y compris le fait que plusieurs instances non financières opérant dans l’offshore ou y étant affiliées n’ont pas besoin de se soumettre au CDD. Un comité a donc été institué au sein de la Banque de Maurice pour mettre sur pied une base de données centrale que toutes les institutions peuvent consulter.

Du côté de la FSC, on affirme aussi que les contrôles seront plus sévères dorénavant. D’ailleurs, l’instance revoit ces codes pour les cas de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Par exemple, les officiers prévoient qu’il y aura davantage de visites dans les locaux des compagnies opérant dans le Global Business.