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Brutalité policière alléguée: le père d’Iqbal Toofany garde espoir

13 mai 2018, 23:00

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Brutalité policière alléguée: le père d’Iqbal Toofany garde espoir

La nouvelle est tombée, comme un couperet, le 4 mai. Le Directeur des poursuites publiques a pris la décision de poursuivre cinq policiers pour torture. Une première pour Maurice. S’ils sont trouvés coupables, les cinq policiers – Vikash Persand, 39 ans, Jonny Laboudeuse, 34 ans, Ghislain Marie Ronny Vincent Qaiqui, 37 ans, Jean François Numa, 39 ans, et Joshan Raggoo, 31 ans – risquent d’écoper d’une amende de Rs 50 000 et d’une peine d’emprisonnement ne dépassant pas cinq ans.

«C’est un pas vers la justice. C’est un soulagement, car cela fait trois ans que ma famille et moi souffrons doublement», confie Yousouf Toofany. Depuis la mort de son fils, c’est la première fois que sa famille et lui entrevoient la lumière au bout du tunnel. Cependant, le papa se demande pourquoi les policiers ne sont pas poursuivis sous une charge d’assassinat, vu qu’il y a eu mort d’homme. Yousouf Toofany espère, toutefois, que la sentence sera à la hauteur de l’acte commis en cas de condamnation, dit-il, la voix chargée d’émotions contenues. «Pou ladrog, éna pé kondané 30 ou 40 an. La inn tir lavi dimounn, bizin séver mem…»

Le septuagénaire souhaite, en outre, que la décision «historique» prise par le Directeur des poursuites publiques servira de leçon «aux autres». Car après la mort de son fils, les allégations relatives à la brutalité policière n’ont cessé de «pleuvoir», fait valoir Yousouf Toofany. «Ki nou pann tandé ? Baté, met touni dan stasion, toulézour éna inosan pé soufer…»

Iqbal Toofany a été arrêté dans la nuit du 1er mars 2015. Car la vignette d’assurance de sa voiture ne correspondait pas à la plaque d’immatriculation du véhicule. Il avait été «remis» à la Central Investigation Division de Rivière-Noire et le  lendemain matin, il avait rendu l’âme à l’hôpital Victoria.

Il s’avère que la victime avait acheté la voiture la veille et n’avait pas encore fait les démarches administratives pour transférer l’assurance à son nom. Un gardien qui était en poste à proximité avait affirmé qu’il avait entendu les cris d’Iqbal Toofany la nuit précédant sa mort et que des policiers l’avaient traîné hors du poste. Un des médecins légistes ayant pratiqué l’autopsie avait affirmé que la victime avait subi des coups. L’enquête judiciaire, réclamée par le Directeur des poursuites publiques dans cette affaire, avait conclu à un «foul play», le 18 décembre 2015.

Des scènes qui passent en boucle dans la tête de son père. Désormais, Yousouf Toofany attend que justice soit faite. Afin de pouvoir, enfin, après toutes ces années passées à se battre, faire le deuil de son fils.

Une première

C’est la première fois que des policiers sont poursuivis pour «Torture by public official» en vertu de l’article 78 (1) (a) (i) du Code pénal. L’avocat de la famille Toofany, Erickson Mooneapillay, accueille cette décision favorablement, tout en précisant qu’il faut respecter l’État de droit et la présomption d’innocence. L’homme de loi estime, toutefois, que c’est un signal fort que le DPP a lancé aux brebis galeuses de la force policière. «Cette décision met fin à l’impunité de certains policiers», avance-t-il.