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Incendie à Shoprite: pompiers dépassés, Dinesh Domah introuvable

13 novembre 2017, 04:50

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Incendie à Shoprite: pompiers dépassés, Dinesh Domah introuvable

«Nou koné li népli…» Cette phrase, la tante de Dinesh Domah n’a pu la compléter. Préférant implorer les pompiers. «Donn nou nou zanfan, nou alé…» Cela faisait alors déjà plus de huit heures que le jeune homme de 24 ans était pris au piège dans un des entrepôts de Shoprite

Selon des recoupements, l’incendie a éclaté aux alentours de 17 h 30, dimanche 12 novembre. Dinesh Domah se trouvait alors à l’intérieur en compagnie d’un collègue. Si ce dernier a pu sortir, lui n’a pas eu la même chance.

Alertés, les proches du jeune homme, qui venait de souffler ses 24 bougies le 7 novembre, ont immédiatement débarqué sur les lieux. Bien qu’inquiets, ils ne pensaient sans doute pas au pire à ce moment-là. D’autant plus de Dinesh Domah connaît l’entrepôt comme sa poche. Selon sa cousine Yogita, il travaille à Shoprite depuis huit ans. «C’est sa deuxième maison.» 

Sauf que les esprits vont finir par s’échauffer. Badauds, habitués des lieux et des employés s’insurgent contre la «lenteur» des soldats du feu. Ils ne comprennent pas notamment pourquoi ces derniers mettent autant de temps à secourir Dinesh Domah.

Intervenant en direct dans le journal télévisé de 19 h 30 de la MBC, Dorsamy Ayacooty, l’assistant Chief Fire Officer, explique qu’une «épaisse fumée toxique» s’échappe du bâtiment. Les pompiers ont toutes les peines du monde à entrer à l’intérieur du bâtiment.

Battre en retraite

Aux alentours de 22 heures, toujours aucun développement. L’assistant Chief Fire Officer joue la carte de la confiance. «Nous le retrouverons d’ici peu», assure-t-il alors. Mais à cette bonne parole, les proches de Dinesh Domah ne croient mot. Ils prendront d’ailleurs vivement à partie Dorsamy Ayacooty, qui n’aura d’autre choix que de battre en retraite...

Un peu plus tôt, le ministre Mahen Jhugroo faisait, lui, son apparition. Il dit s’être rendu sur place dès qu’il a été alerté. Dans un premier temps, le ministre a pris la défense des pompiers, soulignant que ce n’était pas «évident» pour eux de travailler dans pareilles conditions. «La chaleur est trop forte, la fumée très toxique et épaisse», affectant ainsi la visibilité et la progression des pompiers à l’intérieur du bâtiment.

Dans la foulée, le ministre des Collectivités locales a indiqué qu’il faudrait revoir les normes de sécurité des entrepôts. Et aussi s’assurer que les pompiers aient les équipements appropriés.

Les minutes s’écoulent. Toujours aucune progression, alors que des équipes de pompiers à travers le pays sont appelés en renfort. La Special Mobile Force et la Special Supporting Unit sont aussi de la partie. Au dire de la famille de Dinesh Domah, le ministre Mahen Jhugroo voulait faire appel au Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM). Mais le chef des pompiers et la SMF auraient refusé. 

«Zot pa kav sov lavi enn dimounn…»

Or, lâche Sunil, l’oncle de Dinesh Domah, «zot pa pé kav fer travay-la». Bindu Beekun, la tante du jeune homme, ne se montrera également pas tendre envers les pompiers. «Zot pé bien fer boufon ar zanfan dimounn. Si zot pa kapav sov lavi enn dimounn, diman ranfor!»

Le nombre de pompiers sur place ne cesse d’augmenter. L’aide de ceux postés à l’aéroport est même sollicitée. Mais rien n’y fait. Les soldats du feu peinent à entrer à l’intérieur du bâtiment. Et même lorsqu’ils y parviennent, ils n’arrivent pas à se frayer un chemin.

Faisant le point avec les journalistes présents aux alentours de minuit, le Deputy Chief Fire Officer Kehlary révèlera que trois foyers d’incendie sur quatre n’ont toujours pas été éteints. Et que la tâche des soldats du feu s’avère d’autant plus compliquée car le bâtiment est immense, abritant non pas un mais quatre entrepôts…

Les heures passent. Et la situation n’est toujours pas sous contrôle. Les pompiers semblent presque dépassés, tandis que la fumée reprend de plus belle. Certains laissent même échapper que le feu se propagerait à nouveau…

Toujours est-il qu’à 4 h 30, lundi 13 novembre, les pompiers n’avaient toujours pas retrouvé Dinesh Domah. Soit 11 heures après le début de l’opération search and rescue…