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Ultimatum sur les Chagos: «J’ai dit O.K. pour une semaine», dit SAJ

1 juillet 2016, 08:00

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Ultimatum sur les Chagos: «J’ai dit O.K. pour une semaine», dit SAJ

18h46. Accompagné de son épouse, lady Jugnauth, sir Anerood Jugnauth fait son entrée sous le chapiteau dressé aux couleurs des États-Unis d’Amérique, dans la cour de McCarthy House, à Vacoas, le jeudi 30 juin. L’occasion: la célébration du 240e anniversaire des États-Unis. La fraîcheur de l’hiver se fait sentir et le Premier ministre avance lentement, en saluant les invités. Il se dirige vers l’estrade et est rejoint par son ministre des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo.

Le chef de la diplomatie mauricienne aborde directement la démarche qu’envisage Maurice auprès de la Cour internationale de justice des Nations unies au sujet des Chagos. Le Premier ministre, conscient que les journalistes ont les yeux rivés sur lui, lâche: «Le haut-commissaire britannique m’a dit aujourd’hui que le Premier ministre anglais a demandé quelques jours parce qu’il était pris avec le Brexit. Il a aussi dit que l’on pourrait trouver une solution à l’amiable et j’ai dit O. K. pour une semaine.»

Vishnu Lutchmeenaraidoo le relance. «Aujourd’hui ?» «Oui. Mé zot inn trakasé. Zot pansé mo pou kapitilé! J’irai de l’avant. Je ne tiendrai pas compte de ce qui pourra arriver», poursuit sir Anerood Jugnauth. Son ministre des Affaires étrangères lui conseille de ne pas abandonner l’idée de consulter la Cour internationale de justice. Le Premier ministre affiche la même détermination.

En effet, les Britanniques ont fait une requête à sir Anerood Jugnauth pour qu’il leur accorde quelques jours supplémentaires afin de répondre à son ultimatum. Le haut-commissaire britannique, Jonathan Drew, l’a affirmé à la presse durant la célébration.

 

 

Le chef du gouvernement mauricien leur avait donné jusqu’au 30 juin pour fixer une date pour la restitution du contrôle des Chagos à Maurice. Au cas contraire, il se tournerait vers la Cour internationale de justice pour un avis consultatif. Démarche que les Américains et les Anglais veulent éviter.

En tout cas le jeudi 30 juin, la conversation entre sir Anerood Jugnauth et Vishnu Lutchmeenaraidoo dure quelques secondes. Pendant ce temps, l’orchestre de la police fait de son mieux pour assurer une bonne ambiance.

Le chargé d’affaires américain Mark Asquino passe à la partie protocolaire de la célébration. La présidente de la République Ameenah Gurib-Fakim porte un toast aux États-Unis, après quoi le chargé d’affaires américain invite l’assistance à porter un toast à Maurice.

Visiblement fatigué, le Premier ministre demande à son ministre des Affaires étrangères de l’accompagner vers un fauteuil. Mark Asquino le rejoint pour quelques brefs échanges.

 

Aux environs de 19h30, le Premier ministre quitte la cérémonie. Interrogé par la presse sur ce qu’il comptait faire maintenant que le délai qu’il a accordé aux Britanniques a pris fin, il dit simplement: «Ki déklarasion zot pé rodé. Je parlerai en temps et lieu», avant de regagner sa voiture. Quant à Vishnu Lutchmeenaraidoo, il affirme ne pas vouloir faire de déclaration.

Lors de la célébration, la presse a aussi sollicité à la fois Mark Asquino et Jonathan Drew au sujet de l’expiration du délai accordé par sir Anerood Jugnauth. Le chargé d’affaires américain accepte de répondre aux questions des journalistes. «Je n’ai rien à dire sur la position des États-Unis au sujet des Chagos qui n’ait été dit dans le communiqué. Notre position n’a pas changé. Nous avons de fortes relations sur tellement de sujets. J’ai transmis les points de vue du gouvernement mauricien aux États-Unis et ils les ont reçus avec beaucoup de respect. Mais en ce moment, nous avons toujours un désaccord sur la question des Chagos. Je pense que ces désaccords doivent être considérés sur fond de nos relations», a estimé Mark Asquino.

Quant à Jonathan Drew, il souligne avoir demandé à sir Anerood Jugnauth d’accorder un sursis à la Grande-Bretagne au vu de l’actualité bouillonnante qu’a connue le pays de sa Majesté dans le courant de cette semaine. «Je le répète, un ami ne traduit pas son ami en cour. Je sais que le Premier ministre a pris ce que nous avons dit dans le communiqué de la manière la plus dure mais vous devez vous mettre à la place des ministres britanniques qui se sont sentis menacés. J’espère que le Premier ministre mauricien va nous répondre bientôt au sujet du sursis», a répondu Jonathan Drew.