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Exit Andrew Stephenson

17 août 2003, 00:00

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Shakespeare disait : « La vie est une scène. Chaque homme y tient un rôle avant de se retirer. » Ainsi, après avoir tenu son rôle à l?Independent Commission against Corruption (Icac), Andrew Stephenson s?est retiré.

Son départ de la commission anti-corruption suscite moult spéculations. Chacun y va de son couplet. Pour certains, il aurait été mis à la porte. D?autres avancent que son contrat n?a pas été renouvelé. À l?Icac, en l?absence de communication officielle, on laisse entendre que Stephenson « est un consultant qui a terminé son travail. Donc, c?est normal qu?il parte ». Toutefois, une voix autorisée précise que le Britannique reste à la disposition de la commission qui, au besoin, fera appel à lui. « Il assurera la formation des cadres. »

En vérité, Stephenson était plus qu?un consultant à l?Icac. Il était un contractuel officiant comme enquêteur. Mais, pourquoi l?Icac n?a-t-elle pas renouvelé le contrat d?Andrew Stephenson ? Les paris sont ouverts : insatisfaction par rapport à son travail, réprobation de ses méthodes ou pression gouvernementale sont les raisons avancées.

Ceux qui le connaissent sont unanimes à rejeter la première hypothèse. « Andy est un homme très intelligent et un passionné de son travail», affirme un consultant chez DCDM. « Stephenson est un professionnel hyper-qualifié, il est Chartered Accountant spécialisé dans le Forensic Auditing avec une formation en Droit », renchérit un comptable qui a côtoyé l?ex-enquêteur de l?Icac.

Toutefois, même si les amis de Stephenson reconnaissent sa compétence, ils n?approuvent pas ses méthodes. « Disons qu?il a une façon de procéder qui n?est pas toujours respectueuse des droits de l?homme », affirme un de ses anciens collègues. Un autre ajoute « For him you are guilty until proved innocent ». On concède que Stephenson « est parfois assez rough lors des interrogatoires. »

Toutefois, à l?Icac, on affirme que Stephenson, lui-même, n?a pas insisté pour le renouvellement de son contrat. « Il faut le comprendre, Andrew est un étranger. Quand on entend les remarques venant des cercles ministériels, il a raison d?assurer ses arrières. »

Woventex

Mais qui est cet Andrew Stephenson qui suscite le respect pour sa compétence, mais provoque le courroux par ses méthodes ? L?expert en Forensic Auditing n?a pas cinquante ans. Il est marié à une Mauricienne. Sa première visite à Maurice remonte à 1992. Cette année-là, Woventex, une compagnie textile, est mise en liquidation par la Mauritius Commercial Bank (MCB). Un partenaire de DCDM est nommé Receiver-Manager. Il décide d?avoir recours à un Forensic Auditing. Les compétences dans ce domaine n?existant pas à Maurice, on fait appel aux services du cabinet londonien, Network Security Management. Andrew Stephenson est envoyé en mission.

Lors de cet exercice, Stephenson côtoie des cadres de la MCB. Il travaille en étroite collaboration avec Thierry Koenig, l?avoué de cette institution. Ivan Collendavelloo, alors conseiller juridique du Receiver Manager, est aussi un de ses interlocuteurs. Des consultants de DCDM rappellent que pour la première fois à Maurice on parla d?Anton Pillar, un ordre d?un juge permettant d?effectuer des perquisitions. Ils attribuent cette trouvaille à Andrew Stephenson. Cette procédure avait permis de retrouver des documents intéressants à l?hôtel Le Grand Gaube et même chez le chauffeur du directeur de la compagnie à Cité La Cure.

Par la suite, DCDM retient, plusieurs fois, les services d?Andrew Stephenson. « Il a aidé plusieurs compagnies à détecter des fraudes et à récupérer plusieurs millions de roupies », se rappelle un expert-comptable.

En 1996, Stephenson se joint à plein temps à DCDM. Toutefois, quelque temps après, c?est la brouille. Il quitte Maurice. Trois ans plus tard, il renoue avec la firme d?experts-comptables pour mettre sur pied son département de Forensic auditing. Il est épaulé dans cette tâche par Roshi Badhain. Les deux fondent ensuite leur propre cabinet avant de se retrouver à l?Icac.

Scandale financier en Zambie

Auparavant, Stephenson est pressenti pour assurer la formation des enquêteurs du défunt Economic Crime Office. Le projet ne se matérialise pas en raison de la dissolution de l?institution.

Le passage d?Andrew Stephenson à l?Icac n?est qu?un élément de son impressionnant curriculum vitae. « Ce bourreau de travail qui étudie des dossiers jusqu?à 4 heures du matin », comme l?affirment ses anciens collègues, a prêté son savoir-faire à des organisations internationales, dont la Banque mondiale. Il a fait partie de l?équipe qui a mis au jour, en Zambie, un scandale financier dans lequel est impliqué l?ex-président Frederick Chiluba.

Quittant l?Icac, Andrew Stephenson ne sera plus sous les projecteurs de l?actualité. Lui, que ses proches décrivent comme quelqu?un qui évite les rencontres sociales, sera heureux de se trouver « loin de ces contes remplis de bruit et de fureur » comme disait Shakespeare.