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Question d’alliances

21 février 2010, 05:58

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La configuration des prochaines alliances électorales, et par là même, du prochain gouvernement, se précise. Les négociations au plus haut niveau se déroulent en toute discrétion, cela est habituel.

C’est le système électoral et le rapport des forces politiques qui dictent chaque fois des regroupements entre les principales formations du pays. Il ne pourrait en être autrement que si les chefs politiques étaient disposés à prendre le risque de tout perdre en cherchant à tout prendre. C’est le piège que Navin Ramgoolam et Paul Bérenger cherchent à éviter.

Celui qui est susceptible de prendre le plus grand risque est aussi, paradoxalement, celui qui est perçu comme le plus fort électoralement. Pour des raisons, bonnes et mauvaises, qu’il est facile de comprendre, Ramgoolam paraît pouvoir réunir sur son nom une majorité de suffrages. Il en est à ce point convaincu qu’il est tenté par la perspective d’une joute à trois.

Pour des raisons inverses, Bérenger est en proie à la même tentation. Il n’est pas impressionné par la bonne image actuelle du Premier ministre, persuadé de pouvoir l’écorner par une campagne électorale qui n’a pas encore débuté. C’est certain, la popularité de Ramgoolam est aussi due à l’indulgence dont il bénéficie auprès de tous les électorats en attente de la prochaine alliance. Pour l’heure tout le monde est disposé à le trouver plutôt sympathique, il en sera autrement une fois que chacun aura choisi son camp. Bérenger espère que cela sera suffi sant pour inverser la situation.

A quoi mène ce constat ?

A conclure que nous sommes toujours dans la tactique,la guerre des places, le confl it de personnes.

Il est temps d’aborder les questions de fond.

La première est de savoir ce qui serait souhaitable pour le pays, sur les plans du processus démocratique, de la cohésion nationale et du progrès économique.

Il ne fait pas de doute qu’en principe, une joute électorale entre trois partis nationaux présentant chacun un projet politique distinct, offrant un véritable choix de société aux électeurs, est une perspective plus stimulante qu’une élection programmée. Mais est-ce l’enjeu ?

Entre les deux principaux partis, le Parti travailliste et le MMM, il n’y a aujourd’hui aucune différence fondamentale. Bérenger se plaint que l’on a tendance à minimiser les différences. J’ai beau les chercher, dans leurs pratiques gouvernementales, je ne les distingue pas. Je parle d’actions concrètes, pas de rhétorique de campagne. Sur les principaux enjeux, il n’y a pas de divergence.

Là où existent des différences réelles entre les deux, c’est dans la manière de faire, dans le style de leadership, peut-être parfois dans les priorités programmatiques, dans la culture de gouvernance. Ce n’est pas rien, mais ce n’est pas suffisant pour qu’ils décident de s’étriper sur la place publique, faire semblant de se haïr, s’inventer des divergences, morceler la nation, ethniciser les votes, puis, cinq ans durant, chercher systématiquement à se paralyser l’un l’autre. Je ne vois pas en quoi cette démocratie d’opérette profite au pays.

En revanche, je vois bien pourquoi tant de caciques, dans un camp comme dans l’autre, égoïstes, accapareurs et intolérants, ont en horreur un mode de gouvernement qui oblige au respect de l’équilibre, qui pousse au partage, qui libère des lobbies.

Bérenger et le MMM, eux, sont vraiment à la croisée des chemins. Leur situation est assez désespérée.Mais en même temps, ils ont la chance de pouvoir transformer leur faiblesse en une belle offre de service au pays, sans trahir en rien leurs valeurs. Juste faire preuve de pragmatisme. Et de patriotisme.

Justement, des patriotes, je ne sais s’il y en a beaucoup en politique.