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De la sécurité dans les hôtels

9 août 2012, 00:00

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Le tourisme, au-delà de la dimension économique qu’il représente pour Maurice, est avant tout un phénomène social, une rencontre avec l’altérité : aller à la rencontre de l’autre, à la découverte d’autres sociétés, d’autres cultures et d’autres paysages. L’authenticité tant recherchée par les touristes. Et le peu qu’il nous reste de cette authenticité réside probablement dans ces rencontres.

Les recommandations préconisées par la Tourism Authority pour renforcer les normes de sécurité dans les établissements hôteliers sont les suivantes : primo, équiper de « caméras infrarouges qui seront opérationnelles 24h sur 24h et 7 jours sur 7, les quelque 300 établissements hôteliers » ou recevant les touristes secundo, déployer encore plus « d’agents de sécurité sur les plages et ce 24h sur 24h » et tertio, on attend de ces mêmes agents de sécurité qu’ils fassent davantage preuve de rigueur « envers tous ceux et celles qui entrent et quittent l’établissement ». Car, comme le précise un haut cadre de la Tourism Authority «… il y a un laisser-aller déconcertant à ce niveau qui peut nuire à la sécurité des résidents ». (Voir article de l’Express 07 août 2012). En d’autres mots, il s’agit de restreindre encore davantage l’accès aux autres touristes (non-résidents de l’établissement) et aux Mauriciens.

Ces recommandations sont-elles les seules et uniques, pour faire face à « l’amateurisme » qui selon Rama Valayden « a tué la réputation de l’île Maurice » ? (Voir article de l’Express 17 juillet 2012). Bien que nous comprenions la nécessité de renforcer la sécurité et de rassurer les touristes etc, nous ne pouvons nous abstenir de penser que le problème est bien plus profond et de poser quelques questions aux principales autorités concernées : Tourism Authority, donc le ministère du Tourisme et des Loisirs de même que le ministère des Affaires intérieures, occupé par le Premier Ministre lui-même.

Sécurité : En quoi confiner les touristes dans des lieux hautement sécurisés éradiquera-t-il le problème de sécurité dans l’île en général ? Comment feront les touristes pendant leurs visites hors des hôtels ? Seront-ils accompagnés par des agents de sécurité ou autres « bodyguards » ? Et quid de la sécurité des Mauriciens ? Va-t-on reléguer la sécurité en général sur l’île au deuxième rang ? N’est-ce pas là une nécessité et urgence ? Sécurité de tous les individus (touristes et Mauriciens) et sécurité de l’île tout entière ne vont-elles pas de pair ?

Image/réputation de la destination : En déployant un tel arsenal en matière de sécurité, peut-on se demander, ne confirme-t-on pas en quelque sorte l’impuissance des autorités et l’insécurité de la destination. Est-ce un bon signal pour l’industrie touristique et la réputation du pays ? Quelle est la place accordée à la liberté des individus lorsque tous leurs faits et gestes sont enregistrés ?

Mettre plus d’agents de sécurité sur les plages soit ! Cela implique-t-il que les Mauriciens ne pourront plus circuler sur les pas géométriques devant des hôtels qui, rappelons-le, relèvent du domaine public ? Les plages de moins en moins nombreuses demeurent encore les seuls lieux de loisirs balnéaires, de recréation et de rencontres pour les populations locales et les touristes. Maurice est très loin derrière les Seychelles concernant l’accessibilité aux plages et aux hôtels.

Aussi une attention particulière devrait être portée sur les fournisseurs de ces « caméras infrarouges », en espérant que ce ne sera pas une fois de plus l’apanage de quelques « petits copains » proches du pouvoir.

Nous aurions espéré une cellule de gestion et de communication de crise au sein du ministère du Tourisme et des Loisirs, des propositions sérieuses et des moyens conséquents de la part des autorités pour prendre à bras-le-corps le problème d’insécurité. Nous devrons, hélas, nous contenter encore une fois de « l’amateurisme » qui risque de nous coûter cher et de quelques recommandations qui ne sont que l’arbre qui cache la forêt.