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Notes d’espoir

21 novembre 2020, 07:21

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Pfizer, Gamaleya et Moderna seraient-ils les trois rois mages des temps modernes ? Ils viennent de loin et sont porteurs de cadeaux, sous forme non pas de myrrhe mais de vaccins. Pour compléter le parallèle avec le mythe, nous étions tous l’équivalent du bébé vulnérable dans la mangeoire, menacé du massacre des saints innocents à la suite du décret du roi Covid, pardon Hérode.

Les trois premiers vaccins à avoir affiché leurs prétentions comme vaccin pour contrer le Covid-19 ont littéralement épaté les observateurs avertis et les virologistes avec des taux préliminaires de réussite annoncés de plus de 90 %, voire 95 %. Il faut en effet se rappeler que pendant de longs mois de nombreuses notes de caution rappelaient que les vaccins développés sur un cycle ultra court pourraient n’être efficaces qu’à 50 et 60 % au mieux…

Les affirmations de ces trois fabricants promettent beaucoup, d’autant que les effets collatéraux négatifs sont apparemment négligeables. En passant, il y a au moins deux autres vaccins prometteurs dont on parlait jusqu’ici un peu négativement, les campagnes d’essais cliniques phase III de Astra-Zeneca/Oxford et du chinois Sinovac ayant été même temporairement arrêtés à cause d’un mort chacun parmi les dizaines de milliers de citoyens-cobaye. Après vérification, les essais ont repris, un de ceux-là ayant été dans le groupe placebo et le deuxième ayant trépassé pour d’autres raisons*. Il ne fallait pas s’exciter trop tôt comme M. Bolsonaro…

Il reste beaucoup de questions à régler cependant. Le coût du vaccin en est une. Toute la logistique de la fabrication et de la distribution en est une autre. Le vaccin de Pfizer, par exemple, doit être conservé à -100 degrés Fahrenheit pour le moment, ce qui est très contraignant, et ils travaillent déjà sur une version modifiée qui serait stable à température ambiante, disent-ils. Le «nationalisme vaccinal» (la formule moins polie parle d’«égoïsme des riches») va vouloir dire que les premières centaines de millions de doses seront certainement utilisées dans les pays plus fortunés d’abord, malgré les efforts de la COVAX – l’alliance pour la distribution plus équitable des vaccins.

Pfizer va chercher l’homologation de son vaccin, sous une procédure d’urgence, dans la deuxième semaine de décembre et souligne que son efficacité atteint 94 %, même pour les groupes les plus vulnérables des 65 ans plus. Moderna va suivre dans la semaine suivante.

Est-ce la fin de la pandémie ? Possiblement, mais il faudra pour cela inoculer la très grande majorité des 7 milliards d’humains sur terre (certains, désinformés par l’Internet, vont résister !) et crucialement, déterminer si ces vaccins demanderont des rappels ou pas et, surtout, si la personne inoculée peut rester vecteur, même si pas malade**. Les implications pour Maurice ? Les médecins et l’OMS répondront, mais il est déjà clair que si nous pouvons vacciner au moins nos nationaux vulnérables, on devrait pouvoir rouvrir nos frontières à tous les vaccinés «accrédités» de la terre, s’ils ne sont plus vecteurs. À cet effet, on peut ne pas être d’accord avec les choix politiques du Dr Joomaye, mais son bon sens médical (voir l’express du jeudi 19 novembre), sans être infaillible, est clair pour tous et aidera à nous guider !

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Aux États-Unis, les carottes sont cuites pour l’hommeorange, Mr Trump, même s’il refuse, mordicus, de concéder. Jusqu’ici toutes ses tentatives de discréditer le résultat des présidentielles ont échoué. Ses affirmations qu’il avait gagné, au mépris de l’évidence, sont dignes d’un potentat d’un de ces «pays de merde» qu’il dénigrait il y a peu, mais n’ont pas beaucoup mobilisé la rue et ont convaincu peu de leaders républicains, même si ceux-là le tolèrent encore publiquement. Les grandes manœuvres légales ont toutes été rejetées en cour jusqu’ici pour absence de preuves. Tous ceux qui ont organisé ces élections, indépendants, républicains ou démocrates, en ont certifié la crédibilité et la fiabilité, au risque de déplaire à Trump et de perdre leur emploi, tout comme dans un «pays de merde» qui ne se respecte plus.

La politique américaine est aujourd’hui bloquée dans un étau dangereux. Du côté républicain, ils sont conscients qu’ils ont perdu le vote populaire lors de 7 des 8 dernières présidentielles et qu’ils n’ont gagné des présidentielles ou dominé le sénat qu’à cause d’un système qui donne tellement plus de poids aux votes des petits États. Or, un parti qui peut systématiquement gagner le pouvoir sans gagner la majorité des voix finira éventuellement par se retourner contre la notion de démocratie elle-même. Ainsi, leurs tentatives de rendre le vote plus difficile là où c’est possible et les tentatives de «gerrymandering» là où les Républicains ont encore la haute main. L’essentiel de ce mouvement surgit de l’inexorable avancée numérique des minorités noires/latino/ asiatiques qui vont, à l’avenir, mettre les Blancs en minorité – ce qui rend nombre d’entre eux, en particulier les hommes sans formation universitaire, particulièrement inconfortables. Cependant, une note d’espoir des dernières présidentielles qui permettrait de désenclaver quelque peu le parti républicain, c’est le score amélioré de Trump chez les latinos et les Afro-Américains. Ça pourrait leur être salutaire !

Car, trop souvent, la politique américaine a cessé de reconnaître que l’Amérique est multiple et plurielle et qu’elle s’est enfermée dans des dualités partisanes stériles. La politique américaine a trop souvent oublié que la vérité doit se découvrir dans le débat contradictoire, engagé de bonne foi, plutôt que dans l’élimination pure et simple de l’opinion de l’autre. Biden va tenter d’unir là où Trump a surtout divisé. Mais ce ne sera pas facile. Les ressentiments sont encore à vif de part et d’autre et le retour de la bi-partisannerie paraît improbable pour l’heure, sans des «justes» comme McCain, sauf peut-être si elle peut se retrouver et se reconstruire en s’abritant au centre, éloignée de l’extrême gauche et de la droite extrémiste, comme souvent dans le passé ?

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Quand on voit l’enthousiasme des candidats et le nombre de citoyens mobilisés en équipes pour assurer le développement de leur village aux prochaines élections villageoises, on ne peut qu’être rassuré par cet élan de ferveur démocratique citoyenne. Pourquoi les politiciens professionnels s’en mêlent-ils encore ? Pourquoi suggèrent-ils que seuls leurs «préférés» auront des facilités du pouvoir central ? Après ce dimanche d’élection, quand les banderoles seront rangées et les photos d’équipes auront été plastifiées pour le souvenir, il y aura des gagnants à qui les fonds vont manquer, comme toujours, et qui devront s’éparpiller dans des bagarres d’influence qui vont remonter à la surface, c’est sûr.

Devant tant de saine émulation des villageois à se prendre en main plutôt que d’être éternellement dépendants de politiciens professionnels, n’y a-t-il pas pourtant, là, une opportunité à faire mieux encore en invitant les équipes perdantes à rejoindre, ponctuellement, l’équipe gagnante afin de maximiser la mobilisation des ressources et des énergies en faveur de leur village ?

Travailler tous ensemble pour un but commun à tous ! Tous gagnants ! Vœux pieux ou devenir prophétique ?

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Un enfant tué à coups de pied parce qu’il n’obéissait pas. Un businessman retrouvé mort, le corps calciné alors qu’il s’apprêtait à dénoncer des contrats d’approvisionnement troubles à l’ICAC. Un speaker qui réécrit la PNQ du leader de l’opposition. Des achats très controversés à Angus Road qui appellent toujours une réponse claire du PM, quant à savoir si l’acheteur est honnête homme. Des certificats médicaux de complaisance. Des garanties bancaires faussées pour gagner des contrats. Des masques contre le Covid-19 achetés à deux fois le prix normal. Des femmes battues. Des mineures violées. Quelles notes d’espoir, ici ?

Il faut les trouver dans les vives réactions d’indignation que ces situations engendrent encore dans l’opinion publique. Nous ne sommes heureusement pas vaccinés au point où tout cela est jugé «normal»…

*https://www.bbc.com/news/world-latin-america-54908537 **https://www.sciencedaily.com/ releases/2015/06/150624071018.html