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Le cadeau de Noël de Duval

21 décembre 2016, 11:38

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Noël 2016 sera mémorable à plus d’un titre pour nos politiciens, mais pas pour les mêmes raisons. D’abord pour le principal protagoniste, Xavier-Luc Duval. En claquant la porte avec ses dix députés, l’ex-numéro deux du gouvernement devient la star politique de cette fin d’année.

Souvent critiqué par ses détracteurs pour son absence de prise de position, il se retrouve sous les feux des projecteurs et redevient le chouchou du Parti travailliste. Car, avec son départ, l’alliance Lepep perd sa majorité de trois quarts nécessaire à son projet d’amendement constitutionnel. Ce n’est pas Navin Ramgoolam qui boudera son plaisir. D’ailleurs, il s’est empressé de «féliciter Xavier pour son courage». Cela, après lui avoir reproché, il y a quelques semaines à peine, «de tout faire pour jouir du pouvoir». Et d’insister sur le fait que : «Xavier-Luc Duval n’est pas sir Gaëtan Duval». Qui aime bien châtie bien !

L’éclatement de l’alliance Lepep change aussi la donne pour l’opposition. Son leader, Paul Bérenger, s’est retrouvé confronté à une nouvelle réalité, même s’il dit ne pas être «amarré» à ce poste. Du reste, il a pris les devants pour rendre son tablier, laissant à Xavier-Luc Duval le soin «d’unifier» l’opposition. Une tâche qui ne sera certainement pas de tout repos pour celui qui vient de se découvrir une âme d’opposant.

Si pour le MMM l’arrivée de Duval n’est pas nécessairement une nouvelle très réjouissante, en revanche pour le Muvman Liberater, la démission du PMSD ouvre la voie à des promotions dans ses rangs. À commencer par son chef de file, Ivan Collendavelloo, qui peut aspirer à de plus hautes fonctions. Les seconds couteaux doivent également se lécher les babines, sachant très bien que désormais ils auront voix au chapitre.

Cependant, Pravind Jugnauth, à qui l’on prédit un destin premier ministériel depuis que son père, sir Anerood, a dit son intention de lui remettre les clefs du bâtiment du Trésor, aura à redéfinir ses plans. Maintenant que l’allié d’hier est passé avec armes et bagages de l’autre côté de la barrière, il faudra s’attendre à ce qu’il se joigne à la campagne contre le deal papa-piti. Par contre, pour son ex-colistier du MSM de la circonscription Belle-Rose/Quatre-Bornes, la démission de Xavier-Luc Duval pourrait se transformer en un beau cadeau de Noël. Roshi Bhadain pourrait, en effet, trouver grâce aux yeux de son leader avec la fragilisation de la majorité gouvernementale.

Par ailleurs, avec la redistribution des cartes sur la scène politique, la sérénité recherchée à travers les urnes, en décembre 2014, vole en éclats. Au grand dam de la population, le pays est à nouveau englué dans une campagne électorale bien que la prochaine échéance soit en 2019. Cette tendance, si elle n’est pas inversée, risque de paralyser durablement les agents économiques.

Gageons que le dernier trimestre sera porteur, du point de vue économique. Car c’est la période de l’année qui enregistre le plus fort taux de croissance du Produit intérieur brut. En 2015, la croissance de la valeur ajoutée brute a été de 3,9 % pendant les trois derniers mois de l’année, contre 2,3 % pour la période correspondante en 2014.

Certes, Maurice a l’habitude des chamailleries politiciennes, mais dans le cas présent, il est important de souligner que cela se déroule dans un contexte marqué par une longue période de croissance médiocre. Et le fait d’avoir une instabilité prolongée avec un gouvernement occupé à élaborer des stratégies de survie réduit considérablement les chances d’une relance de l’activité dans le court - moyen terme.