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Si j’étais investisseur...

28 octobre 2016, 07:35

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…j’essaierais d’écouter le discours du Premier ministre à la Sanathan Dharma Temples Federation, aujourd’hui, dans une tentative de décoder le présent contexte politique. Il me semble que, pour l’heure, tout un chacun spécule sur les développements à venir, sans toutefois avoir toutes les pièces du puzzle des Jugnauth. Le Premier ministre va-t-il profiter des célébrations du Divali pour éclairer le public par rapport à ses intentions de passer la main à son fils ou va-t-il laisser perdurer l’ombre et le doute entourant sa succession à la tête du pays ? Annoncera-t-il la date précise de son départ «inévitable» et fera-t-il la lumière sur ses objectifs prioritaires avant de quitter la scène (maintenant que le mégaprojet Heritage City et que le sabordage de la proportionnelle à Rodrigues ont été mis aux oubliettes) ? Sa réponse ou son silence aux interrogations de tout le monde (habitants en général et investisseurs en particulier) confirmera, peut-être, l’idée que je me fais sur le type de gouvernance politique en vigueur à Maurice.

Si j’étais investisseur… je chercherais à comprendre pourquoi Maurice continue sa dégringolade au classement Ease of Doing Business de la Banque mondiale – une chute qui s’accentue depuis ces trois dernières années. Serait-ce, directement ou indirectement, dû à la fin mouvementée du régime d’un Ramgoolam victime de l’usure du pouvoir combinée à la gestion chaotique de l’économie par un gouvernement Lepep qui a déjà nommé trois ministres des Finances en deux ans et qui visiblement n’était pas préparé pour prendre le pouvoir – la farce Omega Ark en étant l’illustration ultime ? Serait- ce à cause d’une productivité mauricienne qui progresse trop mollement par rapport à d’autres pays de par le monde ? Ou à une bureaucratie lourde et inefficace, politisée à outrance, un peu à l’image de l’Inde, classée 130 sur 190 pays ? Sur la Grande péninsule qu’on érige trop souvent en modèle, le constat s’avère terrible : «As the reports show, it’s still hard to set up businesses in India, to get construction permits, to get electricity, to register property and so on. In terms of rule of law, India is still saddled with corruption, poor order and security, poor record of fundamental rights, and opaque governance

Si j’étais investisseur... je demanderais pourquoi Air Mauritius a accordé une remise de 15 % aux fonctionnaires uniquement et pourquoi son conseil d’administration est peuplé de nominés politiques aux desseins contraires à la bonne gouvernance ? Et je suivrais, avec attention aussi, les débats et procédures menant au procès MedPoint s’il finissait au Privy Council après un forcing du DPP. J’aimerais connaître l’avis implacable des Law Lords sur la notion de conflit d’intérêts (sous la Po- CA), mais surtout avoir une réponse claire et nette eu égard à la culpabilité ou non du PM in waiting. L’issue de cette affaire confirmerait, dans une certaine mesure, si les dirigeants ont eu tort de gérer comme ils l’ont fait les affaires Courts Asia, CT Power, Betamax et Dufry – dont les récits me donnent encore froid dans le dos, comme ceux de Neotown ou d’Airway Coffee ou du Pandit Sungkur du reste.

Si j’étais investisseur... j’écrirais une lettre ouverte au gouvernement du jour pour faire un appel solennel aux membres du Conseil des ministres pour qu’ils arrêtent de se battre entre eux, car cela décourage ni plus ni moins l’investissement. Je leur rappellerais que l’investissement privé, local ou international ne se cristallise que si le gouvernement arrive à créer un climat propice et sain, si la conjoncture internationale est favorable et, seulement, si l’investisseur estime qu’il pourrait faire fructifier son argent – sans avoir besoin de la protection monnayée d’une mafia, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne…

Oui, j’en suis convaincu, si j’étais investisseur, j’entendrais, comme vous tous, les appels à investir, mais je ne les écouterais pas forcément...