Au-delà de la définition donnée à la classe illustrée, ici, par un amour pour la Rolls Royce et, là, par des propos indignes de nos politiciens : «coup de pied» parfois lancé «au derrière», «éditorialistes qui plaquent zott derrière dans biro», (décidément nos politiciens ne ménagent pas nos postérieurs), au-delà du fait qu’encore une fois, le 1er Mai fut confisqué par la parole réchauffée et remplie de fiel des politiques, au-delà du fait que chaque leader, qu’il soit celui du PTr, du MMM ou du MSM, a exprimé son soi-disant souhait - auquel personne ne croit - d’aller seul aux élections, les événements de ces derniers jours nous donnent une lecture plutôt limpide des voeux des uns et des autres.

Ainsi donc, l’on comprend que dans les prochains jours, la bataille sera désormais entre le PTr et le MSM qui ne s’épargnent plus aucune injure. Le niveau des attaques personnelles de SAJ envers le Premier ministre à Rivière-du-Rempart, mercredi dernier, et les répliques de Ramgoolam allant jusqu’à révéler une confidence faite par l’ancien président de la République, notamment, sur le transport gratuit, ont permis de prendre la mesure d’une profonde hostilité (on est même tenté de dire haine) qui existe entre les anciens partenaires du mariage célébré en 2010. Mais il n’y a pas que le PTr qui déteste désormais le MSM. À écouter Bérenger lors de son assemblée des délégués(on notera qu’il n’a pas demandé de vote cette fois), il faudrait donc «blye remake» qui, selon lui «ine fini kase depi zanvier». Une attitude qui traduit tout le cynisme du politicien calculateur qui n’a pas hésité, alors qu’il savait que le remake était déjà chose du passé, à mettre un morceau de gâteau dans la bouche de SAJ comme pour mieux tenter de l’étouffer politiquement.

D’ailleurs, les références du leader de l’opposition «à la campagne communale de 1983» ou encore à «une déclaration d’Anerood Jugnauth qui voulait priver des communautés de ministres», ses propos contre Maya Hanoomanjee, Showkutally Soodhun et Pravind Jugnauth ne laissent aucun doute sur sa position du jour. Le leader de l’opposition reprend sa liberté, prend ses distances et tourne la page du MSM qui ne sert plus ses intérêts politiques.

De là à croire que le MMM envisage sérieusement d’aller seul, il y a un pas que seuls les Bérengistes, aveuglés par leur passion mauve, vont franchir. Car si en attendant, les leaders mauve et rouge donnent l’impression qu’il n’y aura plus de consultations, voire de koz koze, l’on sent bien, (et ils ne font aucun eff ort pour le cacher) en écoutant leur discours, qu’il y a loin le temps des élections et qu’un nouvel efase refer pourrait voir le jour au moment opportun. D’ailleurs, n’est-ce pas pour ne pas froisser le PTr que Reza Uteem a eu droit à un rappel à l’ordre hier ? Tout comme Joe Lesjongard qui, pour avoir eu le courage de parler de renouvellement de l’étatmajor du MMM dans la presse, a subi une mise au point de son leader, celui-ci ne croyant pas à une démobilisation des militants. Parallèlement, le meilleur partisan de l’alliance PTr-MMM est, valeur du jour, Ramgoolam lui-même qui s’en est pris rageusement à ceux qui, en rejetant l’alliance rouge-mauve, «empêchent le pays de réussir et de progresser.» Quand l’on sait que Bérenger a encore fait comprendre qu’il n’est pas intéressé à entrer au gouvernement si son programme n’est pas mis en pratique, on comprend que le contraire le fera changer d’avis.

Au fond, quel est le véritable sanzman entre ces dernières semaines et aujourd’hui ? Plus de rencontre officielle pour ne pas froisser les militants et partisans rouges. Et l’on devrait s’attendre qu’à l’avenir, toutes les coucheries inimaginables se joueront dans les chambres à coucher à l’abri des regards. Et, à la manière de 2010, l’on découvrira à quelques semaines des élections, qui sont ceux qui achèteront les billets, et qui seront ensuite les nouveaux vainqueurs. En attendant, ce sont les Mauriciens qui ont envie de se servir de l’expression favorite des politiciens pour leur donner un grand coup de pied…