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Mauritian Knowledge

4 février 2011, 02:00

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La polémique sur l’enseignement de la «Bible Knowledge» au collège du St-Esprit montre bien à quel point nos écoles s’éloignent, à leur corps défendant, de leur mission première.

Dans toute école, a fortiori dans l’école d’une société multiculturelle, l’éducation est d’abord la découverte et l’appréciation des valeurs civilisationnelles, en particulier de celles qui fondent le socle des identités. Pour que cet apprentissage soit fécond, il doit se faire dans la sérénité, sans coercition, et en confiance.

Quelles que soient les circonstances et malgré sa bonne foi, la décision de ce collège d’imposer l’étude de la Bible à tous ses élèves est très contestable.

La direction aura beau arguer que l’étude pour tous de la Bible, au plan scolaire, n’est pas la catéchèse des catholiques, cela restera complètement inaudible pour les non-chrétiens. Combien de Mauriciens, catholiques compris, pourraient d’ailleurs faire la distinction entre le Jésus de la foi et le Jésus de l’histoire ?

De toute manière, ce n’est pas l’affaire de l’école, et surtout pas de l’école mauricienne.

L’école doit rester le lieu de la rencontre elle ne doit pas devenir un terrain d’affrontements.

Le problème - qui est en voie d’être résolu - donne l’occasion de revenir sur une proposition faite, il y a plus de vingt ans, par quelques parlementaires avisés, réunis au sein d’un «Select Committee» de l’Assemblée nationale. Ils avaient élaboré un beau projet que des fonctionnaires du ministère de l’Education, manipulés par des lobbys sectaires, ont fi ni par neutraliser. Ce projet consistait à introduire dès le cycle primaire un nouveau sujet intitulé «Cultures and Civilisations in Mauritius». «The course should aim at making children aware of the rich cultural heritage of Mauritius in order to preserve that heritage and encourage understanding and mutual respect», écrivaient les auteurs de cette proposition dans le rapport du «Select Committee», publié en mai 1986. Il a été recommandé la constitution d’un comité composé de pédagogues, de représentants des religions et de groupes socioculturels chargé d’élaborer ce cours qui devait «contribute effectively to the emergence of a just pluri-ethnic society». Voilà ce qu’il convient de faire. Il s’agissait, à l’époque, de proposer ce sujet, en option, à des élèves qui ne souhaitaient pas étudier une langue orientale. Aujourd’hui, compte tenu des crispations communalistes, il aurait été souhaitable de donner un tel enseignement à tous les enfants mauriciens.

Dans ce pays où foisonnent toutes sortes d’organisations sectaires dans tous les groupes, dans ce pays riche de temples, d’églises, de mosquées, érigés comme autant de totems et de symboles conquérants de territoires occupés, dans ce pays si pauvre en espaces de vie interculturelle, l’école est le premier foyer – et souvent le seul – de la multiculturalité mauricienne tant vantée, mais si peu assumée.

Les collèges catholiques, généralement si ouverts à la diversité mauricienne, ne doivent pas devenir des chapelles.