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Maurice interdit, une fois de plus, une escale à des moines tibétains

6 juillet 2011, 00:00

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Maurice interdit, une fois de plus, une escale à des moines tibétains

Maurice trace ses pas sur ceux de la Chine. Elle ne reconnaît pas les citoyens tibétains. Le pays a refusé une escale à des moines tibétains qui se rendaient à l’île-sœur. Une décision que dénonce la presse réunionnaise.

Une fois de plus, c’est l’argent qui pèse plus lourd dans la balance pour Maurice. Deux ans après avoir interdit à un moine tibétain de faire une escale d’une durée de 55 minutes sur le sol mauricien, Port-Louis a refusé à quatre autres moines de poser pied sur l’île ce mardi 5 juillet.

La nouvelle a été répercutée par le site d’information réunionnais Zinfos974.com dans l’après-midi d’hier. Mention étant faite que tout ressortissant tibétain est interdit d’accès dans l’île, même pour une escale.

Selon Zinfos974.com, les quatre moines du monastère de Gyumed, situé près de Bangalore, en Inde, devaient se rendre à La Réunion pour un séjour de plusieurs semaines. Mais leur programme a été chamboulé, ces derniers devant transiter par Bangkok, en Thaïlande.

La position de Maurice vis-à-vis des moines tibétains est vivement décriée par l’Association Gyeltsabjé. Déjà en octobre 2009, elle avait protesté contre la façon de faire de Port-Louis vis-à-vis du vénérable Gadbo.

Ces quatre moines ne se rendaient pas à l’île-sœur pour une quelconque action politique contre la Chine, mais seulement pour réaliser un Mandala de sable, soit à donner des bénédictions et à consacrer des statues de Bouddha. En 2009, les deux quotidiens de l’île ne se sont pas privés pour faire les choux gras de cette décision mauricienne.

À l’époque, le vénérable Gadbo devait simplement présenter son autobiographie à La Réunion. Ex-moine du monastère de Ganden, il avait écrit : « Un enfer sur Terre, brève biographie d’un prisonnier politique tibétain ». Il racontait comment il a fui son pays après trois ans de torture et de privation dans une prison chinoise de Lhassa. Tout en traversant l’Himalaya à pied.

Pesant 36 kg à l’issue de sa fuite, il avait été accueilli en France et soigné grâce à la Fondation Danielle Mitterrand. De là, il a rejoint le Dalai-Lama à Dharamsala, en Inde. Depuis, il parcourt le monde pour mettre en exergue le calvaire que vivent ses compatriotes au quotidien.

De l’Inde, il s’était payé un billet d’Air Mauritius mais sa demande de visa auprès de la Haute Commission de Maurice à New-Delhi avait été refusée. Il a été forcé de faire une croix sur Plaisance et à faire un crochet par Paris pour rejoindre La Réunion.

Catherine Panot, porte-parole de l’association France-Tibet-Réunion, fulminait contre cette décision somme toute bête, le passage à Plaisance n’étant qu’une simple formalité. « Nous ne reconnaissons pas cette nationalité tibétaine », s’est-elle entendue dire lorsqu’elle a voulu obtenir des explications auprès de la Haute Commission mauricienne en Inde.

Avant le vénérable Bagdro, six autres moines ont eu le même problème de visa  avec Port-Louis. Pour l’association France-Tibet-Réunion, ces moines ne pèsent pas lourd dans la balance face à la « pompe à fric chinoise » qui inonde Maurice de ses divers projets et qui veut des garanties en retour.

Le ministère des Affaires étrangères, lui, joue à un jeu… chinois, le ping-pong, lorsqu’il est interrogé sur cette affaire. Il lance la balle dans le camp du Bureau du Premier ministre, qui est responsable du Passport and Immigration Office (PIO). En 2009, Catherine Panot n’a pas manqué d’écrire une lettre ouverte à la presse réunionnaise sous le thème : « L''''île Maurice : un verrou sur le voyage d''un moine tibétain ».

« L''île Maurice qui se dénomme sur ses sites internet comme "la Porte de l''Afrique" (…) apparaît donc comme un verrou sur la libre circulation de certains citoyens du monde et les Tibétains sont une fois de plus victimes de discriminations et privés d''un des Droits de l''Homme essentiels : celui de la libre circulation », s’indignait Catherine Panot.

Crédit photo: Le Quotidien de La Réunion