Le directeur de l''''usine d''aluminium responsable de la coulée de boue rouge toxique dans l''ouest de la Hongrie a été interpellé, a annoncé le Premier ministre du pays lundi, une semaine après l''accident qui a fait huit mort au dernier bilan.

Dans le village sinistré de Kolontar (800 habitants), la construction accélérée d''une digue destinée à éviter une nouvelle inondation continue mais, selon les autorités, les fissures ne se sont pas élargies dans le mur nord du réservoir voué d''après les experts à s''écrouler.

La police a précisé qu''elle interrogeait le directeur de l''usine d''Ajka, Zoltan Bakonyi, pour mise en danger de la population ayant causé des décès multiples et atteinte à l''environnement.

Le Premier ministre, Viktor Orban, a déclaré au Parlement que le gouvernement voulait prendre le contrôle de la société MAL car la production d''aluminium doit reprendre en toute sécurité afin de sauvegarder les emplois des milliers d''ouvriers de l''usine. Il a ajouté que les avoirs de MAL seraient gelés pour protéger les fonds nécessaires à l''indemnisation.

"Dans la mesure où ce n''est pas une catastrophe naturelle mais causée par des gens, les dommages doivent être payés avant tout, non par le contribuable, mais par ceux qui les ont causés", a souligné le Premier ministre. "Nous avons de sérieuses raisons de croire qu''il y avait des gens qui étaient au courant du dangereux affaiblissement du mur du réservoir mais que, pour des raisons personnelles, ils ont pensé que cela ne valait pas la peine de le réparer et espéré qu''ils n''y aurait pas de problème", a-t-il lancé.

Dimanche, MAL a déclaré vouloir payer des dédommagements "à proportion de sa responsabilité" dans l''accident industriel du 4 octobre, causé par l''effondrement du coin nord-ouest du réservoir de boue rouge, qui contient des résidus de la production d''aluminium. Une partie du contenu du bassin de rétention d''une superficie de 10 hectares s''est déversée en torrent sur les localités voisines lundi dernier.

La catastrophe a fait huit morts, avec la découverte lundi du corps d''une femme âgée près de Devecser, l''une des municipalités sinistrées, selon le porte-parole de l''agence de gestion des catastrophes, Tibor Dobson. C''était la dernière personne encore portée disparue. Une centaine de personnes ont également souffert de brûlures chimiques.

A Kolontar, le bourg le plus proche de l''usine d''Ajka, on s''activait lundi à la construction d''une digue permanente, après la découverte de nouvelles fissures dans le réservoir qui font craindre une deuxième inondation.

Ce nouveau mur de pierre dolomite et d''argile doit mesurer 620 mètres de long et 2,70m de hauteur en moyenne, et devrait comporter une piste cyclable, a précisé le Directoire national de gestion des catastrophes. Il devrait protéger les secteurs de Kolontar qui n''ont pas été touchés par la première coulée de boue rouge. Par précaution, plus de 700 habitants ont été évacués, ainsi que des villes plus éloignées du réservoir, comme celle de Devecser (environ 6.000 habitants).

Le torrent toxique avait inondé trois villes et villages en moins d''une heure la semaine dernière. Environ 700.000 mètres cubes de boue rouge s''étaient déversés. Le réservoir en contient toujours 2,5 millions de mètres cubes, mais le mélange est désormais beaucoup moins liquide car l''épaisse couche d''eau à sa surface est partie la première fois, ce qui signifie qu''un nouveau torrent serait moins rapide et irait moins loin -probablement pas plus d''un kilomètre vers le nord.

Le secrétaire d''Etat à l''Environnement, Zoltan Illes, a cependant précisé qu''il existait des risques supplémentaires sur un réservoir voisin de celui qui est endommagé, et qui contient 100.000m3 de liquide corrosif. Les autorités redoutent que si les fissures du mur nord du premier réservoir continuent à s''élargir et que l''enceinte s''effondre, le deuxième bassin ne cède à son tour. Selon M. Illes, la digue en construction à Kolontar résisterait à une double coulée.

Un transfert de la boue du réservoir endommagé étant impossible, le secrétaire d''Etat a ordonné le colmatage sous deux mois de la brèche "de 50 mètres sur 23 mètres", selon lui. "Les travaux (...) devront être exécutés par les airs, c''est sans précédent", a-t-il dit.

D''après M. Illes, MAL est déjà sous le coup d''amendes d''un total d''au moins 19,2 milliards de forints (97,3 millions de dollars 70,1 millions d''euros) pour les dégats causés aux cours d''eau et la pollution liée aux inondations.

Les autorités sanitaires recommandent le port de matériel de protection à la population locale ainsi qu''aux équipes de nettoyage et de construction, la concentration de poussière de boue rouge dans l''air dépassant les niveaux de sécurité.

(Source: AP)