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Coup de théâtre en Israël: le chef de l''opposition entre au gouvernement

9 mai 2012, 00:00

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Coup de théâtre en Israël: le chef de l''opposition entre au gouvernement

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef de l''''opposition Shaul Mofaz ont scellé un pacte d''union nationale inattendu qui permet d''éviter des élections anticipées et place M. Netanyahu à la tête d''une des majorités les plus larges de l''histoire d''Israël.

Cette manoeuvre survient au moment où le Premier ministre de droite, à qui certains prêtent l''intention de frapper les installations nucléaires de l''Iran, se heurte aux réticences de chefs de l''armée et d''anciens patrons du renseignement.

Six semaines après s''être emparé de la direction du parti centriste Kadima, M. Mofaz a rallié dans la nuit de lundi à mardi la coalition de droite de M. Netanyahu qui, du coup, a renoncé à convoquer des élections législatives anticipées en septembre. MM. Mofaz et Netanyahu ont secrètement négocié cet accord alors que la Knesset (Parlement) s''apprêtait à voter sa propre dissolution en vue du scrutin. "Le fait que Kadima n''ait pas fait partie de la coalition gouvernementale a été une erreur historique. Aujourd''hui nous la corrigeons", a expliqué M. Mofaz, qui doit devenir vice-Premier ministre et ministre asans portefeuille, et prêter serment ce mercredi à la Knesset.

Guidé par ses ambitions personnelles

Né en Iran, ce transfuge du Likoud (droite), ancien chef d''état-major et ex-ministre de la Défense, s''est taillé la réputation d''un homme guidé par ses ambitions personnelles plutôt que par l''idéologie.Ses sympathisants mettent en avant sa riche expérience militaire, sur laquelle M. Netanyahu pourrait s''appuyer face au programme nucléaire iranien, qu''Israël considère comme menaçant son existence même."Un des problèmes les plus importants est la question iranienne. Nous en discutons tous les deux depuis longtemps, sans chercher à faire la une, et ces discussions sont sérieuses et responsables", a souligné M. Netanyahu.

"La formation du nouveau gouvernement a plus à voir avec des considérations de politique politiciennes qu''avec l''Iran", a cependant estimé Ilan Greilsammer, professeur de science politique à l''université Bar-Ilan de Tel Aviv "Mofaz est très bas dans les sondages. Quant au Premier ministre, il est menacé par la frange de droite au sein du Likoud", a-t-il ajouté à l''AFP.

La Maison Blanche a affirmé que la nouvelle coalition gouvernementale en Israël ne changerait pas son "approche" vis-à-vis de son allié. "Nous soutenons les intérêts de sécurité d''Israël en coordination avec son armée, nous partageons beaucoup d''informations en matière de renseignement, et nous travaillerons étroitement avec les Israéliens" à l''avenir, a rappelé le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney.

Un pacte de lâches

L''accord d''union nationale prévoit une relance du processus de paix avec les Palestiniens -les deux alliés ont appelé à "la reprise des négociations" gelées depuis septembre 2010- et assure le vote du budget de l''Etat pour le prochain exercice fiscal. Il doit être approuvé dans les prochaines heures par la Knesset et permettra à M. Netanyahu de s''appuyer sur une écrasante majorité de 94 députés sur 120, la troisième plus large de l''histoire du pays.

Shaul Mofaz, qui avait juré qu''il ne rejoindrait jamais le gouvernement du "menteur" Netanyahu, s''est engagé à demeurer au sein de la coalition jusqu''à la fin de la législature en octobre 2013.

Ce coup de théâtre a déclenché la fureur de l''opposition de gauche, archi-minoritaire. La nouvelle dirigeante travailliste Shelly Yachimovich a fustigé "un pacte de lâches" et "le plus ridicule zigzag de l''histoire politique israélienne". Côté palestinien, le président Mahmoud Abbas a appelé le gouvernement israélien à profiter du ralliement du parti centriste Kadima pour oeuvrer à un accord de paix, tandis que le Hamas, au pouvoir à Gaza, y a vu la fin de tout espoir de reprise des négociations.

Source : AFP.