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Côte d''Ivoire: La succession de Gbagbo risque d''être périlleuse

7 avril 2011, 00:00

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Côte d''Ivoire: La succession de Gbagbo risque d''être périlleuse

La transition de pouvoir avec Alassane Ouattara s''''annonce rude, quel que soit le sort du président sortant, écrit Corentin Chauvel dans 20minutes.fr ce jeudi matin.

Notre confrère français reprend les analyses de deux universitaires : Richard Banegas, politiste de  l''université Panthéon-Sorbonne et du Centre d''études des mondes africains (Cemaf), et également directeur de la revue Politique Africaine et Christian Bouquet, professeur de géographie politique à Bordeaux-III et auteur de Géopolitique de la Côte d''Ivoire (Armand Colin, 2008).

 «Il sera très difficile pour Alassane Ouattara de gouverner un pays avec une telle violence, qui a pris une tonalité ethnique à Abidjan», estime Banegas. Malgré les appels préalables à la réconciliation nationale lancés par les partisans d’Alassane Ouattara, le politiste  voit mal comment celui-ci pourra obtenir rapidement la confiance de ses opposants alors qu’il est arrivé au pouvoir grâce aux militaires et à la communauté internationale. «Toutes les promesses sont les bienvenues, il faudra en effet être inclusif et donner des gages à tous les camps, mais ce ne sera sans doute pas suffisant pour recomposer le tissu national qui s’est déchiré», ajoute Richard Banegas. Sans compter sur les alliés d''un jour, comme Guillaume Soro, Premier ministre désigné, qui pourrait ne pas vouloir en rester là.

La «spirale de violence» a déjà commencé

Le sort de Laurent Gbagbo est également primordial. « S’il venait à y laisser sa vie, ce serait extrêmement grave pour le pays, parce que beaucoup de gens ont voté pour lui et le soutiennent», prévient Banagas. De son côté,  Christian Bouquet affirme : «Si Laurent Gbagbo se fait tuer ou même se suicide, Alassane Ouattara sera accusé de l’avoir tué. Et s’il est envoyé en justice, il faudra aussi ouvrir les dossiers de son adversaire ».

«On pourra alors imaginer une spirale de violence, de vengeance, des règlements de compte sur la seule suspicion ethnique», craint pour sa part Richard Banegas qui évoque «une spirale déjà enclenchée», notamment à Abidjan. Une spirale  provoquée par une «minorité d’extrémistes», dit-il avant d’ajouter que «les faiseurs de rois sont ceux qui ont les armes» et qu’Alassane Ouattara devra s’atteler à les contrôler dès que possible. Ces extrémistes  sont notamment issus de sa propre armée, qui n’en est pas vraiment une, montée de toute pièce et indisciplinée, accusée de s’être livrée à des pillages et des exactions lors de leur offensive vers le sud du pays. Des accusations qui prévalent également pour les jeunes patriotes armés par Laurent Gbagbo à Abidjan. «Il faudra remettre l’armée républicaine en place, la recimenter et lui donner des valeurs», estime alors Christian Bouquet.

Cependant, l’universitaire écarte l’idée d’un pays «coupé en deux». «Il y a une énorme attente de la part de la population qui milite pour la paix», renchérit Richard Banegas. Pour Christian Bouquet, Alassane Ouattara dispose tout de même de quelques atouts qui pourront l’aider à mener à bien son futur mandat: l’appui non démenti d’Henri Konan-Bédié (troisième au premier tour de la présidentielle), sa future collaboration avec les meilleurs éléments du camp Gbagbo en vue d’un gouvernement d’union nationale et un solide programme économique légitimé par son passage au FMI.
Photo : Des soldats des forces pro-Ouattara à Abidjan, le 6 avril 2011.

(Source : 20minutes.fr)