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Importation: les compagnies maritimes doublent leurs frais et refusent d’être payées en roupies

6 septembre 2022, 20:00

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Importation: les compagnies maritimes doublent leurs frais et refusent d’être payées en roupies

Conséquence du manque de devises sur le marché ou de la dépréciation continuelle de la roupie, ou encore les deux à la fois, les transporteurs maritimes augmentent leurs frais de 2,5 à 5 % additionnels réclamés lorsque le paiement du fret est fait en roupies mauriciennes. Si les commerçants ne veulent pas s’acquitter de ces frais majorés, ils devront acheter les devises eux-mêmes pour le fret. Il faut savoir que si un commerçant importe des marchandises sur une base FOB, c’est lui qui prend en charge le paiement du fret. En revanche, si c’est sur une base C & F, le fret est déjà payé par le fournisseur étranger. «Le fret prépayé à l’étranger, nous dit Robert Hungley, consultant en logistique, augmentera quand même la facture à payer. Nous avons même remarqué que parfois le fret payé à l’étranger coûte plus cher qu’à Maurice, surtout concernant les marchandises venant d’Asie.»

Lorsque ce sont les importateurs qui s’acquittent du paiement du fret, normalement cela est fait en roupies à la compagnie maritime. Depuis le 1er septembre, les compagnies maritimes ne veulent plus de roupies et encouragent le paiement en devises, pour ne plus avoir à rechercher les devises pour le fret, ni encourir de risques de fluctuations à la baisse.

10 % plus cher

Non seulement les importateurs qui veulent quand même payer en roupies devront s’acquitter des frais augmentés de 2,5 % à 5 %, mais ils doivent dorénavant payer l’équivalent à un taux de change supérieur à celui affiché par les banques. Les compagnies maritimes réclamaient par exemple Rs 46,20 ou Rs 46,15 pour le dollar alors que le taux indicatif des banques était de Rs 44,60, soit environ 5 % de plus. Si l’on ajoute cela aux 5 % de frais additionnels réclamés par les compagnies maritimes à ceux qui veulent payer en roupie, le coût du fret revient à 10 % plus cher. Ce sont donc les importateurs qui devront casquer plus, à moins que les importateurs achètent eux-mêmes les devises. Ils pourront le faire lorsqu’ils règlent la facture des marchandises auprès des banques. Mais avec le manque de devises sur le marché, cela pourrait être difficile. De toute façon, ce sont les consommateurs au final qui paieront plus cher les produits.

Pour Robert Hungley, «ces mesures rendront encore plus aigu le problème des importateurs et bien sûr des consommateurs. Nous, les transitaires, aurons à chercher les devises pour certains de nos clients importateurs. La pénurie des devises et le coût élevé du taux de change ne sont pas pour aider les affaires. Déjà, les transitaires ont toutes les peines du monde à obtenir les devises pour payer leurs agents étrangers. Les compagnies maritimes qui bénéficient déjà du coût élevé en devise du fret gagneront encore plus avec la conversion et les frais qui viennent d’être augmentés. On attendait un peu de compassion de leur part dans cette situation difficile.»

Avec l’augmentation conséquente du coût du fret en dollars ou en euros après la reprise des activités économiques post-Covid, voilà une autre augmentation de ce même fret en roupies. Megh Pillay prédisait. le 7 septembre 2021, dans l’express, que «le fret ne reviendra pas au prix d’avant le Covid mais restera plus élevé». On peut dire qu’il avait bien raison car pour un conteneur qui coûtait environ 2 000 euros avant le Covid et était à 18 000 euros en novembre 2021, en juin 2022, le prix est descendu à 8 000. Donc, encore loin des 2 000 euros de 2019.

Et les exportateurs ?

Eux aussi souffrent de l’augmentation du coût du fret pour leurs exportations par voie maritime. Les exportations par avion qui coûtent certes beaucoup plus cher ne sont pas affectées par les frais et taux de change en hausse pratiqués par les compagnies maritimes. Les exportateurs sont aidés par le «Freight Rebate Scheme» mis en place par les autorités mais cela ne concerne que les exportations par avion. Quand ils exportent par mer et que le coût du fret est pris à leur charge et non à celle de l’importateur européen ou autres, ils subissent aussi ces frais additionnels. Cependant, contrairement aux importateurs, les exportateurs peuvent se permettre de régler le fret en devises étrangères en puisant de leurs réserves en devises reçues des exportations. Quand ils en ont, bien sûr.

Les PME et les emplois affectés

Les produits manufacturés localement et utilisant des matières premières importées devront eux aussi faire les frais de ce changement dans la procédure de paiement du fret imposé par les compagnies maritimes. Comme ils ne sont pas de gros importateurs, ils auront encore plus de difficultés à obtenir les devises pour le fret. Selon Amar Deerpalsing, président de l’Association des petites et moyennes entreprises (PME), «déjà, on éprouvait de grandes difficultés pour trouver des devises pour l’achat de nos matières premières. Avec cette réclamation du paiement du fret en devises, ce sera encore plus dur pour nous». Pour Robert HUngley, les PME et les emplois seront encore plus affectés.