Publicité

Théâtre: Komiko back to Rose-Hill

9 mai 2022, 14:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Théâtre: Komiko back to Rose-Hill

La troupe de Miselaine Duval est de retour à l’ex-ABC de Rose-Hill. Mais si deux confinements ont eu raison de son aventure au Bagatelle Mall, les comédiens restent déterminés à vivre de leur art. En cherchant tous les moyens d’exister.

Comme au temps d’avant. Sauf qu’on a basculé dans l’ère d’après. Les Komiko sont de retour à l’ex-ABC de Rose-Hill. Une représentation de la pièce Nuvo korespondan prévue pour le vendredi 6 mai a été repoussée au lendemain, le temps que la salle soit à nouveau prête. 

La troupe de Miselaine Duval proposera une nouvelle pièce chaque mois.

Du Canada où elle se trouve, Miselaine Duval, cheffe de troupe, auteure et metteure en scène, explique qu’à l’annonce du départ de Komiko de Bagatelle Mall, «plusieurs autres responsables de salles nous ont offert de venir jouer chez eux. Sauf que nous avions besoin d’une adresse permanente». 

L’idée d’abord évoquée suivant ce départ est de reprendre la route avec une caravane. Mais il faut se rendre à l’évidence. «Ce n’est pas pratique de toujours devoir chercher un endroit où jouer. Le public aime ce que nous faisons. Même la diaspora mauricienne nous suit. Quand des Mauriciens viennent en vacances, ils ont envie de venir chez Komiko», affirme Miselaine Duval. 

Loyer plus abordable 

Pendant que le départ est finalisé, le retour à Rose-Hill est négocié avec Saoud Chady, le propriétaire de l’ex-ABC. Il y a une ardoise à régler à Bagatelle Mall. «Certains mois de loyer impayés ont été rayés. Des solutions ont été trouvées dans une discussion amicale et très respectueuse.» 

Le loyer à Rose-Hill est plus abordable. La pandémie a changé bien des choses. Entre leçons apprises et prudence, Miselaine Duval précise : «Je n’ai signé que pour deux ans. Le temps de voir comment les choses évoluent.» 

Comme à la belle époque, les Komiko vont proposer une nouvelle pièce tous les mois, voire chaque mois et demi, dépendant du succès de ces tranches de rire et de décompression. Pour le retour à Rose-Hill, les Komiko reprennent Nuvo korespondan, pièce créée les 15 et 16 avril au Caudan Arts Centre. 

Photo prise vendredi matin quand la salle était encore en cour de réaménagement.

À Rose-Hill, les Komiko retrouvent une scène plus grande qu’à Bagatelle Mall. «C’est un lieu artistique qui reprend ses droits. Il faut que la famille Chady continue à y croire et rénove son bâtiment. Nous, on est là pour travailler, pour continuer à exister. Malgré la pandémie, on est tombés, on s’est relevés. Komdi sa kozé-la, rant dan ICU, résorti. Comme le Phoenix, on renaît. Artistiquement.» 

Qu’en est-il des aides sollicitées auprès de l’État ? Miselaine Duval n’a pas fait une croix sur le ministère des Arts et du patrimoine culturel. Même si, «on a juste eu un coup de pouce pour avoir un emprunt de la Banque de développement. Ce n’est pas une aide ça. Je ne comprends pas pourquoi les autorités utilisent l’argument que si elles nous aident, il faut aider tout le monde pareil. À la différence des autres, nous sommes des professionnels». 

Elle n’oublie pas que «deux fois nous avons fait une demande au National Arts Fund, mais cela n’a rien donné. J’ai l’intention d’envoyer une nouvelle demande». La responsable des Komiko assure : «On ne demande qu’à travailler. On ne demande rien en cadeau. Komiko montre que malgré la pandémie, artis pa zis pé res asizé atann.» 

On se souvient de la promesse d’une éventuelle mise à disposition du théâtre Serge Constantin pour Komiko. «Je suis allée voir, quand on a rendu la salle de Bagatelle. Mais ce théâtre est fermé depuis plusieurs mois pour rénovation.»

 

Billets à Rs 300 

<p>Les places pour les pièces de Komiko sont désormais à Rs 300. <em>&laquo;Pendant 13 ans, le billet était entre Rs 200 et Rs 250&raquo;, rappelle Miselaine Duval. &laquo;Après sept ans, nous n&rsquo;ajoutons que Rs 50 pour arriver à Rs 300&raquo;</em>. La salle de Rose-Hill comprend un total de 300 places, mais avec la jauge sanitaire de 50% de capacité, le théâtre n&rsquo;accueillera que 150 spectateurs par représentation.</p>

 

Chronologie: de salle en salle

<p><strong>2010.</strong> En août, dernière séance au cinéma ABC de Rose-Hill. La même année, la troupe de Miselaine Duval transforme l&rsquo;ex-ABC en Kafe T@ Komiko. Les comédiens viennent à Rose-Hill après quatre ans à Port-Louis dans une salle de spectacle située dans le complexe du cinéma Majestic, rue La Poudrière.&nbsp;</p>

<p><strong>2018.</strong> La troupe déménage pour le Komiko Comedy Art Club au centre commercial Bagatelle.&nbsp;</p>

<p><strong>2021.</strong> Fermeture définitive du Komiko Comedy Art Club au centre commercial Bagatelle.&nbsp;</p>

<p><strong>2022.</strong> Retour de Komiko à l&rsquo;ex-ABC de Rose-Hill.</p>

 

Wesley Duval, comédien: «Retour au bercail»

«C’est un peu un retour au bercail. C’est à Rose-Hill que nous avons commencé à faire du théâtre professionnellement. C'est aussi là qu’on a eu pour la première fois une salle propre à Komiko. Dès que nous avons annoncé le retour, le feedback du public est positif. Rose-Hill est plus accessible.» Vendredi matin, Wesley Duval avait troqué son costume de comédien pour mettre la main à la pâte, aux travaux de réaménagement de la salle. «Un déménagement cela coûte cher, surtout quand on ne travaille pas », lance-t-il. À peine le temps de confier qu’il a intégré la troupe à l’âge de 16 ans, qu’il en a 43 ans maintenant. Le voilà au four et au moulin.

 

Saoud Chady, propriétaire de l’ex-ABC de Rose-Hill: «Mo kontan mo lasal vivan»

«Je suis très content. Mo kontan mo lasal vivan.» Vendredi matin, Saoud Chady, propriétaire de l’ex-ABC de Rose-Hill, a l’oeil sur les travaux pour réaménager l’ancien cinéma en salle de spectacle. «C’est un peu un retour lakaz mama.» 

Au cours des quatre dernières années, il a bien tenté de faire vivre l’ancien cinéma. Par exemple avec des soirées foot organisées par le Liverpool Fan Club d’Azmi Kandeerally. 

«L’entretien de la salle, qu’elle soit ouverte ou fermée, me coûte de l’argent. Pour assurer la maintenance, il faut des rentrées d’argent.» Même si l’ex-ABC ne propose pas de séance, les appareils sont toujours sur place. «Je les allume de temps en temps», confie Saoud Chady, nostalgique. «Je ne compte pas les vendre. Tant que j’aurais les moyens de les conserver, je le ferais.» Son rêve : aménager un jour un home cinéma, avec ces appareils de l’ex-ABC.