Publicité

Air Mauritius: Somas Appavou accepte un poste à Dubaï

3 mars 2020, 22:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Air Mauritius: Somas Appavou accepte un poste à Dubaï

Somas Appavou a soumis, hier matin, sa démission comme Chief Executive Officer (CEO) d’Air Mauritius. Et ce, après presque trois ans passés aux commandes de la compagnie. Officiellement, c’est une décision personnelle prise «après mûre réflexion et après des discussions avec le conseil d’administration». Mais officieusement, c’est l’accumulation d’une longue période de frustrations couplée à un sentiment de malaise depuis la nomination de Sherry Singh, CEO de Mauritius Telecom, à la tête du Transformation Committee à MK, qui aurait provoqué son départ. Interrogé par l’express, Somas Appavou dément que le board lui aurait demandé de partir. «It’s my choice to leave and I have informed the board accordingly. I have accepted an offer to work abroad where I will be able to maximise my input.» Il part donc pour Dubaï.

Certes, depuis le 16 janvier, date de la nomination du patron de MT pour revoir le business model et l’orientation stratégique de la compagnie aérienne, Somas Appavou avait déjà, nous dit-on, pris sa décision. «The writing was on the wall», soulignent des observateurs. Car il se voyait difficilement opérer au sein d’une société où la décision de revoir la structure organisationnelle est confiée à une personne autre que le CEO. Du coup, son entourage ne s’étonne guère de sa décision. «Si ce n’est pas une surprise qu’il était sur le point de partir, en revanche, on s’interroge sur la continuité des opérations au sein de la compagnie; est-ce que d’autres raisons que celles évoquées dans les coulisses du Paille-en-Queue Courtont poussé le CEO de MK vers la sortie ?» se demande Raj Ramlugun, ex-cadre d’Air Mauritius.

Si Somas Appavou note qu’Air Mauritius connaît actuellement une situation difficile, la compagnie, dit-il, commence déjà à remonter la pente grâce au plan de transformation, dont les bases ont été jetées. Et d’ajouter que les recommandations de la firme CAPA sont en train d’être évaluées au niveau du board et seront appliquées comme il se doit. «Nous avons réussi à faire face à de nombreux challenges, dont le plus important demeure la révision du Business Model d’Air Mauritius», affirme-t-il dans une note adressée à son personnel, à qui il dit sa reconnaissance «pour tout votre soutien ainsi que cette belle et enrichissante expérience au sein d’Air Mauritius».

Megh Pillay, ex-CEO d’Air Mauritius, forcé de quitter la compagnie en 2018, pense que Somas Appavou a pris la bonne décision en claquant la porte. Il se dit toutefois triste pour MK et ses employés. «Malheureusement pour eux et pour le pays, il n’y aura pas de lumière au bout du tunnel aussi longtemps que les règles de la bonne gouvernance d’entreprise sont ignorées et que le véritable pouvoir exécutif de MK est basé en dehors du Paille-en-Queue Court.» Pour l’ex-CEO de MK, une compagnie aérienne doit impérativement être sous le contrôle direct d’un directeur général détenant tous les pouvoirs exécutifs de ce poste clé. C’est une règle à ne jamais transgresser au risque d’interdiction de ses vols, insiste-t-il.

Le CEO d’Air Mauritius est ainsi censé être investi de ces pouvoirs à partir du jour de sa nomination car, ce même jour, il est désigné et enregistré comme l’Accountable Manager de MK auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Il devient ainsi le mandataire des espaces aériens survolés et des aéroports desservis par ses avions auprès des autorités régulatrices mondiales. Ces instances ne considèrent que lui et personne d’autre à Air Mauritius comme le garant du bon déroulement des vols opérés par ses avions, 24h sur 24 et 7 jours sur 7. «Au moindre incident, on l’appellerait personnellement et il devrait répondre aux exigences et prendre les décisions qui s’imposent. Il ne peut se cacher derrière des comités, board ou autres paravents sous prétexte que ce sont eux qui décident et non lui. Donc, il va de soi que si la responsabilité ultime des opérations, dont la sûreté et la sécurité des vols, lui échappe, le CEO doit partir. Il serait dangereux de rester en poste et de continuer à faire semblant quand en réalité il est chaperonné par d’autres et qu’il ne jouit plus de pouvoirs exécutifs», soutient Megh Pillay.

 

 

Ces hommes aux commandes

<p>En 53 ans, Air Mauritius aura eu à son bord 11 commandants. Le dernier à occuper ce poste est Somas Appavou qui vient de démissionner. Retour brièvement sur le passage des ces CEO qui ont servi la compagnie aérienne nationale depuis 1967. Un siège visiblement éjectable...</p>

<h3>Amédée Maingard - 14 juin 1967 à janvier 1981</h3>

<p>Ancien soldat, le fondateur d&rsquo;Air Mauritius a fait voler haut la compagnie nationale aérienne durant 14 ans. Soit, jusqu&rsquo;en 1981, année de sa mort, à seulement 62 ans.</p>

<h3>Harry Tirvengadum - 17 février 1981 à 1997</h3>

<p>Il est celui qui a fait le plus long feu aux commandes d&rsquo;Air Mauritius. Soit 16 ans en tant que PDG et une annéecomme président (sous la direction de Nash Mallam-Hassam), jusqu&rsquo;à ce qu&rsquo;éclate le scandale de la caisse noire en 2001.</p>

<h3>Nash Mallam-Hassam - 17 février 1997 à 2000</h3>

<p>À l&rsquo;arrivée du PTr au pouvoir en 1995, le gouvernement d&rsquo;alors, dirigé par Navin Ramgoolam, fait partir Harry Tirvengadum pour faire de la place à Nash Mallam Hassam. Celui-ci sera le troisième et dernier à porter le titre de PDG d&rsquo;Air Mauritius. Il restera jusqu&rsquo;au changement de gouvernement en 2000.</p>

<h3>Vijay Poonoosamy - septembre 2000 à 2001</h3>

<p>Avec l&rsquo;installation au pouvoir de l&rsquo;alliance MMM-MSM, c&rsquo;est Vijay Poonoosamy, frère de Rama Poonoosamy, alors membre actif du MMM, qui prend les commandes du Paille-en-Queue Court. Il n&rsquo;y fera pas long feu et reprendra son poste de conseil légal de MK, avant d&rsquo;être nommé CEO d&rsquo;Airports of Mauritius Ltd et de poursuivre sa carrière à Etihad.</p>

<h3>Vinod Chidambaram &ndash; 2001 à 2003</h3>

<p>Nous sommes toujours sous le règne MMM-MSM. Vinod Chidambaram assurera la transition entre Vijay Poonoosamy et Megh Pillay.</p>

<h3>Megh Pillay - septembre 2003 à 2005</h3>

<p>Il passera de la direction de Mauritius Telecom à celle de MK. En 2005, le nouveau gouvernement en place mené par Navin Ramgoolam lui trouvera un successeur.</p>

<h3>Nirvan Veerasamy - 2005 à 2006</h3>

<p>Connu pour sa proximité avec Rama Sithanen, Nirvan Veerasamy restera une année à la tête de MK.</p>

<h3>Manoj Ujoodha - 2006 à 2010</h3>

<p>Il débarque de la British American Tobacco devenir CEO de la compagnie aérienne nationale. C&rsquo;est sous l&rsquo;ère Ujoodha que les postes d&rsquo;Executive Vice-President seront créés pour chaque département de la compagnie mais surtout que le premier hedging fiasco éclatera. La compagnie assiste alors à un défilé de départs, dont ceux de l&rsquo;ancien directeur financier Cornwell Muleya, et d&rsquo;autres hauts cadres comme Sushil Baguant et Raj Bhujoharry. Manoj Ujoodha se retrouvera, lui, avec un contrat renouvelable mensuellement durant neuf mois.</p>

<h3>Raj Bungsraz - novembre 2010 à 2011</h3>

<p>Jusqu&rsquo;ici, il marque l&rsquo;histoire de MK comme le CEO qui aura été le plus rapidement éjecté de ce siège. Soit 68 jours après sa nomination. Outre son style de management rejeté par la majorité du personnel et ses relations pas au beau fixe avec les actionnaires, on retiendra surtout qu&rsquo;il s&rsquo;était vanté dans une lettre adressée à l&rsquo;ensemble du personnel, d&rsquo;avoir sollicité une rencontre avec sir Harry Tirvengadum, le très controversé ancien PDG de la compagnie, mis en cause dans le scandale de la caisse noire d&rsquo;Air Mauritius.</p>

<h3>André Viljoen - juillet 2011 à août 2015</h3>

<p>Il a débarqué à Maurice en 2009 en tant que directeur financier de MK pour remplacer Cornwell Muleya. Au départ de Raj Bungsraz, il assure l&rsquo;intérim à la direction avant sa titularisation comme CEO en juillet 2011. Coincé entre les décisions prises sous l&rsquo;ancien gouvernement, dont l&rsquo;achat controversé de nouveaux Airbus et la politique du nouveau pouvoir en place, André Viljoen se retirera de ses fonctions fin août 2015.</p>

<h3>Megh Pillay fait son come-back 11 ans après</h3>

<p>Megh Pillay retournera à MK, 11 ans après, soit en mars 2016. Il n&rsquo;y demeurera pas longtemps car, après huit mois il sera évincé de son poste de CEO suivant de profondes divergences entre lui et le chairman d&rsquo;alors, Arjoon Suddhoo. Son court mandat a été marqué par une volonté de redresser la compagnie.</p>

<h3>Somas Appavou tire sa révérence après presque trois ans</h3>

<p>Somas Appavou est un des rares CEO à avoir démissionné de son plein gré de son poste après presque trois ans passés à la direction. Ex-cadre d&rsquo;Airbus, il a soumis sa démission hier.</p>

 

 

 

 

Qui pour succéder ? Nouvelle structure pour chapeauter AML, MDFP et MK

<p>Le board de MK s&rsquo;est réuni d&rsquo;urgence, hier matin. Dans un communiqué émis plus tard dans la journée, il a pris acte officiellement&nbsp; de la lettre de démission de celui qui avait pris la barre de MK en juillet 2017. Il a également avalisé la nomination d&rsquo;Indadev (Raja) Buton comme<em> &laquo;officer-in-charge&raquo; </em>et<em> &laquo;accountable manager&raquo;</em> de MK avec effet immédiat jusqu&rsquo;à nouvel ordre. Toutefois, dans les milieux proches du board, on laisse entendre qu&rsquo;une nouvelle structure organisationnelle devrait émerger du comité de transformation, présidé par Sherry Shing, pour chapeauter trois entités, dont deux ayant des intérêts au sein d&rsquo;Air Mauritius. Il s&rsquo;agit d&rsquo;<em>Air Mauritius</em>, d&rsquo;<em>Airports of Mauritius</em> et de <em>Mauritius Duty-Free Paradise Ltd.</em> Chaque cluster, nous dit-on, aura un CEO qui rapportera au Group CEO. Le nom cité avec insistance pour remplir le poste de Group CEO n&rsquo;est autre que Sherry Singh.</p>