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Routes de la Soie: au Sri Lanka, la Chine finalise une «cité portuaire»

16 janvier 2019, 21:12

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Routes de la Soie: au Sri Lanka, la Chine finalise une «cité portuaire»

La Chine, qui avait mis la main sur un port en eau profonde au Sri Lanka, a finalisé mercredi un autre projet titanesque dans le pays: un ambitieux chantier de «cité portuaire», une nouvelle infrastructure des controversées «Routes de la Soie» déployées tous azimuts par Pékin pour renforcer son influence.

Piloté par le groupe étatique chinois Communications Construction Company (CCCC) pour un coût total de 1,4 milliard de dollars, la «Port City» est un complexe immobilier et portuaire à proximité de la capitale Colombo, sur 2,7 km2 gagnés sur la mer. Les deux tiers seront sous contrôle chinois pour 99 ans.

«C’est un important projet des Nouvelles routes de la Soie» le vaste réseau d’infrastructures lancées par le président chinois Xi Jinping à travers l’Asie, l’Afrique et l’Europe, et «le Sri Lanka est l’un des pays cruciaux des routes de la Soie maritimes», s’est félicité mercredi l’ambassadeur chinois Cheng Xueyuan.

«Peu importe les bouleversements internationaux, la Chine accordera toujours une grande importance aux relations sino-sri-lankaises», a-t-il martelé lors d’une cérémonie d’achèvement de chantier.

Lancé durant le mandat de l’ex-président Mahinda Rajapakse, qui avait initié un vigoureux rapprochement avec la Chine, ce projet a avivé les craintes sur les ambitions chinoises dans l’Océan Indien, l’Inde s’inquiétant particulièrement de voir Pékin contrôler des infrastructures stratégiques à ses portes.

Et ce, alors que le Sri Lanka a enregistré de retentissants déboires sur un autre projet des «Routes de la Soie»: incapable de rembourser des prêts souscrits auprès de Pékin pour l’aménagement du port en eau profonde de Hambantota, l’île a dû céder fin 2017 le contrôle complet de l’infrastructure... à la Chine pour 99 ans.

Un aéroport à proximité, financé par la Chine et construit dans la circonscription de M. Rajapakse au milieu de deux réserves naturelles, s’est par ailleurs révélé un «éléphant blanc»: aucun vol régulier n’y décolle.

Pékin est volontiers soupçonné de vouloir constituer dans l’Océan indien un «collier de perles», une référence aux différents ports où la Chine possède des intérêts directs, comme ceux de Gwadar (Pakistan) ou de Djibouti (où elle possède désormais une base militaire)... tout en accroissant la dépendance de pays déjà très endettés.

Le port de Colombo est une plateforme stratégique pour le trafic des cargos pour les exportations et importations de l’Inde, et le nouveau complexe immobilier est situé juste à son entrée.

Patali Champika, le ministre sri-lankais en charge du projet, a balayé les inquiétudes en assurant que la «cité portuaire», qui doit abriter un nouveau quartier financier, ne menacera en rien la souveraineté du pays ni ne sapera la sécurité de la puissance régionale, l’Inde.

Les prêts de la Chine, qui a détrôné le Japon comme le principal pays à soutenir financièrement le Sri Lanka, arrivent à un moment critique pour le petit pays insulaire, dont les trois grandes agences de notation ont abaissé drastiquement la note après une crise politique l’an dernier, compliquant son accès aux marchés internationaux.