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Sudesh Rughoobur le provocateur

19 novembre 2018, 21:00

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Sudesh Rughoobur le provocateur

Il est souvent dans l’actualité. La plupart du temps pour de mauvaises raisons, comme des contrats publics octroyés à ses sociétés ou des suspiscions de fraude fiscale. Sudesh Rughoobur, député du MSM de la circonscription n°6, Grand-Baie–Poudre-d’Or, est connu pour ses prises de position tranchées, allant parfois à l’encontre de la politique gouvernementale.

C’est le cas actuellement pour la construction de la route de contournement entre Grand-Baie et Cap-Malheureux. Il demande au ministère des Infrastructures publiques de revoir l’alignement de la route, afin de protéger une centaine d’arbres à Anse-la-Raie. D’ailleurs, hier, dimanche 18 novembre, il s’est affiché serrant un arbre à Anse-La-Raie lors d’un «tree-hugging» organisé par le collectif Protect Anse-la-Raie.

«Il a déjà fait ses preuves comme député et il est de tous les combats, surtout ceux en faveur des plus démunis.»

Ses questions parlementaires sont pertinentes et il n’hésite pas à critiquer des projets de loi, comme le Small and Medium Enterprises Bill, présenté par le ministre Sunil Bholah. Mardi dernier, 13 novembre, il a adressé une série de questions au ministre concerné, pour savoir où en sont les choses après l’adoption de ce projet de loi. Faisons un bref survol du parcours de ce député, célibataire endurci, qui vit avec sa mère à Rivière-du-Rempart.

Natif de Pamplemousses, Sudesh Rughoobur perd très jeune son père, artisan à l’établissement sucrier de Beau-Plan. Après ses études supérieures (il détient un Master in Business Administration de l’université de Birmingham), il devient enseignant de comptabilité au collège Lorette de Port-Louis. Il y travaille pendant cinq ans, avant d’être recruté dans le département des ressources humaines d’une compagnie privée.

En 1997, il lance avec son frère la société Keep Clean, spécialisée dans le service de nettoyage. Cette compagnie a diversifié ses services et compte quelque 1 200 employés actuellement. La politique intéresse Sudesh Rughoobur depuis son plus jeune âge. Il se joint au MMM dans les années 80 et devient même le président de l’aile jeune de ce parti entre 1993 et 1994. Il voue une grande admiration à Paul Bérenger, qu’il respecte.

À partir de 1997, il se concentre sur l’entreprise familiale. Après que Madun Dulloo, alors ministre des Affaires étrangères et député du n°6, a été révoqué du gouvernement de Navin Ramgoolam en mars 2008, Sudesh Rughoobur se rapproche du PTr. Il pensait qu’ayant le même profil que l’ancien ministre, il obtiendrait une investiture rouge au n°6 pour les prochaines élections. Il sillonne la circonscription et y sponsorise plusieurs activités sportives et sociales, ce qui augmente sa popularité. Toutefois, sa déception est grande quand, en alliance avec le MSM, le PTr ne lui accorde pas d’investiture en 2010.

En 2013, il est approché par le MSM. Il sait que s’il adhère à ce parti, qui se trouvait alors dans l’opposition, son business familial pourrait connaître des difficultés. Mais voulant à tout prix devenir député, il n’hésite pas à intégrer le MSM car il était sûr d’obtenir une investiture. Chose faite quelques mois avant les élections de décembre 2014. Il est élu.

Backbencher, il fait montre de ses couleurs dès le départ, au Parlement, n’hésitant pas à interroger le Premier ministre d’alors, sir Anerood Jugnauth, sur des sujets aussi sensibles que la drogue synthétique ou l’emploi des jeunes. Il est apprécié par l’opposition MMM et PTr.

Alors qu’il intervenait sur un projet de loi présenté par le ministre Nando Bodha, ce dernier était allé s’asseoir à l’arrière de l’Hémicycle pour parler à des fonctionnaires. Mécontent de l’attitude du ministre, le leader du MMM, Paul Bérenger, a fait remarquer à la speaker que le ministre se montrait irrespectueux envers l’orateur. Nando Bodha a été rappelé à l’ordre et il a regagné rapidement sa place.

En outre, Sudesh Rughoobur aime poser des questions et il les envoie au secrétariat de l’Assemblée nationale des semaines, voire des mois en avance. Si bien que ses quatre questions hebdomadaires figurent toujours en première position de l’Order Paper, une tranche de questions connue comme le «Rughoobur time».

Sangeet Fowdar, son colistier, le décrit comme une personne sincère et dévouée. «C’est un plaisir de travailler avec quelqu’un de si compréhensible. Il privilégie le travail d’équipe et je peux dire qu’il est aimé de tout le monde», affirme Sangeet Fowdur.

«Sudesh Rughoobur est un rude travailleur et bien que certains au sein du MSM tentent de lui lier les mains, il trouve toujours moyen de venir en aide à ceux qui font appel à lui.»

Or, par ses prises de position, Sudesh Rughoobur est devenu la bête noire de nombreux ministres et parlementaires du MSM. Mais son travail de député est, semble-t-il, apprécié par certains mandants. Ainsi, Ashil Ramkissoon, travailleur social de Grand-Gaube, soutient que Sudesh Rughoobur est un député de proximité, qui n’hésite jamais à descendre sur le terrain. «Il a déjà fait ses preuves comme député et il est de tous les combats, surtout ceux en faveur des plus démunis.»

Showkutally Choychoo, président de The Vale Muslim Association, connu pour être proche du PTr, trouve regrettable que les rouges ne lui aient pas accordé d’investiture en 2010. «Sudesh Rughoobur est un rude travailleur et bien que certains au sein du MSM tentent de lui lier les mains, il trouve toujours moyen de venir en aide à ceux qui font appel à lui.»

Artnell Parsad, des Forces vives de St-François, raconte, lui, qu’à n’importe quel moment où les habitants ont besoin de lui, Sudesh Rughoobur arrive en quatrième vitesse, même en tenue de maison. «Li réglé boukou problem isi.»