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Stratégie industrielle: l’Economic Development Board en mode combatif

14 novembre 2018, 22:25

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Stratégie industrielle: l’Economic Development Board en mode combatif

La transformation économique du pays passera inévitablement par un renouvellement de notre stratégie d’industrialisation. L’Economic Development Board (EDB) est aujourd’hui le seul organisme dont le mandat permet d’être le lien entre les autorités, le secteur privé et les investisseurs étrangers dans cet élan de renouvellement.

Charles Cartier, chairman d’EDB, estime qu’il faut se donner les moyens de ses ambitions et donc être ouvert au changement. Il note que l’élaboration de stratégies de développement doit se faire en parallèle avec la promotion de l’investissement pour assurer une croissance économique tangible et viable sur le long terme. Le chairman de l’EDB souligne enfin qu’au-delà de la stratégie et de la promotion, l’implémentation est cruciale, car, effectivement, c’est la seule mesure de succès de la mission de l’EDB.

Notre politique d’industrialisation actuelle repose sur deux axes complémentaires : d’une part, le développement d’une économie davantage orientée vers l’exportation, en particulier dans des industries émergentes et vers de nouveaux marchés et, d’autre part, la substitution à l’importation avec le renforcement de la base manufacturière locale.

Exportation

Dans un contexte économique mondial incertain, nos industries traditionnelles ont été impactées. En effet, la hausse du prix des carburants, la possibilité de guerres commerciales avec les États-Unis, les défis de la productivité comparée et les problèmes découlant du Brexit ont provoqué une baisse de nos exportations traditionnelles, qui sont estimées cette année à Rs 52,3 milliards, soit Rs 1,4 milliard de moins qu’en 2017.

Cependant, le développement de nouvelles activités, notamment celles liées au port franc, est venu compenser, si bien que les estimations pour 2018 montrent que l’on générera environ Rs 83,5 milliards de revenus en devises, contre Rs 81,3 milliards en 2017. Depuis 2016, le pays a vu une croissance régulière des activités de ravitaillement et d’avitaillement des navires. Selon les chiffres disponibles, ces activités devraient passer à Rs 13,2 milliards cette année contre Rs 6,4 milliards en 2016. Ces chiffres reflètent le bon positionnement de Maurice dans ce secteur et l’EDB considère cette activité comme ayant un potentiel de croissance encourageant.

L’EDB est aussi engagé dans des activités de promotion dynamiques pour diversifier les marchés d’exportation du pays.

Maurice a longtemps exporté principalement vers des marchés avec un accès préférentiel. Toutefois, au cours de la dernière décennie, les préférences commerciales accordées à Maurice se sont amenuisées. La recherche de nouveaux marchés s’est donc révélée cruciale et nos accords avec des blocs régionaux comme la SADC et le COMESA nous ont permis de limiter les dégâts. Ainsi, les exportations vers la région africaine représentent désormais plus de 21 % des exportations totales, contre 13 % en 2008, avec des augmentations notables des exportations vers les marchés sud-africain et kenyan. La stratégie de promotion adoptée par l’EDB a pour but l’identification des marchés les plus prometteurs et d’amener nos industries à produire en conséquence.

Sur le plan sectoriel, certains nouveaux produits figurent dans le top 15 de nos exportations, notamment les instruments médicaux, qui ont connu une croissance soutenue au cours des dix dernières années. Les exportations d’instruments médicaux sont passées de Rs 238 millions en 2008 à Rs 882 millions en 2017 vers des marchés tels que la France, l’Inde et les États-Unis. L’EDB est chargé de créer l’espace nécessaire pour accueillir davantage d’industries de ce type. La mise en place du Rose Belle Pharmaceutical and Life Sciences Park donne ainsi aux opérateurs investissant dans ces créneaux un lieu d’opération qui correspond à leurs besoins et à nos ambitions nationales de développement.

Compétences

«Pour effectuer adéquatement un virage stratégique de notre politique d’industrialisation, il est aussi primordial de booster l’employabilité dans les secteurs émergents. De ce fait, nous devons miser sur le développement continu des compétences locales, attirer d’autres talents, et créer de nouvelles catégories d’emploi à hauts revenus de par le niveau de technicité requis. L’EDB facilite l’émergence de ces nouveaux secteurs, cruciaux à la refonte de l’architecture économique du pays», souligne Charles Cartier.

Selon ‘The Future Of Jobs Report 2018’ du Forum Économique Mondial, les industries nouvelles verront la création de 133 millions nouveaux emplois à hauts revenus dans les années à venir. Le rôle de l’EDB est d’anticiper déjà cette prévision et de capter notre part avec, notamment, une politique d’ouverture. «Il faut rompre l’insularité de Maurice en faisant davantage appel aux compétences étrangères et en augmentant la connectivité. Il faut une ouverture pour attirer les meilleurs, peu importe le domaine, tout en sachant faire le tri et choisir ceux qui peuvent réellement apporter de la valeur ajoutée. Toutes les régions qui ont réussi à bien se développer ont adopté de telles politiques d’ouverture (Taïwan, Singapour, Dubaï...)», souligne le chairman de l’EDB.

Immobilier et développement économique

La croissance de l’industrie de la construction en 2018 est estimée à 9,5 % contre 5 % en 2017. Pour ce qui est de la croissance de l’investissement dans ce secteur, elle est passée de 6,8 % en 2017 à 10,2 % en 2018 (estimations).

En termes de valeur, l’investissement dans l’immobilier en 2018 sera de l’ordre de Rs 28,3 milliards, avec des investissements locaux de Rs 18,2 milliards et des investissements étrangers de Rs 10,1 milliards. Ces investissements concernent l’immobilier, les Smart Cities, les hôtels, l’industrie et les loisirs.

Les infrastructures jouent un rôle capital dans la croissance, la compétitivité et la création d’emplois, bien évidemment.

«Par infrastructures, il faut entendre les moyens matériels lourds nécessaires à l’activité sociale, économique, politique, scientifique. Prenons le cas du bâtiment. Souvent, à Maurice, on pense que l’EDB ne fait que favoriser la vente de biens immobiliers aux étrangers. Or, notre rôle est d’assurer que le pays dispose d’infrastructures adéquates, y compris en termes de bâtiments, pour accompagner le développement économique que nous envisageons», souligne Charles Cartier.

C’est pourquoi l’EDB est aussi impliqué dans le développement de parcs industriels abritant des bâtiments conçus de manière adaptée afin d’attirer de nouvelles activités économiques, notamment les industries émergentes.

Le chairman de l’EDB note aussi l’évidence que «La construction, par exemple à travers les parcs industriels, est un outil qui permet de réaliser notre stratégie en ce qu’il s’agit de la production locale. De même, en ce qui concerne notre stratégie pour le tourisme, le bâtiment permet de satisfaire les besoins de l’industrie vu le nombre croissant de touristes que le pays accueille d’année en année».