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Metro Express: les casseroles de Larsen & Toubro

3 août 2017, 21:07

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Metro Express: les casseroles de Larsen & Toubro

Depuis la signature du contrat de construction du Metro Express, entre le gouvernement mauricien et la compagnie indienne Larsen & Toubro (L&T), beaucoup d’interrogations ont été soulevées. La compétence de cette entreprise à construire le Metro Express sur 26 km, entre Curepipe et Port-Louis, est mise en doute. Plusieurs articles de presse parus en Inde et dans les pays du Moyen-Orient indiquent que L&T a été impliquée dans plusieurs incidents ; corruption ou accidents sur des chantiers. Mais le président de la compagnie Metro Express Ltd, Sateeaved Seebaluck, affiche la satisfaction gouvernementale au sujet du choix de la compagnie d’ingénierie.

«Péna nanrien pou diskalifié Larsen & Toubro avek Moris.» Selon Sateeaved Seebaluck, le gouvernement a fait le bon choix. L&T a décroché le contrat du projet de Metro Express pour la somme de Rs 18,8 milliards, sans dépassement de coût, alors que l’autre soumissionnaire, Afcons, avait fait une offre de plus de Rs 20 milliards.

Il explique que toutes les procédures ont été suivies. «Les consultants singapouriens ont fait une évaluation ainsi qu’un exercice de due diligence. Ni Larsen & Toubro ni Afcons ne sont des compagnies inconnues pour les consultants. Ils sont satisfaits.» Les consultants ont été rigoureux et prudents, dit-il. «Il n’y a aucun problème avec Larsen & Toubro.»

Sateeaved Seebaluck précise que c’est le gouvernement indien qui a proposé les noms de L&T et d’Afcons car les deux compagnies d’ingénierie sont considérées comme les meilleures dans la Grande péninsule, dans le domaine de la construction et de l’infrastructure. D’ailleurs, il affirme que c’était une des conditions du «grant» du gouvernement de Narendra Modi, soit de travailler avec un constructeur indien.

Pratiques frauduleuses

L&T a été au cœur de plusieurs incidents. Le 7 mars 2013, la World Bank Sanction Board a pris la décision d’exclure L & T, pour six mois, de tout contrat suite à des pratiques frauduleuses d’un de ses cadres, pour un projet sanitaire en Inde. Les allégations portaient sur la soumission d’une offre pour un contrat sur la fourniture d’équipements médicaux sous l’India Tamil Nadu Health Systems Project.

Le département d’ingénierie et d’infrastructures de L&T avait affirmé que la sanction de six mois infligée par la Banque mondiale n’aurait pas d’impact significatif sur son business et que le groupe a pris des mesures nécessaires pour empêcher que ce genre d’incident ne se reproduise. Pour Sateeaved Seebaluck, plusieurs compagnies peuvent être officiellement exclues de ce type de contrats pendant un certain temps. «Larsen & Toubro a cependant retravaillé avec la World Bank pour un contrat.»

Le 21 avril 2017, c’est au tour du syndicat indien Loyal Tigers Welfare Association de faire des allégations d’irrégularités contre les directeurs de L & T, sur la vente du business de ciment de la compagnie, en 2004-2005, à Grasim, une compagnie de la multinationale Aditya Birla Group. On accusait le président sortant du conseil d’administration de L&T, A.M. Naik, d’avoir empoché Rs 6 milliards de roupies indiennes, soit Rs 3,4 milliards, sur cette vente.

Gulf News publie le 17 février 2014 que la cour de première instance à Muscat, à Oman, a renvoyé trois procès dont l’un concernait le Project Manager du gisement pétrolier de Saih Nihayda et de l’Al Khuwair Gas Station, de même que le Chief Executive Officer (CEO) et le directeur de Business Development & Tenders de L&T.

Ce dernier a admis en cour qu’il a soudoyé le directeur de projet du gisement pétrolier de Saih Nihayda et de l’Al Khuwair Gas Station d’Oman sur ordre du CEO de L & T. Au final, l’employé de Larsen & Toubro Electromechanical Company a été jugé coupable et condamné à cinq ans de prison, avec une amende de 137 400 riyals, soit Rs 11 millions.

L & T a aussi été impliquée dans des incidents sur des chantiers. Le 21 avril 2016, L&T entreprenait la construction du métro de Lucknow lorsqu’un segment s’est effondré, blessant trois personnes. Un audit de sécurité a été effectué par le quartier général de L&T sur le site. Des lacunes dans la construction ont été détectées et les officiels ont été tenus pour responsables de l’accident.

Un autre incident remonte au 13 mars dernier, à Hyderabad. Une femme a subi des blessures à la tête lorsqu’une barre de fer lui est tombée sur le crâne, sur le chantier de la construction du Hyderabad Metro Rail. Les représentants de L & T, qui ont qualifié cet accident de «freak», ont initié une enquête.

Il y a aussi eu un grave accident sur le chantier du Chennai Metro Rail Limited, à St Thomas Mount, le 10 janvier 2013. L’enquête a révélé une négligence de la part de l’ingénieur du chantier, suivant l’effondrement d’une poutre. Un ouvrier a été tué et trois autres blessés. L’ingénieur avait été engagé par L&T.

L’express a sollicité la compagnie, en Inde, en vain.

Les travaux démarrent début septembre

<p>La deuxième semaine de septembre. C&rsquo;est la date à laquelle Metro Express Ltd veut que les travaux débutent. La compagnie responsable du métro compte envoyer une correspondance en ce sens à L &amp; T, en Inde, en fin de semaine. À une question sur la personne qui représente L &amp; T à Maurice, Sateeaved Seebaluck a affirmé ne pas connaître le représentant local. &laquo;<em>Nous traitons directement avec L &amp; T en Inde.&raquo;</em> Or, dans le milieu, le nom de Gianchand Dewdanee, un des deux suspects arrêtés dans le sillage de la saisie de 135 kg d&rsquo;héroïne au port, circule.</p>