Richard Gourel de St-Pern est  hypnothérapeute certifié depuis février 2011, ayant son cabinet à Vacoas. Avec la tenue prochaine à Maurice d’un séminaire d’hypnose, il veut démystifier cette pratique.

Comment hypnotisez-vous une personne ? 
Il faut comprendre que l’hypnose est avant tout un état de relaxation physique et mental. Pour arriver à ce point, il faut passer par un pic d’anxiété. Un hypnotiseur, avec ses mains et ses paroles, provoque cette anxiété. Une fois arrivée au pic, une personne à deux façons de se défendre : l’agressivité ou le calme, qui est l’état d’hypnose, le sommeil. Une fois une personne hypnotisée, il est possible de la faire retomber dans cet état à tout moment. Par le biais de suggestion, l’hypnotiseur arrive aux résultats voulus.

Dans cet état de sommeil, est-il possible de faire ce que l’on veut du patient ?
Impossible ! Un sujet sous hypnose n’est pas aussi vulnérable. Le mot sommeil est utilisé mais il ne dort pas vraiment. Si une suggestion de l’hypnotiseur va à l’encontre des principes et des valeurs de la personne, la suggestion ne prendra pas effet sur le patient. Un sujet, sous hypnose, donne son accord à l’hypnotiseur. Sans cet accord, il est impossible de lui faire suivre une suggestion. 

L’hypnose est entouré d’un certain mythe, avec les claquements de doigts, les pendules, le sommeil lourd. Pourquoi ?
C’est un amalgame entre les deux styles d’hypnose. Il faut faire la différence entre l’hypnothérapie et l’hypnose de scène. Les hypnotiseurs de scène sont là pour distraire un public, d’où le coté mise en scène théâtrale. L’hypothérapie aide à surmonter des troubles ou des obsessions.

Y a-t-il des différences fondamentales ? 
Oui et non. Les deux hypnoses partagent des points communs mais ne fonctionnent pas de la même façon. L’hypnose de scène fait la part belle à la théâtralité, avec des accessoires. L’hypnotiseur cherche des volontaires dans le public ; il les teste avec des actions simples pour ne garder qu’uniquement les plus réceptifs. Ces derniers auront des réactions drôles suivant les suggestions, comme imiter un personnage ou un animal. 
 
Et l’hypnothérapie alors ? 
Le thérapeute prend du temps pour discuter avec son patient, le comprendre et l’aider à résoudre ses problèmes comme l’anxiété, les addictions ou comment gérer ses émotions. L’hypnose ne se fait pas seule. Il y a une partie de coaching et le patient n’est pas dans le même état d’esprit. Il y a une volonté de changer. 

L’hypnothérapie a-t-elle du succès à Maurice ? 
Oui, plus que l’on ne le croit. Ça passe à la télévision dans des documentaires et certains patients ont eu des séances d’hypnothérapie avec un succès fulgurant. Cela attire.

C’est un phénomène de mode alors ?
Non certainement pas. L’hypnose existe depuis des années, elle est même pratiquée dans la médecine dite moderne. Elle aide des patients souffrant de crise d’angoisse et est utilisable dans des opérations sans anesthésie. Certains psychologues et médecins suivent des cours d’hypnose. L’hypnothérapie fonctionne et a eu un intérêt récent mais ce sont plus les résultats qui parlent.

Les médecines traditionnelles comme l’acupuncture ou les massages ont connu un engouement. L’hypnose tombe-t-elle dans la même veine ? 
Pas du tout. Dans  l’hypnothérapie, il n’y a pas de «transfert d’énergie» ou «d’aura», ou encore de «puissance interne». Si un hypnotiseur fait usage de ces mots, c’est pour le show et c’est plus proche de l’hypnose de scène. Les hypnothérapeutes passent du temps à discuter avec leurs patients et à les coacher. Nous faisons usage de cet état de sommeil mais il y a rien de magique dedans.

Combien de temps en moyenne prend un patient pour «guérir» ? 
Ca dépend de la réceptivité du patient à la suggestion et à l’hypnose. Cela ne se fait pas en un claquement de doigt mais c’est rarement très long, puisqu’ils ont envie de réussir.