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Assad au sommet d'une liste de criminels de guerre présumés

11 juin 2014, 07:20

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Assad au sommet d'une liste de criminels de guerre présumés

 

Vingt dossiers d'inculpation concernant des responsables syriens, dont Bachar al Assad qui figure en tête de liste, et des membres de l'insurrection ont été remis à la Cour pénale internationale (CPI) en vue de poursuites pour crimes de guerre, a annoncé mardi le directeur du Syria Accountability Project.

 

Chacun des dossiers mentionne une atteinte spécifique aux statuts de Rome, sur lesquels se fonde la CPI, a poursuivi David Crane, qui fut procureur du tribunal spécial pour la Sierra Leone. Quatre autres listes confidentielles de criminels de guerre présumés ont été dressées par des enquêteurs de l'Onu, mais aucun nom n'a été divulgué.

 

David Crane n'en a pas cité d'autre que celui d'Assad mais il précise que sa liste comporte ceux d'autres représentants de l'élite politique et militaire ainsi que de membres de l'Etat islamique en Irak et au Levant et du Front al Nosra. «Nous avons une vingtaine d'inculpations concernant ceux qui portent le plus de responsabilité. Il s'agit d'une initiative neutre. Nous ne nous en prenons pas qu'à Assad et à ses sbires, mais nous documentons tous les incidents survenus des deux côtés», a-t-il expliqué après une réunion avec d'autres anciens procureurs consacrée à la torture dans les centres de détention syriens.

 

Les 55.000 clichés fournis par un photographe de la police militaire syrienne surnommé «César» ont apporté des «preuves évidentes» du recours systématique à la torture et du décès de 11 000 détenus dans des conditions qui évoquent les camps de concentration nazis, ont souligné les intervenants.

 

«Nous obtenons rarement ce genre de preuves, qui sont pour la plupart circonstanciées», a observé David Crane. Les photos, qui montrent par exemple des victimes dont les yeux ont été arrachés et qui présentent des signes de malnutrition, ont été publiées en janvier.

 

«Qu'on ne s'y trompe pas, ces photos ne peuvent pas avoir été truquées. C'est la conséquence de ce qui s'est passé au sommet de la chaîne de responsabilité. Il ne s'agit pas d'un acte commis par un colonel incontrôlable ou un commandant fou, mais de la politique du gouvernement», a quant à lui affirmé Sir Desmond de Silva, co-auteur d'un analyse des photos de ce César et ancien procureur en chef pour la Sierra Leone.

 

David Crane, professeur à la faculté de droit de l'université de Syracuse, dans l'Etat de New York, a créé le Syria Accountability en 2011 pour répertorier les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par les deux parties. Ses dossiers comptent aujourd'hui 1 400 pages d'allégations crédibles avec date, lieu et auteur présumé, dit-il.