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Dr Sébastien Martial: «L’eau souterraine peut fournir 100 % de notre consommation»

5 février 2023, 18:00

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Dr Sébastien Martial: «L’eau souterraine peut fournir 100 % de notre consommation»

Voici une approche ludique à l’épineuse question de l’eau. Sébastien Martial est géologue, plus précisément hydrogéologue, soit spécialiste de l’eau souterraine. Cela fait 10 ans qu’il fouille le sol mauricien au sein de Water Research Company Ltd. Ne comptez pas sur lui pour sensationnaliser le débat autour de la sécheresse et des inondations. En fin technicien, il a une approche froide… presque glaciale.

La caricature de l’«express» ce matin (NdlR : vendredi) montre une maison inondée, mais pas d’eau dans les robinets. Quelle ironie, n’est-ce pas ?

Cela représente bien la situation actuelle. Les rivières sont une des sources d’approvisionnement de la CWA. Quand il pleut autant, les stations de traitement ne peuvent pas fonctionner pour la bonne et simple raison qu’il y a trop de boue et de détritus qui y convergent. Dépendant du water supply qui vous alimente, vous êtes plus ou moins exposé à ce risque. Moi, j’habite à Pailles et je suis condamné puisque la station de traitement associé au municipal dyke de GRNO cannot cope with that. Maintenant je ne sais pas si le réseau de la CWA est flexible au point de lui permettre de changer de point d’alimentation pour une région quand celle-ci est affectée.

Ça dure depuis combien de temps cette situation ?

La population augmente, les besoins augmentent, le développement augmente. La consommation totale suit cette tendance depuis des années. La question est : est-ce que les nouvelles ressources arrivent à suivre la tendance ? Est-ce que le réseau hérité des Anglais, quand il n’y avait que 500 000 personnes et que Mare-aux-Vacoas et les petits réservoirs suffisaient, a suivi le rythme démographique ? Est-ce qu’il y a eu une réflexion organique ou des petits ajustements bout par bout ? C’est la CWA qui peut y répondre. Mais la question d’adaptation aux besoins grandissants est centrale dans l’équation.

Visiblement la réponse à vos questions, c’est «non». Peut-on toujours combler ce retard ?

Cela dépend de la façon dont on va investir. Si tout l’argent va dans la réparation des tuyaux ou dans les nouvelles connections, on n’y arrivera pas. Il faut vérifier si la part d’investissement dans les sources additionnelles (forage, captage en rivière, réservoirs) correspond bien à la croissance des besoins et si un effort est fait pour accroître la flexibilité de la distribution permettant de privilégier une source plutôt qu’une autre selon l’évolution de sa capacité respective d’exploitation : on doit pouvoir fermer un robinet quand une source se tarit et la remplacer par une autre source.

Votre expertise, c’est l’eau souterraine. Sommes-nous en train de maximiser son utilisation ?

Probablement pas. Autrefois les boreholes n’existaient pas et on n’utilisait que l’eau de surface ; réservoirs et rivières. Aujourd’hui on est dans un ratio 50-50 eau souterraine, eau de surface. Je suis intimement convaincu qu’il y a de la place pour plus de boreholes…

(On l’interrompt). 50-50 c’est déjà pas mal, non ?

Le mix idéal pour moi aurait été de s’alimenter à 100 % des boreholes durant les sept à neuf mois de l’année où les nappes sont au plus haut et utiliser l’eau des réservoirs de surface le plus tard possible dans l’année. Les réservoirs seraient notre savings account. Comprenez bien : ce qu’on ne pompe pas de la terre, part à la mer. C’est comme les rivières. Avec la pluviométrie à Maurice, c’est insensé qu’on soit dans un stress hydrique. Si on était dans la situation d’Israël, de l’Egypte, des pays qui recueillent quatre à cinq fois moins de pluie que nous, j’aurais compris.

Vu notre pluviométrie annuelle, tout n’est qu’une question d’exploitation des ressources. Bien sûr, on ne trouvera pas la même quantité d’eau partout. Dans la région du Morne, il n’y a pas d’aquifère. Là-bas, ça ne sert à rien d’aller chercher, il n’y aura que de l’eau salée. Par contre, il y a des endroits déjà identifiés comme la vallée de Beaux-Songes. Toute l’eau du plateau central passe par là pour aller à Flic-en-Flac. Et là, même si on est au bord de la mer, on fouille et on trouve de l’eau douce. Il y a d’autres endroits comme ça : Belle-Rose-Clémencia vers Bel-Air, Cluny, Camp-Thorel, etc. L’idée serait qu’à une distance raisonnable de la côte, environ 2 à 3 km pour éviter l’intrusion saline, une batterie de forages permettent de minimiser la part d’eau souterraine qui finirait en mer et de l’envoyer plutôt vers nos robinets.

«Les forages pourraient être utilisés pour ‘’replenish’’ les réservoirs pour contre-balancer l’évaporation. Quand le niveau des forages devient un peu critique, c’est alors qu’on commence à se servir du ‘’savings account’’.»

Ce que vous nous dites comme ça de mémoire, est-ce que c’est documenté ?

C’est en partie connu. Mais on peut toujours chercher à en savoir plus.

Des autorités ?

(Il banalise la question). Ah oui, oui, oui. Les autorités le savent. Des modèles numériques de simulation ont même été réalisés. Il y a beaucoup d’informations qui ne sont pas forcément disponibles pour vous et moi mais qui existent à la Water Resources Unit (WRU). Par contre, nous, en tant qu’opérateur privé, nous avons un portfolio d’une cinquantaine de compagnies qui nous confient la responsabilité du suivi de leurs boreholes et du conseil de leur utilisation optimale ; juste ça, c’est une source de données. C’est à la suite de la sécheresse de 1999 que tout cela a commencé à l’initiative du précédent directeur M. Cyril Curé. 1999 fut un élément déclencheur. La sècheresse de ces trois derniers mois, croyez-moi, n’a absolument rien à voir avec celle de 1999-2000.

Donc post-1999, nous nous étions mis sur la bonne voie ?

Oui bien sûr. Est-ce que la sècheresse de 2022 servira à quelque chose, l’avenir nous le dira. De ce que je vois des records dont je dispose – je vous parle des 50 à 70 boreholes de nos clients – je peux vous dire que cette année n’a pas été plus dramatique que les années précédentes. On est à 1m/1m50 en dessous de l’étiage des années précédentes. Ce n’est pas dramatiquement exceptionnel.

Donc quand les journaux publiaient tous les jours «2 semaines de réserve, 1 semaine de réserve», on avait, sous nos pieds, de l’eau à en revendre ?

Le niveau était bas, mais on en avait encore. C’est ce qui nous a permis de tenir. Si on n’avait que les réservoirs, on serait mort depuis longtemps. Mais les forages ne contribuent qu’à 50 % de nos besoins. Ce que je dis, c’est qu’on pourrait développer le parc de forages pour tendre vers les 100 % et comme ça, on ne toucherait pas aux réservoirs. Au contraire, les forages pourraient être utilisés pour replenish les réservoirs pour contrebalancer l’évaporation. Et quand le niveau des forages devient un peu critique, c’est alors qu’on commence à se servir du savings account.

À vous entendre, ça a l’air tout simple. Pourquoi on ne le fait pas ?

À mon avis, c’est surtout lié au manque de flexibilité du réseau, du positionnement des stations de traitement. La CWA pourra mieux vous répondre que moi sur ce point. Pas mal d’études ou de master plans ont déjà été publiés, mais je ne crois pas que cet aspect de la solution y ait été central.

La croyance populaire, c’est que l’eau souterraine est déjà potable.

L’avantage, c’est qu’en traversant la terre, l’eau se filtre déjà. Mais elle est aussi sujette à la contamination. L’eau usée de tous les septic tanks qui débordent avec cette pluie-là, finira dans l’eau souterraine. Donc après les grosses pluies comme ça, les eaux de rivière ne sont pas terribles mais les eaux souterraines ont aussi des pics de contamination. Je conseille toujours à mes clients d’ajuster leur traitement d’eau après les grosses pluies. Ce sont des problèmes qui sont manageable tant qu’on en est conscient, qu’on effectue les suivis requis et qu’on procède aux ajustements nécessaires.

Et si on demandait à chaque développeur foncier de creuser un «borehole» ?

Ça se fait déjà. Du moins pour les gros développements. Je ne sais pas pour les petits et moyens, mais la CWA s’est rendu compte l’année dernière qu’elle ne pouvait plus émettre des lettres de confort aux promoteurs pour leur dire «nous allons vous fournir de l’eau». Depuis l’année dernière, la CWA leur demande d’aller trouver leur point d’eau. Déjà le premier forage en ce sens a été livré à Albion pour un projet de Médine et vous savez quoi ? Le forage fournit le double des besoins. Donc c’est Albion en contre-bas qui en bénéficie car le surplus est injecté dans le réseau de la CWA. C’est tout bénéfice pour la CWA. L’opérateur privé se débrouille pour assurer son alimentation en eau et la CWA obtient le surplus.

Et l’opérateur privé paie la CWA !

Oui bien sûr. Ce qui est sous votre terrain ne vous appartient pas. Pour n’importe quel forage, il faut un permis délivré par la CWA dont la procédure pourrait être sans doute accélérée. Et l’eau qui est pompée est facturée. Si le permis est agricole, le client paie 70 sous le m3, si c’est industriel, c’est Rs 7,70 le m3 en sus du compteur. Sachez que les surplus ne sont pas systématiquement injectés dans le réseau de la CWA. Déjà là, sans qu’on ait à creuser des forages additionnels, on pourrait récupérer les capacités non-utilisées des forages privés existants ou même les forages abandonnés.

Ça existe ?

Bien sûr. La CWA a commencé à le faire du côté de Bambous. Mais des usines textiles ont fermé et leurs forages sont à l’abandon, par exemple. C’est de l’eau déjà accessible qui n’est pas utilisée. Je suis sûr qu’on peut trouver pas mal de forages abandonnés qui pourraient être réhabilités. Même la CWA dispose de forages qui ne sont pas en opération. Donc avant d’aller en creuser davantage, commençons par réhabiliter ceux qui ne sont pas utilisés. La WRU dispose de ces données. Le dernier inventaire publié remonte à 2010. Cela s’appelle un hydrology databook. Il avait été publié en 2000 après la fameuse sècheresse de 1999, puis en 2005, puis en 2010, et depuis plus rien.

Avant de vous spécialiser dans l’eau souterraine, vous êtes d’abord géologue. Y a-t-il un problème d’ensemble quand la sècheresse précède les inondations et que…

(Avant qu’on finisse notre question). C’est lié. Les inondations, c’est l’eau qui ne s’est pas infiltrée. Elle ne s’infiltre pas parce qu’il y a plus de surfaces imperméabilisées et beaucoup d’autres éléments qui ont accentué le problème. On se retrouve aussi dans des zones inondables qui auparavant n’étaient pas peuplées. Avant que ces régions ne soient habitées, personne ne se souciait de ce qui s’y passait quand il y avait des fortes pluies. Ensuite on a construit sans que la question ne soit préalablement étudiée. De nos jours, la Land Drainage Authority est très stricte sur cet aspect, mais ce qui a été fait dans le passé ne peut plus forcément être défait.

D’année en année, nous constatons l’ampleur du problème. Cette situation est-elle réversible ? Cette semaine, par exemple, les autorités ont émis un ordre de démolition contre un bâtiment à Port-Louis.

(Froidement) Non. C’est évident que dans beaucoup de cas on ne pourra pas revenir en arrière. On ne pourra pas expulser les gens des zones inondables où ils ont déjà construit leur maison. Péreybère ou Flic-En-Flac, ça ne peut que s’aggraver. On peut en revanche prendre des actions pour atténuer la crise. Cela sort de mon domaine d’expertise mais il est évident que lorsque l’on bétonne ou asphalte de partout, la situation ne peut être la même qu’à l’époque où il n’y avait que le cimetière entouré de voun. Ce n’est clairement pas mon domaine, mais ne faudrait-il pas, par exemple, creuser un gros sillon sous l’avenue du Radar comme le ruisseau du Pouce pour permettre à l’eau d’atteindre directement la mer? Quel en serait l’impact écologique sur le lagon ? La régulation se faisait autrefois grâce aux wetlands – et il n’y a pas meilleur design que celui que la nature nous procure. Aujourd’hui, il s’agit de les réinventer artificiellement. Il y a des choses qui peuvent se faire, mais après, il faut mettre en balance leur potentialité technique d’être réalisées et l’investissement que cela représente.

Il y a un gros matraquage de certaines ONG contre le développement sur les «wetlands». Vous soutenez ?

Oui. Mais en même temps, il ne faut pas tomber dans l’extrême du déraisonnement. Tant que c’est basé sur des faits, et des éléments techniques et scientifiques, il y a le pour et le contre et à un moment, il faut trancher sur ce qui est avéré et ce qui ne l’est pas. Dans l’autre sens, il a des choses qui se font avec des passe-droits sans que cela ne soulève d’objections alors qu’elles peuvent causer encore plus de dégâts que les projets contestés.

«Il y a des choses qui se font avec des passe-droits sans que cela ne soulève d’objections alors qu’elles peuvent causer encore plus de dégâts que les projets contestés.»

Estimez-vous qu’il règne une culture du secret autour de l’eau qui est la commodité la plus vitale ? Vous m’avez parlé du «hydrology data book» que vous n’avez plus vu depuis 2010. Peut-on y ajouter la liste de zones inondables qu’un ministre refuse de dévoiler ?

Ajoutez les données pluviométriques. Vous avez déjà essayé d’acheter les données pluviométriques à la météo ? C’est prohibitif, c’est cinq fois plus cher que Météo France qui fournit d’ailleurs beaucoup de données gratuites. Même chose pour l’Office de l’eau à la Réunion que je connais bien pour y avoir fait mon doctorat. À Maurice, je suis convaincu qu’aucun ingénieur n’achète des données à la météo. Ici, on fait avec ce qu’on a, on développe notre propre base de données sur beaucoup de choses car il n’y a pour l’heure pas moyen de faire autrement. Et puis il y a certains faits qui sont connus de tous. Le replenishment de nos réservoirs et nappes se fait de janvier à avril. C’est ce qui détermine l’année. Ce qui se passe entre mai et décembre a un impact minime, du moins pour l’eau souterraine.

On est donc condamné à être inondé de janvier à avril si on ne veut pas de sécheresse d’octobre à décembre ?

De toute façon, on l’est chaque année. Il n’y a pas encore de cyclone en septembre à ce que je sache. Notre pluviométrie est saisonnière, avec février comme le mois le plus pluvieux suivi de janvier, puis mars, avril et décembre. Néanmoins, avec les changements climatiques, cette constance est susceptible d’évoluer on ne sait encore comment, aussi bien en intensité que chronologiquement. En 2021, la première grosse pluie d’été n’arrive que le 28 avril. Tout le monde a déjà oublié. Pour la saison 2022, la première grosse pluie, c’était le 26 décembre. Cette année on a attendu le 19 janvier. Mais on ne devrait pas être en stress sur une date. On devrait pouvoir se doter de l’aménagement et la flexibilité de la gestion.

Le gouvernement annonce que Rs 11 milliards seront investies dans des drains. Généralement nos drains convergent vers des réservoirs ?

Ah ben non. Ce sont des drains. Ça sert uniquement à se débarrasser de l’eau. On évacue, on ne la conserve pas. Actuellement doivent être construits des retardation basins qui permettent temporairement d’amortir les épisodes de crue, à Fond-du-Sac, Mon-Goût, Cottage, etc. mais il n’est aucunement question d’exploiter cette ressource beaucoup trop ponctuelle. Au Moyen-Orient, les drains finissent dans des forages qui sont réinjectés dans les bordures côtières, là où l’eau souterraine est salée. Cette eau douce empêche les nappes en amont d’être contaminées par l’eau salée. Elle agit comme un mur. C’est très malin le concept de recharge well. Est-il pertinent de le mettre en place à Maurice ? Je ne dispose pas d’assez de données sur l’étendue de l’intrusion saline, en particulier pour l’aquifère du Nord. Mais je suis convaincu que la question mérite d’être étudiée, au moins sur une base pilote.

Les autorités mauriciennes, pour justifier une augmentation des tarifs de l’eau, comparent souvent le prix à Maurice à celui des Seychelles. C’est une comparaison juste ?

Les Seychelles sont dans une situation beaucoup plus difficile. Dans le granite, il y a moins de place pour des aquifères comme nous en avons dans le basalte à Maurice. Le granite est une roche dure et ce n’est que dans quelques endroits où il s’est altéré et qu’il y a du sable qu’on peut avoir un petit réservoir souterrain. Ils adaptent ainsi la rareté de cette eau au prix. À Maurice effectivement on a une culture de l’eau bon marché. L’eau est extrêmement bon marché. Est-ce qu’il faudrait augmenter son prix de façon avisée ? C’est-à-dire vraiment voir ce qui est une consommation normale et ce qui est excessif et taxer très sévèrement les abus. En moyenne, un foyer, c’est 1 m3 par jour. Si vous en utilisez 6, vous ne devriez pas payer juste six fois plus. À mon avis, vous devriez payer 60 fois plus.

Que ferait-on de cet argent ?

Justement. Si c’est pour aller remplir les déficits ailleurs, ce ne serait qu’une taxe de plus. La question, c’est de flécher les investissements là où ils sont plus pertinents. Les compétences existent au sein des autorités. Beaucoup de plans d’action, de master plans ont déjà été établis. Il y a des choses qui existent ; on sait ce qu’il faut faire.

Nous ne sommes pas en train de le faire ?

D’après ce que je vois dans une entreprise qui creuse les forages, je suis sûr qu’il est possible de faire plus et mieux. Sur les dernières années nous avons creusé uniquement au mieux que 3 ou 4 nouveaux forages par an pour la CWA. Un forage apportera entre 30 et 300m3 d’eau par heure dans les très bons cas. Est-ce suffisant ? Je suis mal placé pour y répondre mais j’ai le sentiment qu’il est possible de mieux faire, compte tenu des besoins grandissants. Ensuite, il ne faut pas se tirer une balle dans le pied : aujourd’hui un forage à usage domestique implique une restriction sur les constructions dans un rayon de 200 m autour, soit 30 arpents. Cela rend évidemment plus difficile l’obtention d’un way-leave du propriétaire du terrain car il limitera le potentiel de développement de tout ce secteur. Or, il faut fouiller là où l’eau souterraine se trouve et non pas là où on voudrait qu’elle soit ou seulement là on nous autorise à fouiller.

C’est le comble pour un hydrogéologue d’ouvrir le robinet et que l’eau ne coule pas ?

(Rires). Moi j’ai de la chance d’être au début de la ligne qui alimente Port-Louis. Donc, je suis bien placé. C’est un cas et c’est très inégal que la distribution dépende de là où se situe et si on vit à proximité d’une source pérenne ou variable. Si on habite à La Gaulette, on comprend que ce ne soit pas aussi simple que si on vit à La Marie. C’est bien là tout le challenge.

Les Rodriguais récoltent presque tous l’eau de pluie. À Maurice, bien que nous sommes financièrement et fiscalement encouragés, on ne se rue pas vers ce «scheme» de la DBM. Qu’est-ce qui cloche ?

Peut-être qu’il faudrait que les Mauriciens subissent trois semaines de robinets à sec pour qu’ils comprennent. Il y a des endroits à Rodrigues où l’eau coule une fois par mois. Il faut s’en rendre compte. Les gens s’adaptent. En Afrique du Sud, les délestages électriques, c’est tous les jours. Ils ont fini par s’habituer ; ils ont leur générateur. Doit-on en arriver là à Maurice ? Je n’espère pas. L’eau ne devrait pas être un problème à Maurice. Sur l’essence, sur d’autres commodités, nous n’avons pas de contrôle. Mais l’eau ne devrait pas être une source d’inquiétude. Cela n’empêche pas de sensibiliser sur les comportements excessifs. C’est un fait que le meilleur professeur est généralement le porte-monnaie.

Pourquoi avez-vous choisi cette filière pas très commune ? On n’entend jamais un enfant de 10 ans dire qu’il veut être géologue quand il sera grand.

Est-ce que c’est enseigné ? L’eau avec les réalités que l’on connaît aujourd’hui fait-elle partie du cursus scolaire primaire et secondaire ? Enseigne-t-on l’histoire géologique de Maurice ? Je ne pense pas. Pourtant il y a des compétences, à l’université de Maurice, par exemple. Vous avez des chercheurs qui font de la modélisation en land drainage ou sur les aquifères. Il n’y pas que dans le privé. Pour répondre à votre question, j’ai choisi cette filière parce que je rêvais au départ de faire du développement en Afrique. Après mes études quand je suis rentré à Maurice, j’ai vu qu’il y avait déjà beaucoup à faire dans mon pays avant d’aller chercher à aider d’autres pays. Le Malawi ou le Burundi devront donc attendre…