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Cédric Matombé: victime d’un prédateur sexuel à Le Bouchon en 2010

6 novembre 2022, 22:00

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Cédric Matombé: victime d’un prédateur sexuel à Le Bouchon en 2010

Cela fera 12 ans demain que cet adolescent de 17 ans avait été froidement assassiné sur la plage du Bouchon par Ferino Calou. Ce dernier avait ensuite violé son amie du même âge. Un crime odieux, une «jeunesse volée», que sa famille ne pourra jamais oublier...

Il était connu comme un garçon plein de vie et jovial. Nombreux sont ses amis et ses proches qui se demandent toujours ce que serait aujourd’hui Cédric Matombé, à qui un récidiviste sexuel a ôté la vie avant même qu›il ne puisse la vivre pleinement. «Il ne savait pas encore ce qu’il voulait faire plus tard. D’ailleurs, il était encore bien trop jeune pour prendre une décision. Mais il croquait la vie à pleines dents et il était un volleyeur exceptionnel. Il était voué à un avenir merveilleux», indique Angélique Matombé.

Assise à son domicile à Plaine-Magnien, elle se souvient encore du moment où elle a vu son troisième enfant pour la dernière fois. Cette image défile jusqu’aujourd’hui dans ses pensées. «Bye-Bye maman»,avec un large sourire, se souvient Angélique Matombé. Elle en a fait du chemin depuis la mort de Cédric en 2010. Si, il y a dix ans, elle n’arrivait pas, ne serait-ce qu’à prononcer le nom de Cédric, tué froidement par Ferino Calou, aujourd’hui, son histoire, sa bataille et celle de sa famille contre le chagrin, la rage et le désespoir, ont su inspirer d’autres personnes, dans des retraites, entre autres.

Cependant, même si Angélique Matombé a fait son deuil, elle n’oublie pas les circonstances de ce crime atroce. «La dernière fois que j’ai vu Cédric, c’était la veille de sa mort. Ce soir-là, mes deux autres fils, ma fille et lui étaient invités à l’anniversaire d’un cousin dans un campement à Le-Bouchon ; en partant, il m’a dit au revoir sans que je ne sache que c’était un adieu.» Le lendemain matin, le 7 novembre 2010, un appel bouleversera sa vie à jamais. L’amie de Cédric lui annonce que son fils avait disparu avant qu’elle-même ne soit violée. «J’étais vraiment choquée. Mon époux et moi nous sommes allés au plus vite sur cette plage avec d’autres membres de la famille. On pensait qu’il n’avait que disparu mais il n’a pas fallu longtemps pour que notre pire cauchemar ne devienne réalité lorsque mon époux a retrouvé son corps...»

Les faits remontent à la matinée du 7 novembre 2010. Cédric Matombé, 17 ans, et une amie que nous appellerons Mely (nom d’emprunt), 17 ans, quittent le campement pour aller faire un tour sur la plage. Son petit frère, 12 ans à cette époque, sera le dernier à le voir en vie. Car avant de sortir, Cédric lui dira affectueusement d’aller se brosser les dents. Si Cédric et Mely pensent être seuls sur la plage, ils se trompent car, caché derrière les arbres, un pêcheur de 35 ans, aussi connu comme un voyeur et un voleur dans la région, les épie.

En effet, dans son interrogatoire, Ferino Calou avoue être venu sur la plage pour voir la marée. Mais, en voyant les deux jeunes, «mo finn fer lespri pou atak sa garson-la ek gagn relasyon ek sa tifi-la». Il retourne donc à son domicile pour se munir d’un pied-de-biche avant de revenir pour assouvir ses pulsions malsaines. Il les surprend de dos et frappe au cou l’adolescent à plusieurs reprises avec le pied-de-biche avant que celui-ci ne s’écroule au sol. Affolée, Mely tente de fuir mais l’agresseur la frappe et lorsqu’elle s’évanouit, il la traîne plus loin pour la violer. En se réveillant, elle hurle. Il essaie de l’étrangler mais ses cris alertent des passants et il s’enfuit. Mais il revient sur le lieu du crime pour dissimuler le corps inerte du jeune Cédric sous des rochers, de la paille, des feuilles sèches et l’arme du crime sous un arbre. Quelques heures plus tard, le cœur déchiré en mille morceaux, le père de Cédric, Steeve Matombé, et un oncle feront la découverte macabre.

Le meurtrier sera rattrapé par la police et avouera son crime. Cinq ans plus tard, en mars 2016, à 41 ans, le meurtrier écopera de 33 ans pour l’assassinat de Cédric et de 10 ans pour le viol de Mely. Une peine très dure à avaler pour la famille Matombé malgré l’acceptation de sa disparition. En effet, Angélique pense toujours que le récidiviste notoire ne devrait jamais sortir de prison. Non seulement il a ôté la vie à son fils qui ne le méritait pas mais aussi pour avoir meurtri à jamais une adolescente innocente. «À plusieurs reprises, lorsqu’il a été libéré de prison, il a récidivé, qui dit qu’il ne va pas le refaire ? Je pense sincèrement que c’est une personne malade et un danger pour les autres. Il ne devrait pas être remis en liberté.»

Toutefois, Angélique avoue qu’elle a réussi à lui pardonner, grâce à la prière. «Cela m’a pris du temps mais j’ai pu trouver la paix grâce à Dieu et à ma famille tout doucement.» Cette transformation, du désespoir au courage, a débuté deux ans après la mort de Cédric, lorsqu’un couple est venu frapper à la porte des Matombé pour leur demander de faire partie d’un groupe d’église Couples for Christ. «Depuis, j’ai découvert Dieu et cela nous a aidées, ma famille et moi, à accepter petit à petit la mort de Cédric. J’aurais aimé que mon fils soit encore là mais j’ai appris à faire mon deuil et à pardonner.»

Angélique souhaiterait un jour rencontrer Ferino Calou. Elle n’est pas prête, mais dans un futur proche. «Je veux lui dire une seule chose : de ne jamais refaire une chose pareille. J’ai guéri certes avec la foi et le temps mais je ne souhaite à personne cette souffrance de perdre ainsi un proche. Je voudrais le lui dire les yeux dans les yeux.»Angélique révèle qu’ayant eu la force de se relever de sa tristesse, sa famille aussi a pu se relever. «Nous sommes humains, quelquefois les souvenirs reviennent, nous avons un petit coup de mou mais nous essayons tant bien que mal de ne pas vivre dans le passé et d’avancer...»