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Masseuse sur la plage de Trou-aux-Biches: les malheurs de Rani

6 novembre 2022, 18:00

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Masseuse sur la plage de Trou-aux-Biches: les malheurs de Rani

Elle a été dans l’actualité la semaine dernière... pas pour son courage ou encore pour sa lutte acharnée contre la maladie mais pour son travail. Rani, 43 ans, nous livre le récit de sa vie…

Elle s’appelle Rani. Avec ses cernes et son regard fatigué, on ne dirait pas qu’elle a 43 ans. «Les poids de la vie me vieillissent», confie-t-elle avec tristesse. Durant la semaine écoulée, elle a fait les grands titres. «Dimounn inn riy mwa, point mwa ledoi me zot pa konn mo kosmar.» En effet, une habitante de Trou-aux-Biches l’a dénoncée parce qu’elle gagne sa vie en faisant des massages sur la plage à Trou-aux-Biches. Toutes ses affaires ont donc été confisquées.

En effet, Rani est masseuse à son compte et elle masse depuis des années des touristes sur la plage à Rs 500 pour 45 minutes. Travailler à son compte comme masseuse, ce n’est pas ce qu’elle a toujours fait mais la vie, dit-elle, l’a obligée à commencer à gagner sa vie à travers ses talents de masseuse, pas uniquement pour vivre, mais surtout pour survivre.

Tout a commencé il y a environ sept ans, raconte Rani, la voix nouée. Mariée à un homme d’affaires canadien qui possédait des bateaux, Rani travaillait avec son époux comme skipper et vivait une vie simple, jusqu’à ce qu’ils se fassent cambrioler. «Nous avons été cambriolé quatre fois et mon époux a commencé à être endetté et par la suite il a été déporté au Canada.»

Le coeur rempli de chagrin, les deux tourtereaux doivent vivre séparément. «J’ai commencé à cumuler plusieurs boulots pour subvenir à mes besoins, louer une maison et économiser et aller le rejoindre comme nous avions tout perdu.» Cependant, le destin en décidera autrement car son époux décédera avant qu’elle n’ait eu le temps de le rejoindre. «Fer sink an linn mort. Mo leker inn desire.. Li ti mo sel soutien.»

Après la mort de son mari, Rani, qui n’avait que 38 ans, essaie de se remettre sur pied en travaillant dans des magasins, entre autres. Toutefois, une autre mauvaise nouvelle viendra s’abattre sur la jeune femme. «Monn aprann monn gagn enn kanser. Monn bezoin koumans fer simio», raconte-t-elle.

Sa lutte contre le cancer l’oblige à abandonner son travail dans les magasins comme elle ne pouvait être présente tous les jours à cause de la chimiothérapie et des douleurs. Comme, pour une raison qu’elle ne comprend toujours pas, elle ne recevait pas de pension de veuve, alors qu’elle était mariée civilement à son défunt époux, Rani n’avait aucune source de revenus. «C’est là que j’ai commencé à faire des massages à temps partiel afin d’avoir quelques sous pour me nourrir et acheter mes médicaments.»

L’ancien directeur d’un hôtel à Trou-aux-Biches lui donne l’autorisation de squatter une partie de leur plage privée pour faire des massages à des touristes, confie Rani. «Bann tourist la ti kontan sa parski li en plin er, zot tann bann vag tousala pandan ki mo mas zot. Boss pa ti ena okenn problem. Zame monn fer nanie deplase. Mo met mo sez, mo parasol tou an plin er pena nanie de mal.» Pendant quatre ans, elle fera de tels massages sans problème jusqu’à récemment. «Lane dernier pandan Covid-19 monn fer mo lopersayon anlev mo luterus pou mo nepli ena okenn risk kanser. Mo ti panse mo pou kapav viv enn lavi trankil me non.»

En effet, le directeur de l’hôtel où elle exerçait avait changé et il refuse qu’elle travaille sur la plage de l’hôtel, elle a dû quitter les lieux après plusieurs plaintes. Elle a donc continué à travailler sur la plage publique mais, selon ses dires, plusieurs personnes qui travaillent comme marchands ambulants, entre autres, à l’endroit où elle fait ses massages, veulent se débarrasser d’elle. «Ce n’est que par pure jalousie que l’on me fait tout ça. Je n’ai jamais été indécente ou fait quelque chose de mal. Zot inn avoy lapolis ar moi.» Malgré le fait qu’elle ait un Business Registration Number (BRN) qui indique qu’elle travaille à son compte, les autorités lui ont confisqué toutes ses affaires : parasols, transat, huile de massage etc. parce qu’il est illégal à Maurice, pays touristique, de faire des massages sur la plage, comme en Thaïlande, ou à Waikiki, entre autres.

Rani explique que l’argent qu’elle récolte comme masseuse ne sert pas qu’à se nourrir où payer son loyer. Si elle doit travailler à temps partiel, c’est aussi pour veiller au bien-être de son frère qui souffre d’une maladie mentale.   confie-t-elle en pleurs. Désespérée, Rani dit ne plus avoir le goût à vivre. Elle ne comprend pas comment et pourquoi il est illégal pour elle de gagner sa vie ainsi alors qu’elle ne fait de mal à personne....