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Éducation: les écoles primaires sur la touche

10 juin 2022, 15:00

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Éducation: les écoles primaires sur la touche

«La clé de notre programme de développement est l’éducation. Nous continuerons à investir pour que chaque enfant atteigne son plein potentiel. Un montant de 18,3 milliards de roupies est alloué pour la gratuité de l’éducation à Maurice, que ce soit au niveau primaire, secondaire ou tertiaire», déclarait le ministre Renganaden Padayachy mardi. Ainsi, la dotation budgétaire du secteur éducatif augmente de Rs 1,3 milliard. L’an dernier, ce montant s’élevait à Rs 17 milliards et à Rs 15 milliards en 2020/2021. Pour 2022/2023, des mesures ont été annoncées pour les cycles pré-primaire et secondaire ainsi que pour les établissements encadrant les enfants à besoins spéciaux. Par exemple, un grant de Rs 50 000 sera alloué à 125 écoles maternelles des régions défavorisées tandis qu’un nouvel établissement verra le jour au Morne. 

Besoins spéciaux 

De même, les 53 Special Education Needs Schools (SENS) gérées par des ONG bénéficieront de Rs 100 000 pour restaurer leurs bâtiments et de Rs 50 000 pour l’achat d’équipements. Les élèves de ces établissements auront également des repas chauds et le transport gratuit. Au secondaire, plusieurs projets infrastructurels sont énumérés, tels que de nouvelles salles de classe, de nouveaux blocs et laboratoires scientifiques. On compte également l’introduction d’une nouvelle bourse d’études – le Sir Anerood Jugnauth National Scholarship Scheme – qui récompensera deux lauréats en économie. 

Malgré toutes ces mesures annoncées pour rehausser l’Éducation, un cycle semble avoir été occulté dans cet exercice financier, déplorent des syndicalistes du secteur. Il s’agit des écoles primaires, souligne Suttyhudeo Tengur, président de la Government Hindi Teachers’ Union. «Le ministère des Finances n’a pas touché à ce secteur alors qu’une grande proportion du budget doit y être investie, de par le nombre d’écoles et de membres du personnel. Le poids du cycle primaire est considérable», affirme-t-il. En effet, à octobre 2021, Statistics Mauritius recensait 319 écoles primaires accueillant 84 129 élèves et 8 819 membres du personnel, parmi, 4 651 enseignants de General Purpose et 1 285 éducateurs en langues orientales. Comparativement, le nombre d’écoles maternelles était de 789 et le nombre d’enfants admis de 23 603. Au secondaire, on dénombre 178 collèges, 102 722 élèves et 9 379 enseignants, durant la même période. 

Hélas, avance le syndicaliste, le présent Budget ne préconise pas de mesures pour rehausser le niveau éducatif dans le primaire ni pour moderniser ce secteur, ce qui n’est pas de bon augure pour l’avenir à son sens. «Le Budget occulte l’innovation en éducation. On pousse l’éducation dans un ghetto. Le cycle primaire a été relégué», évoque-t-il. 

Manque de personnel 

Un des responsables de l’Association des maîtres d’école avance qu’il attendait des annonces pour le rehaussement des infrastructures des écoles primaires. «On ne sait pas ce que le ministère prévoit avec ce Budget car nos établissements nécessitent des améliorations», confie-t-il. De plus, les recrutements de personnel ne figurent pas dans les mesures budgétaires énoncées mardi. Selon lui, depuis deux ans, il n’y a eu aucun recrutement. Pourtant, l’annonce avait été faite et l’argent voté. Les acteurs de l’Éducation s’interrogent désormais sur les tenants et aboutissants de ces annonces antérieures. 

Cette question taraude d’ailleurs un membre de la Government Teachers’ Union (GTU). «Nous avons remarqué qu’il n’y a pas eu grand-chose pour le primaire cette année et décortiquons le Budget pour savoir combien de recrutements seront effectués. Car en ce moment, on constate qu’il n’y en a guère pour les enseignants», précise-t-il. Au primaire, il constate un manque d’effectifs et une demande pour des supply teachers en remplacement des professeurs en poste. D’ailleurs, le Budget 2021/2022 prévoyait le recrutement de support teachers, soit du personnel de soutien aux slow learners. D’après lui, très peu de postes pour cette catégorie ont été pourvus. Ces derniers animent principalement les cours en Grade 1 et 2. «Les éducateurs n’ont pas été embauchés. Habituellement, le Budget fait provision d’allocations pour des travaux dans les écoles primaires. Il aurait fallu le faire puisque des mesures s’appliquent aux établissements pré-primaires, ceux à besoins spéciaux et aux collèges», ajoute-t-il. 

Quelles sont les conséquences possibles d’un manque d’investissement dans le cycle primaire ? «Dans le monde entier, l’éducation a été numérisée. Dans les pays scandinaves, les enfants utilisent des tablettes dès le primaire. Les tableaux noirs, blancs et cahiers sont désuets. Ces pays préconisent la technologie», avoue Suttyhudeo Tengur. Pour lui, si nous ne l’intégrons pas pleinement, nous allons retarder le développement économique et social de Maurice, et par extension, impacter sur les enjeux éducatifs.