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Rose-Hill: accusée de trafic d’enfants, la mère se mure dans le silence

24 février 2021, 14:15

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Rose-Hill: accusée de trafic d’enfants, la mère se mure dans le silence

À la rue la Reine à Rose-Hill, vers 11 h 30. Il est difficile de mettre la main sur quelqu’un pour des renseignements précis. La route est déserte, même les commerces des alentours sont fermés pour le déjeuner. Fort heureusement, nous rencontrons un homme qui sort de l’arrière d’une boulangerie. Il nous indique qu’il n’habite pas le quartier et que seule sa patronne pourrait nous renseigner. Nous donnons l’adresse de la femme recherchée et, sans perdre de temps, la femme qui déjeunait n’hésite pas à nous accompagner chez la présumée accusée. Elle ne se doutait nullement qu’un trafic d’enfants allégué se déroulerait tout près d’elle.

Une fois à l’adresse indiquée, nous constatons une maison au rez-de-chaussée très discrète mais personne n’est là. Entre-temps, on approche des voisins et c’est là que nous aurons des échos de l’affaire. Qui aurait cru qu’une telle chose pouvait se dérouler en plein Rose-Hill ? Allégation de trafic d’enfants chez cette famille, vous dites ? Nul ne savait ce qui se déroulait entre les murs de cette maison où la présumée accusée vit avec sa mère. Quelques voisins restent bouche bée mais d’autres semblent être au courant de toute l’affaire, même s’ils se demandent si le cas peut être prouvé. «Mo krwar lapolis inn les li sorti parski pa kapav prouvé si li fer enn trafik zanfan», avance l’un d’eux. Un autre nous dira : «Mo tann dir so tifi 16 zan, CDU inn pran li inn alé.»

Finalement, la femme accusée de trafic d’enfants arrive avec sa mère. Les deux femmes ont le visage crispé et angoissé. La présumée accusée nous demande d’entrer après que l’on a décliné notre identité mais la mère revient sur ses pas, en entendant que la presse veut avoir la version de sa fille. Elle ne nous laissera pas prendre une déclaration de cette dernière car elle ne souhaite rien divulguer. Elle présume qu’elles n’ont rien à nous dire.

Nous contactons l’Ombudsperson for Children, Rita Venkatasamy, qui déclare que les citoyens ont un rôle important pour dénoncer ce genre de problème. «Un whistle blower n’a pas hésité à dénoncer cette femme. Le trafic d’enfants se fait très silencieusement et il faut agir vite quand nous avons de telles informations. Du côté des autorités concernées, elles sont en train d’assumer leurs responsabilités car le trafic d’enfants est un délit très grave.» Elle ajoute qu’elle a vu d’autres cas, mais que celui-là a perduré car la femme aurait vendu six enfants jusqu’à présent. Nous recherchons la version du ministère de l’Égalité du genre, où une source nous indique qu’une enquête est en cours et que c’est elle qui déterminera, s’il y a eu trafic d’enfants ou pas. Elle ajoute que c’est la Child Development Unit (CDU) qui a alerté la police.

Selon nos informations, une plainte de trafic allégué d’enfants a été déposée contre la femme de 38 ans de la rue La Reine à Rose-Hill depuis le vendredi 19 février au poste de police de Quatre-Bornes. Un officier de la CDU y a rapporté que la femme a donné naissance à une fille le 14 février à l’hôpital Victoria, à Candos, un fait confirmé par une infirmière de la Labour Ward de l’hôpital. L’officier de la CDU s’est ensuite rendu chez la femme, où se trouvaient sa mère et sa fille, une adolescente de 16 ans. La mineure lui aurait avoué que sa mère a déjà vendu cinq enfants dans le passé et elle a fait de même avec le nouveau-né. En questionnant la mère, celle-ci lui aurait révélé qu’elle aurait vendu le dernier bébé à une femme à Port-Louis. La police de Quatre-Bornes a ouvert une enquête pour faire la lumière sur cette affaire et la femme a pu rentrer chez elle, vu qu’elle vient d’accoucher.