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Didier Pursun, président de la MSAW: «Nous n’employons aucun vétérinaire»

19 janvier 2021, 19:00

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Didier Pursun, président de la MSAW: «Nous n’employons aucun vétérinaire»

La société protectrice des animaux a récemment été critiquée et dénoncée pour le traitement des animaux sous sa garde. Une ONG a même réclamé une injonction contre elle en cour. Le président fraichement nommé s’exprime et se dédouane.

Vous êtes en poste depuis le 4 janvier. Quel est votre constat de la situation, après les nombreuses dénonciations récentes de cruauté contre l’organisme ?

J’ai effectivement pris mes fonctions le 4 janvier sur un contrat de deux ans. Je suis un proche du Mouvement socialiste militant (MSM) depuis fort longtemps et Maneesh Gobin (NdlR : ministre de l’Agro-industrie et dont la Mauritius Society for Animal Welfare – MSAW – tombe sous la tutelle) est un ami de longue date. Nous étions dans la même classe. On a parlé, il m’a demandé de l’aider au niveau de la MSAW, étant donné que le contrat de l’ancien président était arrivé à terme. J’ai entrepris une vi- site surprise à la MSAW de Vallée-des-Prêtres, deux jours plus tard, soit le 6 janvier, et je dois préciser que j’ai été agréablement surpris. Il n’y avait aucune trace de maltraitance.

Tous les chiens se portaient à merveille, les bols étaient remplis et les lieux où l’on stocke et cuisine la nourriture pour les animaux étaient hygiéniques. Aucun chien ne montrait des signes de souffrance. J’ai ensuite rencontré le personnel sur place, qui m’a expliqué le déroulement des opérations sur place. De visu, je peux vous assurer que tout allait bien.

Pourtant il y a bien des photos montrant des chiens se mangeant entre eux. Qu’avez-vous à dire ?

Bien évidemment, c’est horrible. Mais de ce que j’ai appris, cela s’est passé en novembre et décembre 2020. Même si à l’époque, je n’étais pas là, je ne vais pas fuir devant mes responsabilités et je peux assurer que nous avons déjà lancé une enquête interne à ce sujet. De ce fait, je demande l’aide de tous, du public, des rescuers, de l’express pour obtenir plus de photos et de vidéos sur cet acte de cannibalisme, dans le but de pouvoir établir les faits.

Je ne dis pas que cela ne s’est pas passé, mais il faudra continuer à enquêter, pour que chacun puisse prendre ses responsabilités. Car il y a définitivement quelqu’un qui a pris ces photos et si c’est un membre du personnel, il a doublement fauté, car bien qu’il ait voulu alerter l’opinion publique, il n’a jamais signalé le problème à la direction. Personne n’était au courant de ce problème à la MSAW.

Quid de l’injonction de Quatre Tilapat ? (NdlR, Quatre Tilapat a fait une demande d’injonction en cour contre le ministre de l’Agro-industrie et la MSAW sur la méthode de «catch & euthanize» et les maltraitances aux animaux à la MSAW)

Ce n’est que jeudi que je l’ai appris par la radio et ensuite par les journaux. Entre-temps, mercredi, lors de mon premier council meeting, nous avions déjà pris la décision de stopper le catch and euthanize des chiens sur une base quotidienne. Désormais, le ramassage des chiens se fait uniquement à des endroits stratégiques comme le port, l’aéroport, les hôpitaux et les écoles.

Quelles sont les raisons derrière cette décision ?

Premièrement, le manque de place. Boukou pé dir mwa, pou ramas ankor kot pou met sa ? Tous les chenils à Vallée-des-Prêtres affichent déjà complets. Malheureusement les adoptions se font rares. Les gens cherchent des chiens de race.

Puis, je ne vais pas le nier. Nous n’avons effectivement aucun vétérinaire employé par la MSAW. Nous sommes soutenus par la Division des services vétérinaires du ministère de l’Agro-industrie, qui nous fournit un vétérinaire pour une demi-journée par jour.

Est-ce suffisant pour prendre soin de tous les chiens ramassés ?

Bien sûr que non. Nous en avons discuté au council meeting et nous avons fait savoir que l’on ne pouvait plus accepter une telle situation. Ainsi des annonces de recrutement seront prochainement lancées pour des vétérinaires locaux et internationaux. Cette procédure devrait prendre environ six mois. Entre-temps nous allons lancer des avis pour des vétérinaires sur contrat à temps partiel. Parce qu’il est important qu’il y ait des vétérinaires en cas d’urgence.

Alors pour ou contre l’euthanasie ?

Contre. Je suis un animal-lover, j’ai moi-même un chien. Mais il est important que l’euthanasie se fasse dans certains cas. Comme pour abréger la souffrance d’un chien gravement malade, ou si l’animal est porteur d’une maladie qui pourrait se transmettre à d’autres. C’est un mal nécessaire. Toutefois, cette pratique est arrêtée à la MSAW, pour le moment, jusqu’à ce que nous ayons notre pool de vétérinaires.

Les ONG mettent l’accent sur la stérilisation pour contrer le problème de chien errant. Votre avis à ce sujet ?

La stérilisation oui, mais je dis non au catchneuter-release. Release kotsa ? Ré met zot dan la natir ? Ils constitueront un danger. Moi, je veux instaurer le catch-neuter-adopt. Il faut que l’adoption soit un aspect non-négligeable à la MSAW. Évidemment, nous allons veiller à ce que non seulement les chiens soient stérilisés mais aussi microchipped, enregistrés et on fera des bilans de santé avant.

Les ONG font un travail formidable sur le terrain mais c’est la MSAW qui a la responsabilité de contrôler les chiens errants dans le pays. Toutefois, je suis, en ce moment même, en contact avec plusieurs ONG; toutes leurs recommandations à ce sujet sont les bienvenues.

Un chiffre sur le financement annuel de la MSAW. Souvent l’on fait aussi ressortir de l’ingérence, voire un gaspillage de fonds, au sein de l’organisme ?

Je ne dirai rien sur le financement.

Plusieurs défenseurs des droits des animaux demandent que la MSAW soit remplacée par une «Animal Welfare Foundation». Qu’en pensez-vous ?

La MSAW est équipée de toutes les infrastructures nécessaires mais nous sommes dépassés par le nombre de chiens errants dans le pays.

Justement connaît-on le nombre exact de chiens errants à Maurice ?

Non. Je ne sais pas. Je vois 300 000 et l’ancien ministre Seeruttun avance un autre chiffre. Je ne sais pas.

Si tout va bien dans l’enceinte du département de la MSAW à Vallée-des-Prêtres. Pourquoi tant de restrictions pour y accéder ? Entre autres, pas le droit d’amener son téléphone portable à l’intérieur ?

Cet endroit n’est pas un parc animalier, il faut adhérer aux règles.