Publicité

Mauriciens d’ailleurs: Jo Petit, chanteur déstressant !

6 janvier 2021, 13:38

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Mauriciens d’ailleurs: Jo Petit, chanteur déstressant !

«Have you ever had that feeling that you’re in chained», demande Jo Petit dans sa chanson Stressed Out sortie en septembre dernier. Même si la chanson parle de ces journées où rien ne va, où la voiture ne démarre pas et le café est froid, elle est remplie de «good vibes» et le rythme évoque des cocktails sur la plage. D’où vient l’inspiration pour cette chanson ? D’ailleurs, qui est Jo Petit, et comment s’est-il retrouvé en Irlande ?

C’est en kreol que Jo – diminutif de Joan – Petit répond aux questions. «Le Covid a chamboulé tous mes plans. Depuis le confinement, j’ai vu vaciller le travail d’une vie. C’est de là que j’ai pris le chemin des studios pour composer ce morceau» avance-t-il de sa voix qui oscille entre la fragilité et le soleil. Malgré les années passées en Irlande, l’artiste, âgé de 39 ans, parle toujours le kreol sans accent, et ce, malgré le fait qu’il prévient que son «kreol kapav kass kassé akoz pa koz li souvan». Mais avant «Stressed Out», le parcours de Jo Petit n’a pas été de tout repos.

Débuts dans les hôtels

Joan Petit est originaire de Cité Barkly, aujourd’hui Résidence. Comme plusieurs artistes mauriciens, c’est dans les hôtels qu’il a fait ses premiers pas avec sa cousine Cindia Amerally. «Nous avons passé les auditions avec Allan Marimootoo et avons fait nos débuts au même moment», se souvient-il. Nous étions alors en 1998, et il était âgé de 17 ans. Très vite, leurs noms deviennent célèbres dans le circuit, et leurs chemins se séparent. Chacun a ses contrats et sa scène.

Puis, en 2006, une autre porte s’ouvre. Jo Petit a l’opportunité d’aller en Irlande. Il n’hésite pas. Armé de son ambition, il saute dans un avion et atterrit au pays des trèfles à trois feuilles qui détient le record de victoires à l’Eurovision.

Anglais différent

Mais très vite, il se rend compte que la vie ne sera pas facile. Il a un accent, le circuit musical est différent et il n’a pas de contacts. «Je croyais que je savais parler anglais. C’était faux», se remémore-t-il en riant.

Le public n’adhérait pas à un chanteur qui parlait un anglais différent. «J’ai dû reprendre le chemin de l’école. Il a fallu tout reprendre à zéro pour venir à bout de cet accent, qui était handicapant.»

Mais Jo Petit n’était pas riche. Le chemin de l’école était long, et il y avait des journées où il avait à peine de quoi manger. Et des moments où il a même songé à rentrer au pays bien que la famille qui l’hébergeait s’occupait très bien de lui. «Mais comment faire sans le sou ? J’avais deux options. Soit commettre un délit et me faire déporter, ou pran lapel ale kass ross. Monn desid pran lapel la…» En même temps, il rencontre celle qui deviendra son épouse, poursuit ses études et continue sa musique. La lumière au bout du tunnel apparaît après trois ans.

Boyzone

Il commence à être remarqué par les grands noms de l’industrie. C’était l’ère des Boys Band, et le manager de Boyzone l’approche. Il rejoint l’équipe, commence à faire les harmonies musicales et part en tournée avec eux.

Par la suite, le petit Mauricien est remarqué par un grand groupe allemand qui gère des célébrités. Après une soirée où il était «front man» sur scène, il est embauché. Il restera avec le groupe pendant deux ans. Son ambition grandit en travaillant et il veut se créer sa place sur la scène musicale.

Jo Petit décide de créer sa propre compagnie de production. D’ailleurs, c’était son rêve initial et son but. Pour mettre toutes les chances de son côté, il prend le chemin de l’université et étudie la «Music Production».

Ce n’est qu’après avoir eu son diplôme qu’il met en place sa compagnie, qui deviendra Empire Productions, spécialisée en événementiel et spectacles. «J’ai commencé avec quatre musiciens. Aujourd’hui, nous sommes 30», lance Jo Petit avec une pointe de fierté. Ses musiciens sont internationaux : certains viennent du Brésil, d’autres de France, ou encore du Pérou et de Maurice…

Arrive le confinement

Début 2020. Empire Productions est bien établie, le groupe enchaîne les réservations et les performances. Puis, surgissant de nulle part, arrive le confinement. Les projets sont annulés, les réservations décommandées. L’ambiance générale devient de plus en plus morose. «Tou inn koumans kroulé.»

Pour ne pas céder à la déprime, il reprend le chemin des studios pour essayer de se changer les idées. «Et comme tout le monde, j’ai chanté ce qui me préoccupait.» Les premières notes sortent, les paroles suivent. Jo Petit arrive quand même à mettre ce qu’il qualifie un peu de «feel good» dans ce morceau, et Stressed Out prend vie.

«Mon style est plus R&B et Soul. Si vous écoutez mes autres morceaux, des fois on a l’impression que c’est un autre chanteur. Ce n’est pas le même style du tout.» Et c’est cette capacité à mettre ce côté tropical et joyeux dans ses compositions qui lui permet de survivre. «C’est ce qui nous différencie des autres, surtout en ce moment. Les gens ont envie et besoin de soleil.»

Si ses projets d’expansion ont été freinés, Jo Petit n’est pas totalement stressé par le Covid-19 et le confinement, d’autant que d’autres projets après Stressed Out ont commencé à prendre forme. Un de ses amis mauriciens, qui avait travaillé avec lui dans les hôtels, maintenant producteur en Allemagne, l’a contacté pour un projet d’album en kreol.

«Nous avons déjà les chanteurs et les musiciens qu’il faut. Je travaille régulièrement avec un percussionniste et un bassiste tous deux mauriciens. Mettre en place un tel projet ne devrait pas être compliqué. Mais il faudra attendre la fin du confinement car actuellement, je ne peux pas m’éloigner de mon domicile de plus de 5 km», soupire-t-il. Projet à suivre…