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Chômage: de vie à survie

27 septembre 2020, 12:30

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Chômage: de vie à survie

Derrière des chiffres alarmants, des drames humains. Les experts prédisent que le pays comptera entre 100 000 et 150 000 chômeurs au cours des prochains mois. Quand verra-t-on la lumière au bout de ce tunnel qui a rarement été aussi sombre ? 

«Ma femme et moi ne faisons que nous serrer la ceinture. Mais pour nos enfants, c’est encore plus dur. On fait tout pour qu’ils aient à manger.» Girish, 43 ans, chauffeur de taxi, est au chômage et endetté de surcroit. Après des cours en mechanical engineering, il a succédé à son papa, lui-même chauffeur de taxi pour les touristes, et a son permis depuis 2003. «La situation est vraiment critique depuis que les touristes ne viennent plus. L’hôtel est fermé. Comme l’établissement ciblait la clientèle haut de gamme, j’ai acheté une BMW X5 pour offrir un meilleur service. J’ai dû contracter un emprunt pour cela.»

Mais Girish n’arrivait plus à rembourser l’emprunt et a obtenu un moratoire de six mois de la banque. Passé ce délai, il s’est présenté à la Commission for Protection of Borrowers. «J’ai dit aux responsables qu’on doit attendre la réouverture des frontières. Ils sont d’accord pour le moment.» C’est d’ailleurs l’unique moyen pour la reprise puisque c’était l’hôtel qui le rémunérait directement en proposant un package avec les clients étrangers.

«on ne peut même plus se permettre un petit gâteau pour les enfants…»

En attendant la réouverture «totale» des frontières, la famille de Girish souffre. Le salaire de son épouse et son allocation de Rs 5 100 ne suffisent pas. Et ce papa de deux enfants âgés de 9 et 10 ans doit se démener comme un beau diable, ou plutôt «riss diab par laké» pour subvenir à leurs besoins. «On a supprimé les loisirs et les superflus. On ne sort plus. Le moindre sou va dans la scolarité des enfants, la nourriture de base et les factures d’eau et d’électricité. On ne peut même plus se permettre un petit gâteau pour les enfants…»

Cette détresse est également celle de Mervin, 31 ans. Ancien formateur dans un centre d’appels, il est sans emploi depuis plusieurs mois. Papa d’une petite fille de trois ans, son épouse vient tout juste de donner naissance à leur deuxième enfant. «Cette semaine, j’ai pu avoir Rs 300 après une journée comme maçon. J’ai alors pu acheter de quoi manger pour ma famille», confie-t-il. De plus, sa conjointe est malade et nécessite des soins.

Enlisé dans des problèmes familiaux, il vit actuellement chez sa belle-mère, qui, a elle-même, trois enfants à sa charge. «Je ne cesse de chercher un emploi mais en vain. Certaines compagnies recrutent des personnes pouvant travailler à la maison mais je n’ai pas d’ordinateur ou une connexion Internet. J’essaie toute option d’emploi manuel qui serait plus facile et immédiat…»

À présent, Mervin multiplie les démarches dans l’espoir de pouvoir enfin décrocher un emploi stable… En attendant une quelconque éclaircie.

Les jeunes et les femmes d’abord

<p>Quelles catégories de travailleurs sont davantage touchées par le chômage ? Ce sont les jeunes en quête d&rsquo;un meilleur emploi et les femmes, répond Pradeep Dursun, Chief Operating Officer de Business Mauritius. <em>&laquo;Les difficultés occasionnées par le Covid-19, la fermeture des frontières, l&rsquo;inactivité et le ralentissement dans certains secteurs complexifient la situation de l&rsquo;emploi. Cela pourrait mettre les choses en péril sans des mesures accompagnatrices.</em>&raquo; D&rsquo;ailleurs, Bhavish Jugurnath, expert-comptable et économiste observe que le groupe le plus ébranlé par le chômage, avec un taux de 45 %, ce sont les jeunes. Ceci implique 18 700 Mauriciens âgés de moins de 25 ans de janvier à mars 2020. La principale raison ? Ils sont plus susceptibles d&rsquo;être recrutés dans l&rsquo;hôtellerie, la restauration et le tourisme. Or, ces postes ont été largement touchés par le confinement, la quarantaine et la fermeture des frontières.</p>