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Dhiren Moher: travailleur social, homme politique et… «promoteur» de culture

25 septembre 2020, 11:15

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Dhiren Moher: travailleur social, homme politique et… «promoteur» de culture

Une accusation provisoire de «breach of ICTA» a été retenue contre Dhiren Moher, ancien président de Prévention Information Lutte contre le SIDA (PILS). Convoqué au Central Criminal Investigation Department (CCID), le travailleur social, accompagné de son homme de loi, Me Arassen Kallee, a été arrêté hier matin, suivant la déposition de l’avocat Rouben Mooroongapillay, qui l’a dénoncé pour des messages à caractère communal qu’il avait partagés sur un groupe WhatsApp, intitutlé «Har Har».

Toutefois, c’est dans la plus grande discrétion qu’il a été emmené au tribunal de Pamplemousses pour sa comparution, aux alentours de 11 heures, hier. Des journalistes ont attendu sa sortie des locaux du CCID, en vain. L’on a appris par la suite que le travailleur social «inn fini al lakour». Il a été libéré contre une caution de Rs 2 000 et après avoir signé une reconnaissance de dettes de Rs 10 000.

Il a aussi été président de PILS, ci-dessus en 2006.

Dhiren Moher avait été interrogé under warning au CCID mercredi matin suivant la déposition de Rouben Mooroongapillay. À l’issue de son interrogatoire, il avait été conduit à son domicile pour une perquisition.

Son arrestation d’hier survient une semaine après le «leak» des messages WhatsApp du groupe «Har Har» sur les réseaux sociaux. Selon les messages qui ont circulé, Dhiren Moher voulait mobiliser un groupe à travers l’île dans le but de le rendre politique, alors que les autres membres du groupe parlent – presque avec attendrissement – d’armes blanches qui ont soif de sang.

Depuis que ces cap- tures d’écran faisant état de fusils, sabres, violences conjugales, notamment, ont commencé à circuler, Dhiren Moher a fait une vidéo, concédant qu’il est bien dans ce groupe mais qu’il n’y a rien de communal. Le but de la conversation, où il est question d’une guerre épique, était de promouvoir la culture hindoue. Les membres, réitère-t-il, sont des businessmen et autres personnes de bonne réputation. Et, dans la foulée, il affirme qu’il est victime de certains politiciens.

D’ailleurs, Dhiren Moher n’est pas étranger à la politique. Si dans ces captures d’écran, son nom apparaît sous un message qui soutient le Premier ministre car «li enn dimounn ation plis ki causer», le discours était quelque peu différent l’année dernière. Après son élévation au rang de Officer of the Star and Key of the Indian Ocean, le 12 mars 2019, le travailleur social avait assuré qu’il ne serait pas complaisant et avait évoqué la détérioration dans la lutte contre le SIDA, fustigeant au passage Anil Gayan qui avait coupé toute relation avec PILS.

Dans la foulée, il déplorait un manque de ressources de la part du ministère. C’est la raison pour laquelle, selon lui, le nombre de cas est passé de 262 en 2015 à 382 en 2018. «La mortalité des personnes vivant avec le VIH équivaut à un échec de la lutte et de la prise en charge des patients. Un nouveau cas est un cas de trop», avait-il déclaré.

Quand Dhiren Moher s’est-il rapproché du Mouvement socialiste militant (MSM), allant même jusqu’à faire des tournées à travers l’île ? Aucun de ses proches collaborateurs n’a souhaité réagir. Toujours est-il que son épouse, une ancienne journaliste dont le nom est aussi cité dans les captures d’écran, est employée de Mauritius Telecom.

Ce rapprochement avec le MSM n’est pas les premiers pas de Dhiren Moher en politique. En 2009, il avait rejoint le PMSD. Le but ? Faire de sorte que l’égalité soit une réalité à Maurice. Il chantait alors les louanges de l’alliance PTr-PMSD, qui avait apporté l’Equal Opportunities Act, et déplorait alors que ses détracteurs l’accusaient de cibler une communauté en particulier.

«Kan nou koz langaz térin, li ofans boukou dimounn», dénonçait Dhiren Moher, rajoutant que «tenter de créer les guerres entre les communautés est une chose dépassée». Puis, en 2015, soit quatre ans avant de dire que l’agenda du groupe WhatsApp est de supporter un groupe avant de devenir politique «automatiquement», il affirmait que son souhait est de rendre le monde plus tolérant...

Annonce de sa séropositivité

<p>Dhiren Moher commence à être dans l&rsquo;actualité en 2001, lorsqu&rsquo;il annonce publiquement sa séropositivité. Il était tombé malade en 2000 alors qu&rsquo;il vivait en Afrique du Sud. Et c&rsquo;est à son retour de Maurice qu&rsquo;il se fait dépister et obtient ses résultats. Un 24 décembre, se souvenait-il, il n&rsquo;y a pas si longtemps, il racontait son parcours. À l&rsquo;époque, il faisait partie des rares personnes à en parler sans tabou. D&rsquo;ailleurs, en 2006, alors qu&rsquo;il est reconduit à la présidence de l&rsquo;organisation non gouvernementale PILS pour la deuxième année consécutive, il revient sur le moment où il a contracté la maladie et le parcours pour l&rsquo;acceptation. &laquo;J&rsquo;ai eu des relations sexuelles avec une fille que l&rsquo;on qualifierait de &lsquo;propre&rsquo;, comme on dit. Mais je ne lui jette pas la pierre. C&rsquo;était à moi de prendre mes précautions&raquo;, disait-il. Après la découverte, il reprend vite les choses en main et devient accompagnateur pour les séropositifs. En tant que travailleur social, Dhiren Moher a été très vocal sur la lutte contre le SIDA. D&rsquo;ailleurs, en 2005, utilisant sa maladie comme moyen de pression, Dhiren Moher lance un ultimatum au gouvernement d&rsquo;alors. Si le National Aids Committee ne se ressaisit pas, il allait mettre un terme à son traitement. &laquo;À travers cette instance qui regroupe plusieurs organismes qui luttent pour faire reculer le virus, des décisions importantes sont prises. Or, depuis 2005, le comité ne s&rsquo;est réuni que quelques rares fois. Et si le National Aids Committee ne se rencontre pas, les choses ne pourront avancer&raquo;, avait-il déclaré à l&rsquo;époque.</p>