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Déboulonnons !

22 juin 2020, 02:12

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Déboulonnons !

Déboulonnons toutes les statues de personnages historiques qui ont les mains sales, qui ont des liens avec les pires aspects du colonialisme et qui sont compromis avec l’esclavage. Dit comme cela, cela peut paraître radical. Mais justement, pour que les choses puissent changer, pour que les questions puissent être (re)posées, que des débats puissent être menés et que des mesures structurelles puissent être prises, il faut que certaines positions, en apparence radicales, soient émises, quitte à scandaliser. C’est, en tout cas, ce que l’on peut tirer de l’observation des «avancées sociales» comme l’abolition de l’esclavage, le vote des femmes et l’extension du vote à tous, et non seulement aux plus riches. Tout cela ne s’est malheureusement pas fait sans la violence des images, sans la force des mots et, parfois, sans des actes violents. À nous de trouver des moyens non-violents et plus efficaces. Mais quel type de changement doiton espérer ? Juste des petites choses qui font que tel acte raciste ou abusif soit condamné. Ou bien voir ce qui ne va pas dans la société et faire en sorte de changer les comportements et les pratiques, plus encore si elles sont institutionnalisées.

On entend souvent qu’un groupe est raciste, qu’un pays est raciste. Ce qui est faux, car on essentialise toute une population en lui donnant des caractéristiques essentielles. Par contre, ce qui est juste, c’est de dire qu’il existe des pratiques et des comportements racistes, et c’est cela qu’il faut tenter de comprendre pour les changer. Des discours sont racistes, des symboles et, plus encore, des idéologies et des idées sont racistes. Deux tabous importants existent dans notre société, à savoir tout ce qui touche aux communautés et aux religions. Ils sont tellement vissés qu’on ne peut les remuer et tellement arrimés qu’on peut encore moins les déboulonner. Et pourtant, ce sont celles et ceux qui auront cette posture courageuse de le faire qui feront que les choses pourront changer. La méconnaissance des moments de l’histoire mauricienne que sont l’esclavage et le colonialisme reste un des problèmes majeurs de notre société. Néanmoins, ils ne doivent pas être envisagés comme des blocs, mais plutôt comme des dynamiques de pouvoir en acte dans la société, tant dans le passé que dans le présent. Mais il y aura toujours quelqu’un, à qui il manque sans doute un boulon, pour dire que l’esclavage n’a pas été si important que cela, ou a été un détail de l’histoire.