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Muvman Liberater: un parti déplumé

19 juin 2020, 19:30

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Muvman Liberater: un parti déplumé

Que devient le Muvman Liberater dont le leader est Ivan Collendavelloo? Fondé en 2014, ce parti, qui se voulait un mouvement dissident du Mouvement militant mauricien, a aujourd’hui perdu bon nombre de ses membres…

«Le Muvman Liberater (ML) est comme une armée avec un général sans soldats.» Cette réflexion nous a été faite par un membre fondateur de ce parti afin de décrire la situation qui y prévaut actuellement, toujours sous le leadership d’Ivan Collendavelloo. 

D’ailleurs, d’aucuns se demandent pour quelle raison le Premier ministre, Pravind Jugnauth, craint -il de sanctionner son adjoint, éclaboussé dans l’affaire Saint-Louis. D’autant que le limogeage du leader de ce parti ne réduirait pas dangereusement la majorité du gouvernement.

À vrai dire, lors des élections générales de novembre 2019, nombreux sont les candidats du ML qui ont mordu la poussière. Ils ne sont en fait que trois qui ont réussi à se faire élire : Ivan Collendavelloo, élu sur le fil, dans la circonscription n°19, Stanley-Rose-Hill, le Deputy Speaker Zahid Nazurally (au n°10) et Ismaël Rawoo (au n°13). Mais en réalité, ces deux élus seraient plutôt des proches du Mouvement socialiste militant (MSM), dit-on. 

Zahid Nazurally sous le MSM

Le Deputy Speaker aurait obtenu une investiture sous le quota du ML, mais sur sa fiche bio-data disponible sur le site de l’Assemblée nationale, il se présente comme membre du parti soleil. En outre, depuis les dernières élections, il participe aux comités régionaux du MSM dans sa circonscription, le n°10 (Montagne-Blanche– Grande-Rivière-Sud-Est). «Il n’a pas le choix. Le ML n’a pas d’électorat dans la circonscription. Il est obligé de suivre ses deux colistiers, qui sont Sunil Bholah et Vikram Hurdoyal», déclare un ancien ministre. 

Contrairement au Deputy Speaker, Ismaël Rawoo affirme qu’il est bel et bien membre du ML sur sa fiche bio data. Toutefois, des activistes de sa circonscription affirment que lui aussi serait bien présent dans des réunions du MSM dans la circonscription n°13, Rivière-des-Anguilles– Souillac. L’express lui a posé la question hier, jeudi 18 juin, afin de savoir de quel parti il est issu. «Je suis dans une réunion, je vous rappellerai plus tard», a-t-il répondu, sans donner aucune suite à notre appel.

Reste-t-il des membres fondateurs au ML ? Le parti compte-t-il des fidèles ? Et plus particulièrement, les instances telles que le bureau politique ou encore le comité central, fonctionnent-elles ? 

Ce qui est sûr, c’est que des proches du parti «carré carré» ont été nommés dans des parapublics. La dernière nomination concerne Toolseeraj Benydin, ancien PPS, qui vient d’être propulsé au conseil d’administration du CEB

Membres fondateurs partis

Quant à la force représentative du ML, plusieurs membres fondateurs ont déjà quitté le bateau. Sangeet Fowdar, ancien député de ce parti à Grand-Baie–Poudre d’Or, a confirmé qu’il ne fait plus partie d’aucun parti politique actuellement. 

Anwar Abbasakoor, candidat malheureux à Port-Louis-Sud et Port-Louis-Central en décembre 2014, avait déjà pris ses distances du parti avant la dissolution du Parlement. Autre membre fondateur, Jim Ramen, a également quitté le navire depuis longtemps. Sollicité, il affirme que ce parti n’a aucune structure. «Seul Ivan Collendavelloo est connu comme un élu du ML», dit-il.

L’on compte aussi ceux qui étaient aux côtés d’Ivan Collendavelloo lors du précédent mandat, qui ont occupé des maroquins ministériels mais qui l’ont abandonné, ou presque, par la suite. Parmi eux, Anil Gayan, ancien ministre de la Santé et du Tourisme. Bien que soulignant qu’il a décidé de se lancer dans un groupe de réflexion, il nous a indiqué, hier, être toujours «techniquement» le président du ML. Sauf que dans un entretien accordé à l’express le 25 janvier, il avait quand même égratigné le gouvernement. 

La garde rapprochée d’Ivan Collendavelloo se composera, à un moment, d’Anil Gayan,
de Toolseeraj Benydin, de Ravi Rutnah, de Sangeet Fowdar, de Vijaya Sumputh et d’Anwar Husnoo, entre autres.

Congé politique

Pour sa part, Eddy Boissézon, ancien ministre de la Fonction publique, ne fait plus de politique active depuis sa nomination en tant que vice-président de la République. 

Joint au téléphone, Ravi Rutnah déclare qu’il est encore un membre du ML mais qu’il a pris un congé politique, préférant se consacrer à sa famille. «En temps et lieu on verra, mais cela ne veut pas dire que je resterai au sein du ML», précise-t-il. 

Pour l’heure, seul l’ex-député Toolseeraj Benydin continue à jurer fidélité au ML. «Avec le Covid-19, les activités du parti étaient gelées, mais de temps en temps, des membres de plusieurs régionaux se rencontrent», dit-il. D’ajouter que prochainement, il y aura la constitution d’un nouveau bureau politique.