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Journée mondiale: tabagisme, les mauvaises habitudes partent doucement en fumée

31 mai 2020, 21:00

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Journée mondiale: tabagisme, les mauvaises habitudes partent doucement en fumée

Pendant des années, elle faisait un tabac. Mais désormais, la cigarette est passée sur le gril. En effet, bon nombre de Mauriciens ont décidé d’arrêter de fumer. Qu’est-ce qui a provoqué le déclic? Comment résistent-ils à la tentation de rallumer le feu? Explications à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, célébrée en ce dimanche 31 mai.

«Je fumais cinq à six cigarettes par jour. Graduellement, ça a augmenté à un paquet. J’ai continué avec le tabac avant d’enchaîner avec la drogue synthétique. Pendant quatre ans, j’y étais accro», confie Jordy, 25 ans, qui s’est mis à fumer vers 17 ans. À l’époque, il s’est laissé influencer par des amis et l’envie d’essayer. Mais aujourd’hui, la cigarette et la drogue font partie du passé. Depuis trois ans et demi, le jeune homme, qui travaille maintenant dans le secteur de l’automobile, a décidé d’arrêter.

«J’ai perdu ma maman à l’âge de 15 ans et je fréquentais des personnes que je croyais être mes amis, ce qui m’a aussi conduit vers ces dépendances. Mais j’ai choisi de devenir plus sérieux. J’ai d’abord arrêté la drogue. Puis, en décembre dernier, ce fut au tour de la cigarette», explique-t-il. En effet, Jordy éprouve des difficultés à respirer. Le médecin lui recommande de cesser de fumer. «Une semaine avant cette consultation, je ne fumais déjà plus. Alors, j’ai continué sur cette voie. C’est comme ça que j’ai complètement arrêté de fumer», déclare-t-il.

Comme lui, Rico, 50 ans, a aussi renoncé au tabac. «Vers mes 17 ans, j’ai commencé à fumer avec des amis. Ensemble, nous fumions un paquet de 20 cigarettes par jour pour éviter de les ramener à la maison», se souvient Rico, 50 ans. À cette époque, ce mécanicien hydraulique poursuit avec les bouffées de tabac. Mais sa pratique parallèle du sport lui ouvre graduellement les yeux. «Quand je faisais mes cours, je ressentais des brûlures d’estomac. Je devais vraiment prendre une décision», raconte-t-il.

Âgé alors de 28 ans, marié et père de deux enfants, Rico essaie de trouver des solutions. Un soir, alors qu’il regarde la télévision, il rompt définitivement avec la cigarette. «Kan mo zanfan ti pé rod gato, mo pa ti éna kas pou asté pou li. Mé mo éna kas pou asté sigaret. Sa ti pé fer bann dépans ousi. Sa fer mwa ditor kan mo réflési lor la. Mo’nn dir mwa si mo’nn kapav koumans fimé, mo pou kapav arété par momem», se souvient-il. Il a alors écrasé sa cigarette et n’a plus recommencé. Depuis, affirme-t-il, il respire «la grande forme».

Pour sa part, Céline, 60 ans, a cessé de fumer depuis quelques années. «J’avais commencé peu de temps après mon mariage à 22 ans», relate-t-elle. Elle grillait entre sept et huit cigarettes quotidiennement. Pendant une vingtaine d’années, cette dépendance continue jusqu’au jour où elle tombe malade. «J’avais eu une intoxication aux produits nettoyants. Cela m’avait causé plusieurs problèmes de santé. Sans que les médecins ne me le conseillent, j’ai choisi d’en finir avec la cigarette. J’en avais l’intention. Mais avec la maladie, cette motivation a été renforcée», déclare Céline. De plus, ayant un petit-fils asthmatique, elle préfère le préserver parallèlement. Elle renonce alors aux cigarettes.

Si ces interlocuteurs ont réussi à cesser de fumer de leur propre chef, d’autres Mauriciens se font aider. Généralement, Maurice compte un nombre plus élevé d’hommes fumeurs. Cela dit, depuis les dernières années, le tabagisme progresse chez les femmes, constate Sanjay Pandu, président de la Ligue Vie et Santé et animateur du Plan de 5 jours pour cesser de fumer. Selon ce dernier, environ 3 000 à 5 000 personnes ont eu recours à ce programme. Il précise que cette méthode naturelle a débuté à Maurice depuis 1967. Celle-ci comprend deux volets, psychologique et physiologique.

«Avant de débuter, nous procédons à une réunion d’information. Puis, nous entamons avec une session d’une heure et demie. Après le programme, nous avons au moins trois réunions de suivi, échelonnées sur trois mois», confie Sanjay Pandu. Mais que s’est-il passé avec le confinement ? D’après lui, le couvre-feu a engendré un certain stress sur les fumeurs. «Certains ont fumé plus que d’habitude. D’autres ont fait leur provision à cause du confinement. Maintenant, plusieurs ont réalisé que c’est un piège pour eux. Ils veulent vraiment arrêter», indique-t-il. Néanmoins, les sessions de counselling ont eu lieu à distance. Au déconfinement, les sessions d’accompagnement reprendront en respectant toutes les normes sanitaires.

Comment faire pour ne pas replonger dans le tabagisme ? Rico s’en tient éloigné et garde un moral d’acier. Par exemple, lorsque quelqu’un fume, il préfère se retirer. «L’odeur m’incommode. Je campe sur ma position : je ne fumerai plus», dit-il.. De son côté, Céline affirme qu’il faut de la volonté pour réussir. «Si on veut vraiment arrêter de fumer, on le peut. Il faut résister. Puis, on se sent en meilleure santé. Depuis que j’ai cessé, je suis moins essoufflée», ajoute-t-elle.

Abondant dans le même sens, Jordy soutient que c’est la détermination de ne pas recommencer qui fait toute la différence. «Quand on a mis cela dans son esprit, ce n’est pas difficile. Mon système rejette complètement la cigarette, et même en situation de problème. Il faut rester fort dans sa tête…»

Pour Sanjay Pandu, le maintien des bonnes habitudes contribue à contrer la récidive. «Avant, la cigarette faisait partie de leur vie. Maintenant qu’on l’a retirée, il faut trouver autre chose pour combler ce vide. Par exemple, il faut toujours avoir une activité plus productive pour eux et leurs familles, tenir ses mains occupées, développer un passe-temps.» Sanjay Pandu cite des activités comme l’apprentissage d’un instrument de musique, le jardinage, le bricolage, entre autres.

Rs 2,14 milliards pour l’importation des cigarettes en 2019

<p>D&rsquo;après le &laquo;detailed trade data&raquo; provisoire publié par Statistics Mauritius, l&rsquo;importation de cigarettes était chiffrée à environ Rs 2,14 milliards en 2019. Cependant, en 2018, ce taux était supérieur et avoisinait les Rs 2,16 milliards. Ce rapport indique aussi que le plus gros volume d&rsquo;importation provient du Kenya à raison de plus de Rs 1,2 milliard et d&rsquo;Afrique du Sud au coût de Rs 685 millions. En troisième position, on trouve la Serbie et le Monténégro, qui approvisionnent les fumeurs pour un montant de Rs 70,6 millions. Et selon le rapport des Health Statistics de 2018, la consommation annuelle de cigarettes par habitant était de 793 en 2018.</p>