Publicité

Souffrance et familles brisées

6 avril 2020, 16:29

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Souffrance et familles brisées

Perdre un membre de sa famille à cause du Covid-19 est déjà un coup dur. Un drame. Pis, lorsqu’ils sont également infectés,les proches d’un défunt ne peuvent même pas lui rendre un dernier hommage.

Non le Covid-19 «pa get figir». Les personnes les plus vulnérables ne sont pas que les seniors, mais les enfants aussi. Au total, 13 patients sont âgés de moins de 20 ans, à ce jour. 

Pas plus tard qu’hier, le Dr Vasantrao Gujadhur, directeur des services de Santé, a lors du point de communication quotidien du National Communication Committee sur le Covid-19, a fait mention d’un nouveau drame lié à cette pandémie. «Toulézour pé trouv enn dram.» Celui d’une mère qui a été testée positive mais pas son bébé.  

<p>Du coup, les autorités ne savent quoi faire. &laquo;<em>Met zanfan-la osi dan sant kot li pou exposé avek sa malad-la? Kot nou amenn zanfan-la?</em>&raquo; Il affirme qu&rsquo;une décision sera prise pour la marche à suivre avant de rappeler, une foisde plus, que cette situation peut toucher n&rsquo;importe quelle famille.&nbsp;</p>

 Le Dr Gujadhur n’a pas  cesser de rappeler le cas de la jeune fille de 20 ans, décédée mercredi. Les cinq membres de cette famille ont été testés positifs dont l’une a été emportée par le virus. Jeudi, d’une voix saccadée et émue, il a expliqué que «zot zenfan in mort me ni so mama ni so papa pa kapav assister rituel». Il a indiqué qu’un neveu de la famille a pris son courage à deux mains et a filmé en direct sur WhatsApp le service funéraire de la jeune fille pour ses proches. «Li pa fasil. (…) réflesi pans bien kinn ariv sa fami-la.» 

Autre cas souligné par le Dr Gujadhur, celui de cet enfant de deux ans qui fait partie des 186 cas positifs au Covid-19. «Ce n’est pas facile ni pour les parents ni pour l’enfant ni pour le personnel soignant.» Cet enfant de deux ans se trouve dans un état de santé jugé préoccupant et ses parents ne peuvent être à ses côtés.  

Autre cas qui interpelle, celui du bébé de quatre mois, testé positif. Isolé dans une chambre à Souillac, il doit sûrement sentir un peu de réconfort car ses parents ne sont pas très loin. En effet, ils ont également été infectés après avoir été en contact avec le Mauricien revenu de la Belgique et qui a été la première victime du virus.  

Sa fille n’en revient toujours pas. «Je l’ai vu le 16 mars. Il est venu nous rendre visite et il est venu spécialement pour mes 25 ans», pleure cette jeune femme, qui fait partie d’une fratrie de cinq enfants. La triste nouvelle, elle l’a apprise de sa tante, la sœur de son père. «Elle nous a appelés pour nous annoncer le décès de mon papa.»  

La jeune femme regrette de ne pas avoir vu le visage de son père. «C’est très difficile. On n’a pas pu assister à l’enterrement même pas par Internet car nous sommes à l’étranger», se lamente-t-elle. Elle explique que son père a seulement été incinéré en présence de quelques personnes. «Il n’y a pas eu vraiment de funérailles, pas de veillée. Dès qu’on a pris son corps de l’hôpital, on l’a mis dans un cercueil et le lendemain, incinération…»  

Bouleversée par la disparition de ce père, de qui elle ne garde que de bons souvenirs, notre interlocutrice ne veut pas que d’autres familles vivent ce genre de séparation. Elle tient à passer un message qui aidera les autres. «Que les gens se rendent compte de la gravité de la situation. Ce virus n’épargne personne. Que les gens respectent les consignes et obéissent aux autorités. Que le peuple mauricien se réveille, pas besoin d’avoir plus de morts pour comprendre.» 

Autre famille brisée, celle du patient numéro un, qui revenait de l’Angleterre et avait assisté aux services funéraires de son frère. A lui seul, cet habitant de Vacoas a infecté 25 membres de sa famille. Un de ses cousins dit n’avoir pas pu faire les rites funéraires car lui aussi il se trouvait en quarantaine quand il a appris son décès. «J’ai dû contacter un proche de la famille pour les démarches et les rites.»

 Attristé par la disparition de ce cousin qu’il considère «bien pros depi zenfant ek avek ki ti gard contak», il regrette de n’avoir pas pu assister aux funérailles. Il raconte que seulement deux neveux du défunt étaient présents pour l’incinération. Une situation bouleversante qui ne laisse pas indifférent et qui laisse réfléchir. «Mo pa ti pou kontan enn lot fami gagn sa. Enn dimounn désédé nek pran li met li dan enn bwat pou al brilé.» 

Ce proche du patient numéro un n’arrive pas à imaginer la douleur des familles meurtries. «Li bien difisil sa. Kouma dir papa-la pa kav al lanterman so zanfan. Ni get li enn dernié fwa. Parski kan rant Souillac pa sir pou rétrouv li ankor.» C’est pour cela qu’il insiste pour que les Mauriciens prennent conscience que le Covid-19 est bien réel. «Il faut que cela arrive à leur famille pour que les gens comprennent. Mais ce sera encore difficile.» 

 On ne le dira jamais assez : RESTEZ CHEZ VOUS.