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Coronavirus: Arrivée des 12 Mauriciens de Chine, ouf de soulagement pour les proches

18 février 2020, 22:00

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Coronavirus: Arrivée des 12 Mauriciens de Chine, ouf de soulagement pour les proches

Il est un peu avant 11 heures, hier, quand l’annonce de l’arrivée du vol SS 952, en provenance de Paris-Orly, a retenti dans la salle d’attente de l’aéroport SSR de Plaisance. Alors que les douze Mauriciens, qui se trouvaient précédemment en Chine et qui ont transité par la France, le temps de leur quarantaine (pour savoir s’ils avaient contracté le Covid-19 ou pas), y sont attendus, seuls des membres de deux familles sont présents, pour les accueillir. Ils s’approchent de la porte de sortie des passagers. Ces familles, qui ont vécu dans l’angoisse, vont enfin retrouver leurs proches. Sauf que l’attente se fait longue.

L’express s’approche d’une mère. Zubeida Bhoodoo, domiciliée à Glen-Park, Vacoas, n’a que des mots de remerciement pour les autorités mauriciennes et françaises, qui ont fait le nécessaire afin que sa fille et son gendre (tous deux des étudiants) puissent quitter l’empire du Milieu au plus vite, dès l’annonce de l’épidémie de Covid-19. Plus loin, l’on rencontre le couple Marc et Ah-Yin Lai, de Sodnac, Quatre-Bornes. La mère de famille tient un bouquet de fleurs de lys orange à la main. Il s’agit d’un cadeau de leur voisine, Marie Hélène Carver, fleuriste de profession. Sa fille, qui habite en France, a été d’une grande aide au fils du couple, Kim, lors de son passage dans l’Hexagone.

Deepak Drepaul.

Les minutes passent et d’autres familles et proches parents des douze Mauriciens finissent par faire leur apparition dans la salle d’attente. Le couple Drepaul, de Triolet, attend patiemment leur fils Deepak, qui effectue sa spécialisation en orthopédie, en Chine. «Il allait terminer ses cours en juin», nous confie le père, Shyam Drepaul.

Clarence Ah-Choon.

C’est sur le coup de midi que nos compatriotes tant attendus finissent par apparaître. Très peu d’accolades et pas de cris de joie comme on s’y serait attendu. Les douze Mauriciens garderont leur émotion pour plus tard. Quelques-uns s’éclipsent discrètement, histoire de ne pas se faire photographier, filmer ou interviewer par la presse. D’autres, plus diplomates, nous demandent simplement de ne pas les prendre en photo. Certains acceptent de se confier à nous. «Tout s’est très bien passé. Les autorités ont pris soin de nous et je suis heureux de retrouver mes parents et mon pays. Disons que c’est un stress en moins pour nous. Mais dès que la situation se stabilisera, on va y retourner», nous dit Clarence Ah-Choon.

Nayaz Burkutally.

Nayaz Burkutally reconnaît, lui, être extrêmement chanceux d’avoir pu prendre ses distances de cette crise. Il s’est jeté dans les bras de ses proches dès qu’il les a aperçus. «Ce n’était pas dans mes plans de retourner à Maurice de sitôt mais nous n’avions pas le choix», souligne-t-il. «La situation est extrêmement grave en Chine.» Nayaz Burkutally fait cependant ressortir que son séjour en quarantaine, en France, s’est passé sans incident. «Les Français sont très accueillants et professionnels.» L’étudiant, qui a fait neuf ans d’étude en Chine, relate qu’il lui restait trois mois pour terminer. «Il faudrait définitivement que je retourne en Chine pour terminer mes études.» Le père, la sœur et la grand-mère de l’étudiant se sont déplacés à l’aéroport pour l’accueillir. Nazmoon Beegun, la grand-mère, ne cesse d’enlacer son petit-fils. «Le pire est derrière nous, c’est un grand soulagement qu’il soit de retour au pays.»

Même état d’esprit du côté de la famille Lai, dont il restait au fils Kim qu’un an pour compléter son diplôme en mandarin. «C’est un sentiment inexplicable que nous ressentons. Que notre fils soit hors de danger est la meilleure chose qui puisse nous arriver !» s’exclame Marc Lai. Pour sa part, Kim Lai confie que ses derniers moments avant le départ de Chine étaient chaotiques. «Je passais mon temps cloîtré chez moi», nous raconte le jeune homme de 25 ans. «J’ai poussé un ouf de soulagement lorsque j’ai appris que Maurice a décidé de nous rapatrier en France.» La mise en quarantaine en France n’a pas vraiment laissé un goût amer à Kim Lai. «Nous avons été chaleureusement accueillis. Les repas étaient bons et le personnel du centre de quarantaine sympathique et très professionnel.» En attendant la fin de cette crise, le jeune homme devra suivre ses cours en ligne jusqu’à ce qu’il puisse retourner en Chine.

Heure d’arrivée: le manque de communication déploré

Plus de six heures d’attente ! C’est le supplice qu’ont eu à endurer familles, proches et journalistes, venus accueillir les 12 étudiants venant de France, où ils étaient en quarantaine, hier. Alors qu’un communiqué émanant du ministère des Affaires étrangères a fait part de cette arrivée par le vol d’Air Austral de 11 h 05, un autre communiqué du ministère de la Santé a, ensuite, fait mention de cette arrivée mais plus tôt, à 6 h 30. Du coup, ils ont été plusieurs à attendre injustement cette venue, et sans qu’aucune information ne leur soit communiquée. Ce cafouillage a surtout été pénible pour ces familles qui n’ont pas eu de contact avec leurs enfants depuis plus d’une quinzaine de jours.

Les frais de rapatriement expliqués

268 Mauriciens se trouvent actuellement en Chine. Parmi eux, 52 ont demandé à être rapatriés. C’est ce qu’a déclaré en conférence de presse, hier, le ministre des Affaires étrangères, Nando Bodha. Il demande à tous ceux qui veulent rentrer au pays de se faire connaître avant le 20 février. «On veut les faire rentrer avant que les compagnies aériennes n’arrêtent leurs dessertes sur la destination chinoise.» Ainsi, l’État prendra en charge certaines dépenses de cet exercice de rapatriement. «Tous les boursiers des gouvernements mauricien et chinois n’auront rien à dépenser. De même pour les officiers de la fonction publique ou des institutions étatiques qui sont allés en Chine pour des stages ou des formations. Le gouvernement prendra tous les frais à sa charge.»

Par contre, les parents dont les enfants sont scolarisés en Chine ou encore les Mauriciens qui s’y trouvent pour le business, les vacances ou qui y habitent, devront payer les frais de rapatriement. Le coût de ce retour est estimé à entre Rs 50 000 à Rs 65 000. «Les démarches pour les faire rentrer à Maurice devraient prendre 10 jours et ils devraient être au pays d’ici le 29 février.» Et bien sûr, ces personnes seront mises en quarantaine une fois arrivées.

Nos deux compatriotes du «Diamond Princess» se portent bien

Depuis le début de ce mois, le «Diamond Princess», un paquebot de croisière, est retenu en quarantaine au large du port de Yokohama, au Japon, avec 3 711 personnes (dont deux Mauriciens) à son bord. Dans un communiqué émis hier par le ministère japonais de la Santé, 454 personnes ont été testées positives au coronavirus sur 1 723 testées. En ce qui concerne les deux Mauriciens, ils se portent bien, a tenu à préciser le ministre Bodha, hier, lors de sa conférence de presse. Toutefois, pour le moment, leur rapatriement n’est pas à l’ordre du jour. «Mais si la France, la Grande-Bretagne ou encore l’Inde pensent à rapatrier leurs ressortissants qui s’y trouvent, nous allons nous battre pour que ces Mauriciens figurent aussi dans ce plan», soutient le ministre.

Pointe-Jérôme: les habitants laissent éclater leur colère

Plus d’une vingtaine d’habitants de Résidence La-Chaux, à Mahébourg, se sont massés devant le centre de formation de la jeunesse de Pointe-Jérôme, vers 14 h 30, hier. Ils déplorent le fait que ce centre accueillera bientôt des personnes suspectées d’être infectées par le Covid-19 et qui y seront placées en quarantaine. «Pa pran maladi lezot vinn kit ar nou. Devlopman pena pou nou, maladi nou ankese nou», a lâché Nelson Vayavery, un des manifestants. Une autre habitante, Gisèle Vurdapanaicken, ajoute que l’endroit fait face déjà à plusieurs problèmes «que les autorités n’arrivent pas à résoudre». «On ne nous a pas demandé notre permission avant d’utiliser le centre à ces fins», martèle-t-elle. Craignant pour sa vie et celle de ses petits-enfants, Hortense Victoire laisse entendre que leurs maisons sont «trop près du centre». D’autres voix se font aussi entendre. «Kan enn dimounn malad, bizin met li lopital, pa ar nou. Tes pa tes, nou pa koné si linn gagn sa ou pa. Pa nou problem sa.» D’autres habitants font aussi valoir que le centre de Pointe-Jérome, qui dépend du ministère de l’Autonomisation, de la Jeunesse et des Sports, n’aurait jamais ouvert ses portes aux enfants de l’endroit, alors que d’autres personnes viendraient de loin, pour en profiter.