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Les pêcheurs rescapés à Pointe-aux-Sables: «Nous avons vu la mort en face»

15 février 2020, 20:00

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Les pêcheurs rescapés à Pointe-aux-Sables: «Nous avons vu la mort en face»

Dilchan Khaytoo, 40 ans, et Nicken Cantal, 36 ans, reviennent de loin. Les deux rescapés, que nous avons rencontrés hier, sont rentrés chez eux à Bain-des-Dames après avoir été admis depuis mercredi à l’hôpital Jeetoo. Quoique très faibles et pouvant à peine marcher, les pêcheurs ont tenu à nous raconter leur mésaventure en mer.

Dilchan Khaytoo explique pourquoi ils se sont rendus en haute mer mardi vers 17 heures. «Nous avons eu des informations selon lesquelles il y avait une forte dépression à l’horizon. J’ai voulu retirer mes quatre casiers qui étaient en haute mer.» Il faut dire qu’un casier coûte environ Rs 1 200 à Rs 1 300.

Nicken Cantal heureux de retrouver sa mère.

«Mes casiers étaient en bordure des récifs près de Pointe-aux-Sables, poursuit le quadragénaire. Une fois en mer, j’ai constaté que mon moteur était en panne. J’ai essayé de le redémarrer et j’ai pu faire seulement un bout du trajet.» Il était environ 19h 30 quand le moteur ne démarrait plus malgré ses efforts. «J’ai compris que la situation n’était pas en notre faveur car nous étions en haute mer. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai demandé à la National Coast Guard de nous venir en aide, à moi et à mon coéquipier.»

Les pêcheurs couraient un réel danger car, en sus d’être en panne, leur bateau avait un trou et ils étaient à court de vivres. «Nous avons attendu l’arrivée des gardes-côtes. Nous sommes arrivés devant les Fisheries de Pointe-aux-Sables mais ils ne sont jamais venus. Le temps a commencé à se détériorer. J’ai décidé d’amarrer le bateau afin de le stabiliser mais la chance n’a pas été de notre côté et le câble s’est cassé. Nous nous sommes retrouvés en danger de mort. Le bateau a commencé à être emporté par les vagues.»

En raison de la pluie battante, les deux pêcheurs ont eu peur toute la nuit. «Nous sommes restés sans manger, sans dormir jusqu’au lendemain. Bato ti ranpli ar délo, noun tranpé.»

Vers 7h 30 mercredi, Dilchan Khaytoo a aperçu un bateau de pêche en mer. «J’ai essayé de signaler notre présence en criant mais en vain, il ne m’a pas entendu. Fort heureusement, la marée était basse et cela nous a permis de marcher jusqu’au bord de la plage. C’est à ce moment-là que j’ai vu l’hélicoptère de la police. Des volontaires nous ont pris en charge et des officiers de la NCG nous ont transportés à l’hôpital.»

Quant à Nicken Cantal, il raconte qu’il a vu la mort de près. «En vingt ans de carrière en tant que pêcheur, je n’ai jamais eu de tels problèmes. Monn trouv lamor en fas. Ma mère était morte d’inquiétude et elle a cru que j’étais mort.»

Avec du recul, ils soulignent qu’un pêcheur, malgré ses années d’expérience en mer, ne sait jamais s’il va regagner la terre vivant, une fois sorti gagner sa vie.