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Détention préventive: le quotidien des occupants de cellules policières…

24 janvier 2020, 19:30

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Détention préventive: le quotidien des occupants de cellules policières…

La «prison break» de cinq jeunes du seul centre de détention pour mineurs à Petite-Rivière, le dimanche 12 janvier, nous ramène aux conditions liées à la détention dans des cellules policières. En effet, quand un suspect est arrêté, il peut être détenu jusqu’à 21 jours en cellule policière, en attendant soit la fin de l’enquête ou la libération sous caution. Bien sûr, il faut au préalable avoir comparu en cour…

Si les suspects de petits délits sont maintenus en cellule policière, dans le cas d’un délit criminel comme un meurtre ou un délit de drogue, les détenus sont dirigés vers les centres d’Alcatraz, de Vacoas et de Moka. Cependant, les auteurs de délits mineurs faisant preuve de violence ou à tendance suicidaire y sont parfois transférés car la surveillance y est plus rigoureuse. Cela implique également un détenu par cellule. Ces cellules comportent un lit en béton sur lequel repose un matelas. Les détenus ont aussi droit à un couvert. Les cellules de Pailles et de La Tour-Koenig sont principalement réservées aux détenues.

Pendant son séjour en détention policière, le détenu est pris en charge par la police. Il a ainsi droit à un petit-déjeuner d’une valeur de Rs 25, à un déjeuner et un dîner d’un montant de Rs 50 chacun et finalement à un thé valant Rs 15. En général, il s’agit de «dipin diber lazlé» ou «dipin diber diberpistas» ou «dipin diber gato pima» au petit-déjeuner et à l’heure du thé, ainsi qu’un pain fourré au déjeuner. Pour le dîner, c’est «diri kari», «diri frir» ou «mine frir». La nourriture est achetée du budget de la police. «C’est le responsable du poste de police qui est chargé de trouver un commerce où il va s’approvisionner pour les détenus. Le commerçant est payé à chaque fin du mois, selon la facture qu’il va envoyer aux autorités», souligne-t-on dans les milieux concernés.

Le détenu peut aussi demander qu’on lui achète quelque chose à manger avec l’argent qu’il avait en sa possession lors de son arrestation. «Sur une base humanitaire, le responsable peut accéder à sa demande. Certains demandent qu’on leur achète des bouteilles d’eau en attendant que leurs proches les leur apportent», renchérit-on. Quid des proches qui apportent de la nourriture ? Dans certains postes de police, ce n’est pas autorisé car le policier sera tenu pour responsable, si jamais le détenu rencontre un problème de santé, après avoir consommé la nourriture en question. Par contre, dans d’autres postes, on demande aux proches (sur présentation de leur carte d’identité) de goûter à la nourriture devant la caméra, avant de la remettre au détenu. «Les couverts en métal ne sont pas autorisés afin d’éviter que le détenu ne tente de blesser des policiers. Idem pour le piment. Le détenu pourrait l’asperger dans les yeux du policier. Ou encore des boissons gazeuses car dans le passé, on a enlevé l’étiquette du contenant pour injecter de la drogue et refermer l’orifice avec une bougie avant de recoller l’étiquette», explique-t-on.

Pas de cigarettes

Quant aux vêtements apportés par des proches, ils sont fouillés par les policiers avant d’être remis au détenu. En ligne avec l’interdiction de la cigarette en milieu carcéral, les dé- tenus en cellule policière n’y ont plus droit. Si, dans certains postes de police, l’on accepte de prendre le rasoir que le détenu utilise, en présence d’un policier, avant de comparaître en cour, tel n’est pas le cas partout. Raison : le détenu peut blesser le policier. Autres objets qui ne sont pas admis : journaux (au cas où on parle du cas du détenu) et livres (car les policiers ne sauront pas s’ils portent des messages codés).

À l’heure du coucher, deux bouteilles sont remises aux détenus. L’une remplie d’eau, et l’autre vide. Car, le soir, à moins que le détenu ait un besoin pressant, il n’a pas le droit d’aller aux toilettes. Pourquoi cet embargo ? «C’est surtout le soir que les détenus tentent de s’évader.» D’ailleurs, quand il y a une coupure d’électricité, le responsable appelle le Central Electricity Board (CEB) pour prendre connaissance de sa durée. «Si elle devait être longue, et surtout en l’absence d’un générateur, on transfère les détenus d’urgence pour éviter le risque d’évasion. Et on y met plus d’effectifs.» Les détenus ont droit aux traitements à l’hôpital ou à la clinique. Que ce soit pour la méthadone, les «calmants» pour les consommateurs de drogue synthétique ou autres.

Autre réalité : des cellules hantées. Celles où des détenus ont mis fin à leur vie. «Les locataires sont perturbés. Ils ont même des problèmes étranges pendant la nuit. S’il y a une autre cellule de libre, on fait le transfert. Mais si tel n’est pas le cas, le détenu doit rester dans la même cellule.»