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Des Malgaches qui ont dû travailler à l’usine au lieu d’être marins menacés d’expulsion

10 janvier 2020, 20:00

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Des Malgaches qui ont dû travailler à l’usine au lieu d’être marins menacés d’expulsion

Venus travailler comme marins, ils se sont retrouvés dans une usine de poisson à la place. Après avoir dénoncé leurs conditions et l’absence d’un contrat mauricien, une dizaine de travailleurs malgaches pourraient être rapatriés.

«On voulait juste travailler. Aujourd’hui, face à la maltraitance et les mauvaises conditions subies à Maurice, on est découragés», confie Juliano Rivamandi, 25 ans. Originaire de Tamatave à Madagascar, ce jeune homme affirme avoir été recruté par un agent malgache l’an dernier. Avec quatre autres compatriotes, il soutient être arrivé à Maurice le 19 avril 2019.

Cinq autres Malgaches les ont rejoints plus tard, tous avec un contrat malgache en poche pour un emploi de marin : «On devait travailler sur les bateaux pendant 8 heures par jour pour une compagnie spécialisée dans les fruits de mer. Mais au lieu de cela, on a été envoyés dans leur usine à Rose-Hill pour nettoyer, couper et traiter le poisson.»

Selon lui, les travailleurs ont demandé des explications à l’employeur mais en vain. «Le directeur nous a dit qu’on devait s’y plier ou rentrer chez nous», poursuit-il. Une proche des travailleurs abonde en ce sens : «Les conditions n’étaient pas respectées et ils n’ont jamais eu le moindre contrat de travail pendant neuf mois.»

Ambassade informée

Toujours d’après les Malgaches, ils étaient de service de 7 à 18 heures tous les jours, y compris les week-ends. Le salaire, par contre, était le même que sur le contrat malgache. Il comprenait aussi quelques heures supplémentaires. Néanmoins, les conditions ont perduré. Ils ont travaillé jusqu’au 31 décembre 2019 et ils ont reçu leur salaire régulier avec un petit bonus au pro rata.

Lassés par cette situation, les Malgaches, qui résident au dortoir de la compagnie, ne se sont pas rendus au travail le 3 janvier 2020. C’est là que la situation s’est envenimée. «Un agent de la sécurité est venu nous voir pour nous dire que nous ne pouvions plus retourner travailler comme nous n’avions pas repris. On était obligé de rentrer à Madagascar. Le patron voulait qu’on reparte le 9 janvier», explique l’employé.

Les travailleurs ont alors alerté leur ambassade le samedi 4 janvier et se sont rendus au bureau du travail le lundi 6 janvier. Leur contrat malgache a été examiné par l’officier qui leur a aussi demandé leurs documents mauriciens mais il n’y en avait pas.

Ce qui constitue un manquement considérable, estime le syndicaliste Faizal Ally Beegun : «L’absence d’un contrat mauricien est une faille. Selon la loi, aucun document international ne peut être utilisé à la place. D’abord, il faut que le contrat mauricien soit approuvé par le ministère du Travail et remis en copie à l’ambassade par l’employeur. Chaque employé doit aussi détenir une copie du contrat en question. Si la compagnie qui les emploie n’a pas respecté ces consignes, c’est une grosse anomalie.»

Inspection

Après la plainte des Malgaches, une inspection du ministère a suivi sur les lieux, indiquent les employés. Toutefois, la menace d’expulsion est maintenue. «Le ministère nous a dit de ne pas partir car il faut négocier. On ne sait plus quoi faire. Le patron veut nous déporter», confie Juliano Rivamandi.

Nous avons sollicité le ministre Soodesh Callichurn pour une déclaration à ce sujet mais en vain. Par contre, au ministère, un officier nous a confirmé qu’une enquête sera effectuée dans ce cas. «La plainte a bien été reçue et nous avons contacté l’employeur qui n’est pas à Maurice. Il revient le 12 janvier. Une rencontre sera fixée avec lui la semaine prochaine», nous a-t-il déclaré.