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Saison des fortes pluies: plus de Rs 320 M et toujours pas de drains

4 décembre 2019, 22:30

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Saison des fortes pluies: plus de Rs 320 M et toujours pas de drains

Décembre 2018. Scène d’horreur à Cottage. L’eau a dévalé les rues du village tel un tsunami. En avril de cette année également, Fond-du-Sac, Grand-Baie et l’Amitié-Gokhoola, entre autres, vivaient un véritable drame avec les inondations. Des centaines de familles avaient dû être relogées. Plus jamais ça ? Le Budget de 2018-2019 avait ainsi fait provision de Rs 720 millions pour l’aménagement de drains à travers l’île, à travers la National Development Unit (NDU), sous la supervision du gouvernement central. Sauf qu’à une semaine de la saison annoncée des grosses pluies (voir plus loin), un tour d’horizon à travers l’île laisse comprendre que les divers projets butent sur plu- sieurs aspects alors que plus de Rs 320 millions ont été allouées pour les travaux.

Dans le Nord 

À Grand-Baie ou encore Cottage, l’aménagement de drains peine à prendre fin. Sudesh Rughoobur, ex-député de la circonscription n°6 (Grand-Baie-Poudre-Or), fait partie de ceux ayant supervisé le projet au coût de Rs 30 millions durant des années. Il explique qu’à Camp-Carol, par exemple, le problème principal reste l’évacuation d’eau, qui devrait notamment être déversée dans la mer. Sauf que sur le tracé se dresse… un restaurant !

«Il y a un drain qui passe sous ce bâtiment en question. Maintenant il faudrait que les autorités fassent un nouveau design du projet», déplore Sudesh Rughoobur. «Pou bizin ale guet kalité travay kinn fer dan Camp-Carol la», ajoute-t-il. D’autant que cela fait des années que le restaurant exerce en ces lieux. Pourquoi donc n’avoir pas pris cette difficulté en considération avant d’avoir conçu le design ?

«Ces drains ne serviront à rien. Tou délo pou fini réfoulé», s’insurge Sudesh Rughoobur qui devait du reste évoquer la question au Parlement. L’ex-député du MSM explique qu’il faudra débourser dans les Rs 35 à 40 millions pour reprendre le projet et le faire aboutir. «Sans quoi les habitants seront toujours sujets aux inondations dans la région. Il faut que la National Development Unit lance son tender au plus vite.» Une bonne nouvelle toutefois: l’aménagement de drains à Pereybère est bel et bien terminé.

À Cottage, les travaux qui avaient débuté vers décembre de l’année dernière devaient en principe prendre fin en octobre. Mais cette fois c’est un différend avec l’entrepreneur qui bloque tout le processus, indiquent des sources proches au conseil de district de Rivière-du-Rempart. Ce n’est donc qu’en 2020 que le projet au coût d’environ Rs 140 millions devrait aboutir.

Mais des mesures palliatives ont été prises. «Bann la finn explik nou ki délo la pou évacué dan la fouy kinn fini fer la entre-temps», soutient Vinay Dookhee, un des membres des forces vives de Cottage. Les habitants restent toutefois sur leurs gardes…

À Fond-du-Sac, le drain de 1 400 mètres sera opérationnel en novembre 2020. Les travaux pour le projet au coût de Rs 103,8 millions avaient débuté en mai de cette année. La fouille, le long du tracé, devra pour sa part être complétée d’ici mi-décembre de cette année. «Des murs de rétention sur certains endroits ont aussi été érigés pour canaliser l’eau s’il y a accumulation», explique Sunael Purgus, président du conseil de district de Pamplemousses.

Entre-temps, la seule option possible : des exercices de simulation avec les forces de l’ordre. Exercices qui seront entrepris dans la région, avec la collaboration des habitants. «Nous avons aussi travaillé sur des plans d’action en cas d’inondation. Car nous ne sommes pas complètement à l’abri.» D’ailleurs, expliquent les habitants, des membres de la Special Mobile Force sont passés dans la région pour leur demander de prendre garde face à la période pluvieuse qui s’annonce «dans une à deux semaines». Ils seront ainsi formés pour faire face à de telles situations.

Pour Gokhoola, le projet de drain au coût de Rs 50 millions qui avait débuté en mai de cette année, est toujours en phase 1, soit avec les fouilles sur le tracé. «Les drains ont été agrandis. Il nous reste à mettre l’accent sur la phase 2, soit l’évacuation de l’eau. Sinon tou pou ress enplace mem», confie-t-on. À l’Amitié, les travaux pour un budget de Rs 250 000 ont commencé mercredi dernier et le tracé devra être fini en décembre au plus tard. «Si nous attendons plus longtemps, nous serons encore une fois victimes des inondations», confient des sources du conseil de village. Les habitants, eux, sont toujours dans la même tourmente. «Sak foi pa kapav bizin récoumans tou a zéro», soutiennent-ils. Ils reconnaissent toutefois qu’il y a eu des exercices de simulation menés par le Disaster Committee pour faire face aux éventuelles inondations.

Dans l’Ouest 

C’est dans le village de Gros-Cailloux que les inondations sont courantes, explique le conseiller, Kemraz Ortoo. Ce dernier déplore toutefois que ses tentatives pour que des travaux y soient effectués depuis plus de 15 ans n’aient pas abouti. «Nous avons demandé au gouvernement ainsi qu’au conseil de district de Rivière-Noire de faire un nettoyage complet du canal Below. Plusieurs études ont depuis été faites mais rien de concret à l’ordre d’aujourd’hui. Nous avons aussi entre autres demandé que des murs de rétention soient construits, en vain.»

La région de Chebel, qui ne se trouve pas dans le district de Rivière-Noire mais qui est à côté de la zone, est également à craindre, est d’avis Kemraz Ortoo. Surtout avec le Metro Express. «Les drains aménagés sur le tracé ne semblent pas sûrs. À tout moment, ils pourraient bien overflow en cas de fortes averses. Nous sommes condamnés à faire face à des inondations surtout en janvier», estime-t-il.

Dans l’Est

Poste-de-Flacq et Montagne Blanche sont deux villages qui souffrent énormément de la montée des eaux. Les années passent et le cauchemar des habitants se poursuit alors que le projet de drains tarde à sortir sous terre dans la région de Poste-de-Flacq, déplore-t-on. Une énième réunion entre le nouveau Parliamentary Private Secretary (PPS) Raj Daliah et les conseillers de ce village s’est tenue mercredi dernier en ce sens. «Avec le nouveau gouvernement, c’est maintenant que le projet débute. Ils nous ont donné l’assurance qu’ils préparent en ce moment même un nouveau plan pour le design des drains», indique Bojh Ramkurrun, conseiller de district de Poste de Flacq.

Le président fraîchement élu du conseil de district de Flacq de faire ressortir que «rien que pour ce projet, Rs 1,6 million ont été décaissées. Pou drain nou fini pass l’étape avec consultant pou design. Dès que le plan sera approuvé par le gouvernement central et la NDU, les travaux débuteront. Il est fort probable que ce soit en janvier 2020», souligne Prakash Bhunsee. En attendant, le conseil de district de Flacq mise sur le nettoyage des cours d’eau.

À Montagne-Blanche, c’est plutôt la grogne car aucun projet d’aménagement de drains ne semble à l’ordre du jour. «Cela même après la visite de Pravind Jugnauth à Morcellement Sans Souci en juillet 2015. Nous avons déjà évoqué le cas au conseil mais on nous a fait comprendre que le projet est sous la tutelle de la NDU. Nous ne savons pas où l’on en est», confie Rishi Kowlessur, conseiller de district du village. Certes, il y a les exercices de simulation. «Si ariv sa asoir, nou démann nou si pou gagn létemps mem sové sa. Zot pe zwé ek la vi dimunn», fustigent pour leur part les habitants.

Dans le Sud 

À Souillac, c’est surtout la rivière Patate qui soulève des craintes. Car à chaque grosse averse, elle sort de son lit. «Six à sept pié délo rant dan lakaz dimunn isi», soutient Ravind Juggurnath, conseiller du village. Une visite des lieux avait bien eu lieu il y a quelques mois. Un plan de nettoyage de la rivière avait notamment été évoqué. «Quelque Rs 800 000 avaient déjà été votées pour mener à bien ce projet. Mais près de six mois après, rien n’a été fait», relève le conseiller.

Autre région : l’Escalier. Selon le président du conseil de district de Savanne, Kamal Gajadur, le plus gros projet de drains, au coût de Rs 3 millions, y est entrepris en ce moment. «Laba boucou lakaz inondé. Nou ti bizin truv enn solution pou soulaz sa bann dimune la.» Mais ces travaux ne seront pas complétés avant la fin de l’année.