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Deux élections seulement invalidées dans l’histoire du pays

14 novembre 2019, 22:15

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Deux élections seulement invalidées dans l’histoire du pays

Les actions pour contester les récentes élections se font plus précises. Notamment avec l’annonce que le MMM et le PTr feront cause commune dans ce combat. 

Malgré les nombreuses élections tenues dans le pays depuis l’introduction du suffrage universel en 1959, seulement deux d’entre elles ont été cassées par la Cour suprême. La première fois, un candidat travailliste élu à Curepipe avait ajouté un nom familier à son nom officiel et il fut disqualifié pour cela. L’élection partielle qui eut lieu par la suite devait lancer la grande carrière politique d’un jeune avocat du nom de Charles Gaëtan Duval. Dans le deuxième cas, comme si l’histoire se répétait, un élu MSM-MMM au n°8, Ashok Kumar Jugnauth, fut disqualifié et lors de l’élection partielle qui s’en suivit le, 1er mars 2009, Pravind Kumar Jugnauth se mit en orbite pour devenir plus tard le Premier ministre.

Aux élections générales du 9 mars 1959, le pays comptait 40 circonscriptions. C’était avant l’accouplement de celles-ci pour en produire 20, ce qui se produisit en 1967. Curepipe était alors connu comme le no 29. En lice en 1959 à Curepipe, quatre candidats. Romriky Narain Ramsamy fut présenté par le Parti travailliste. Face à lui Gaëtan Duval du Parti mauricien (auquel on ajouterait ‘social démocrate’ en 1965 pour devenir PMSD), le dissident travailliste Maurice Curé et l’indépendent Jean François Leslie Gaud. Ramsamy obtint 1 871 voix contre 1 598 à Duval, 319 à Curé et 43 à Gaud.

Après ces élections du 9 mars 1959, Duval devrait apprendre que le nom officiel de l’élu travailliste était Romriky Ramsamy mais qu’il avait ajouté le nom de Narain sur sa fiche de candidature. Duval et d’autres avocats du Parti mauricien, dont le leader Jules Koenig, étudièrent plusieurs jugements sur cette question et arrivèrent à la conclusion que cela valait la peine de contester cette élection. La Cour suprême entendit la pétition du Parti mauricien et le chef juge d’alors, Francis Herchenroder, se prononça en faveur de la pétition. Une partielle devint nécessaire. L’élection eut lieu le 10 janvier 1960.

Sans grand succès

Cette partielle, Duval l’emporta. Battu de 273 voix le 9 mars 1959, le jeune élément du Parti mauricien l’emporta de 250 voix en janvier 1960. Mais entre l’élection de Ramsamy et la partielle, Duval et le Parti mauricien utilisèrent l’arme communale contre le Parti travailliste. Ce fut le commencement de l’érosion de la base du Labour, ce qui allait aboutir au phénomène de 44 % de Mauriciens suivant Duval ayant voté contre l’Indépendance en 1967.

Après 1959 et surtout en 1963 et 1977, il y a eu des contestations d’élections mais sans grand succès. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la contestation de l’élection de Moi Lin Ah-Chuen à Port-Louis parce qu’il avait ajouté les noms Jean Etienne à son nom officiel ne fut pas retenue par la cour.

L’élection d’Ashok Jugnauth suivant son succès en 2005 fut invalidée par les juges Paul Lam Shang Leen et Bushan Domah en 2007 à la suite de pétition du candidat travailliste malheureux Raj Ringadoo. La pétition avait réussi à prouver qu’il y avait eu bribe électoral quand Ashok Jugnauth avait parlé de l’agrandissement d’un cimetière musulman quand il s’était adressé à des électeurs de foi islamique et aussi de la façon dont des Health Care Assistants avaient été recrutés dans la circonscription no 8. Ashock Jugnauth contes- ta ce jugement devant le Conseil privé de la reine. L’invalidation de son élection fut maintenue par les juges britanniques.

À élection partielle qui eut lieu le 1er mars 2009, Pravind Jugnauth soutenu par le Parti travailliste se fut élire au détriment de son oncle Ashok. Aux élections de 2010, Pravind Jugnauth se retrouva encore une fois l’allié des travaillistes. Mais en 2014, il aida à la défaite des Travaillistes et encore une fois aux élections de la semaine dernière.

Les deux seules élections invalidées dans notre histoire contribuèrent à booster deux carrières politiques différentes. Duval finit par devenir vice-Premier ministre en 1983 et encore en 1987. Quant à Pravind Jugnauth, il est passé par la grande porte la semaine dernière pour occuper haut la main le siège du Premier ministre.