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Rodrigues: le coq mène bataille contre tous

4 novembre 2019, 11:45

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Rodrigues: le coq mène bataille contre tous

Dixième district ? L’île Rodrigues n’a pas de statut de district comme beaucoup de Mauriciens le pensent. En revanche, elle est reconnue légalement comme la 21e circonscription, avec deux députés élus sous la formule first past the post. Les élections du 7 novembre auront un cachet particulier. Le PMSD y alignera deux candidats pour la première fois depuis les élections de 1983, quand le candidat bleu Allan Driver était sorti à la 3e place avec 34,7 % de voix. Il faut aussi rappeler que lors des élections de 2000, France Félicité, le candidat du Parti mauricien Xavier Duval (Ndlr : Le PMSD dirigé par Maurice Allet était en alliance avec le MMM/MSM) avait pris la 5e place avec 1,6 % des voix.

Depuis que les deux candidats du PMSD Vincent Perrine et Pierrette Prosper se sont inscrits au bureau électoral pour briguer ces élections, les critiques envers le parti au symbole coq se sont accentuées, que ce soit du côté de l’opposition rodriguaise ou du gouvernement régional, dirigé par l’Organisation du peuple de Rodrigues (OPR). D’ailleurs, le chef commissaire, également leader de ce parti, Serge Clair, a tenu une conférence de presse, mercredi à Rodrigues, demandant au PMSD de «go home» tout en demandant à l’électorat de sanctionner les Bleus. Quelques jours plus tôt, le minority leader et leader du Mouvement rodriguais (MR), Nicholas Von-Mally, est allé dans le même sens, voire plus. «Nous demandons aux Rodriguais de Maurice de ne pas voter le PMSD», a-t-il réclamé. Pourtant, le principal adversaire du MR est plutôt l’OPR. L’autre parti de l’opposition, le Front patriotique rodriguais écologique (FPRe), mène aussi campagne contre le PMSD. Johnson Roussety, le leader de ce parti, décortique le manifeste électoral du PMSD pour donner ensuite son opinion critique sur sa page Facebook. Tout en évoquant le «danger» que représente le parti bleu.

L’OPR, le MR et le FPRe estiment que le PMSD ne respecte pas l’autonomie de Rodrigues. Une opinion que Xavier-Luc Duval rejette catégoriquement. Dans ses diverses déclarations à la presse, le leader des Bleus insiste qu’il veut apporter le développement dans l’île. «Les Rodriguais veulent s’exprimer. C’est pour cette raison que nous sommes partis là-bas. Il y a les problèmes de chômage, d’eau, de gestion de terre ou encore la misère», avait-il indiqué à l’express après une visite à Rodrigues en septembre. À vrai dire, l’idée d’être présent dans l’île a été rendue publique quelques jours après que Serge Clair a fait enlever le nom de sir Gaëtan Duval à l’aéroport de Plaine-Corail, en 2017.

Certes, les partis rodriguais font bloc contre le PMSD, mais ils se battent entre eux sur le terrain. L’OPR a remporté les deux sièges lors des élections générales de 2014 tout comme les élections régionales de 2017. D’ailleurs, il est sorti gagnant de toutes les élections depuis 2012. Ses deux candidats, Francisco François et Buisson Léopold, également députés sortants, auront en face d’eux une opposition divisée. Johnson Roussety avait tenté de réunir l’opposition pour vaincre l’OPR, mais Nicholas Von-Mally voulait faire cavalier seul en dépit du fait que quelques membres de son parti étaient pour une alliance. Il nous revient que le PMSD voulait également une entente avec les partis de l’opposition.

Scénarios

Comme cela a été le cas dans le passé, les deux élus de cette île autonome auront à travailler avec le gouvernement central. Cependant, la situation risque d’être beaucoup plus complexe pour ces élections. Si jamais l’alliance PTrPMSD remporte les élections, est-ce que deux élus de l’OPR soutiendront ce gouvernement avec Xavier-Luc Duval, d’autant que depuis 2014, Francisco François et Buisson Léopold étaient aux côtés de Pravind Jugnauth ? Un autre scénario est également possible. Rodrigues avait eu droit à quatre députés en 2005. Alex Nancy et Robert Spéville étaient élus sous la formule first past the post sous la bannière de l’OPR, tandis que Nicolas Von-Mally et Christian Léopold avaient été nommés députés correctifs pour la 21e circonscription.