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Nouvel hôpital ENT en phase d’essai: pour les urgences, il faudra repasser

3 novembre 2019, 20:30

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Nouvel hôpital ENT en phase d’essai: pour les urgences, il faudra repasser

On a entendu ses éloges dans la plupart des congrès de l’Alliance Morisien. Le nouvel hôpital Ear, Nose, Throat (ENT) de Vacoas, dont les travaux ont débuté en 2018 et qui a été inauguré le 3 octobre, n’est toutefois pas encore opérationnel. En phase d’essai. Que se passe-t-il entre les murs de cette bâtisse fraîchement construite ?

«Il est ouvert de 9 heures jusqu’à 16 heures, par-là.» Paroles de l’agent de sécurité à la porte. Cet hôpital de 15 000 mètres carrés, financé par le gouvernement indien à hauteur de plus de Rs 900 millions, est bel et bien ouvert mais… seulement pour ceux qui ont  des rendez-vous pour soigner leurs bobos d’oto-rhino-laryngologie.

Il se dresse non loin des quartiers généraux de la Special Mobile Force. Vu de l’extérieur, il a de quoi rendre jaloux les autres hôpitaux. Avec ses baies vitrées, ce nouvel hôpital peint en blanc, avec des roches grises sur certaines parois, apporte une touche de modernité à cette rue de Vacoas. Toutefois, à l’intérieur, on a du mal à croire que nous sommes dans un hôpital public. Presque désert. Les seuls assis dans la salle d’attente ne sont pas des patients qui souffrent d’un rhume ou d’une autre infection. Ce sont des Indiens. «Are you sick?» demandons-nous à l’un d’entre eux. «Non, je suis là pour la plomberie», répond l’homme, en anglais.

Donc, il y a encore des travaux dans cet hôpital? Un employé mauricien, qui a voulu garder l’anonymat, accepte de nous répondre. Il ne mâche pas ses mots. «Ou koné enn fos inogirasion inn fer dan sa lopital la. Li kav paret fini me ena ennta ti zafer ki res pou fer.» Des «ti zafer» comme quoi? Il estime avoir trop parlé.

En se baladant à l’intérieur, un silence de morgue nous accompagne. Les couloirs sont vides, tout comme certaines salles, qui n’ont que des échelles et des boîtes en cartons empilées les unes sur les autres en guise de locataires. Toutefois, près de la salle d’opération, enfin des humains! Deux infirmiers et un homme portant des vêtements de chirurgiens s’assoient sur un banc. La conversation s’engage. «Nous ne faisons que de petites opérations sous anesthésie locale, avec certains patients seulement», déclare le chirurgien. Quid de l’hôpital ? Est-il prêt ? Ou c’est le gymnase de Côte-d’Or version centre de santé ? «Ou koné bizin fer li tigit-tigit», répond l’infirmier.

À la fin de notre incursion, une dame qui ne cesse de se plaindre avec l’agent de sécurité à la porte attire notre attention. «Kifer zot dir inn ouver apré pé dir al Candos kan rod vinn konsilté?» s’exclame la femme, accompagnée d’un petit garçon visiblement malade. Après lui avoir expliqué que l’hôpital est toujours en période d’essai, le garde de sécurité nous confie que c’est son quotidien ! Par jour, plus de cinq à six personnes arrivent dans des états pareils. «Même le soir, certains viennent en pensant pouvoir se faire ausculter. Nous leur disons toujours la même chose. Certains, qui ont besoin de soins d’urgence sont en colère.»

Afin d’en savoir plus, nous avons tenté de parler à l’attaché de presse du ministère de la Santé. Jameer Yeadally, pas très sûr de lui, il nous a d’abord affirmé que l’hôpital est ouvert 24/24, avant de revenir sur ses propos. Pour nous demander de le rappeler. Cependant, il est ensuite resté injoignable.