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Campagne électorale: nom de code, opération lèche-bottes

15 septembre 2019, 22:30

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Campagne électorale: nom de code, opération lèche-bottes

Rumeurs, thèses, hypothèses, calculs mathématiques et logiques tendent à démontrer que les élections générales se tiendront avant la mi-décembre, soit dans trois mois environ. En attendant la dissolution du Parlement, on négocie des alliances, on change de parti, de couleurs. Et ceux qui se présenteront aux législatives labourent déjà le terrain. Nom de code : opération lèche-bottes…

Mais first things first. Si la liste des candidats du MMM est déjà prête à 90 %, par contre du côté du MSM et du PTr, on entretient le flou, même si les surprises ne devraient pas être énormes, puisque les potentiels alliés se font déjà les yeux doux. Le leader du PTr, Navin Ramgoolam – requinqué depuis le jugement de la cour dans l’affaire Roches-Noires, qui a statué le vendredi 13 septembre qu’il y avait «no case to answer» – demande à tous ceux qui souhaitent obtenir un ticket de «travay lor térin».

Le leader du MSM laisse, lui aussi, planer le mystère concernant le choix de ses candidats. Les «boulets», qui traînent des casseroles et qui ont terni l’image du parti soleil, auront-ils droit à une nouvelle chance au risque de se faire éjecter par l’électorat ? «Ni Prakash Maunthrooa ni Showktallay Soodhun, pourtant deux lieutenants de Pravind Jugnauth, ne connaît sa stratégie», laissait entendre un «insider» du MSM hier encore. Nombreux sont les députés et même des ministres qui ne savent pas s’ils pourront briguer les suffrages sous la bannière orange. L’un d’eux, en l’occurrence Sudesh Rughoobur a, dans une interview accordée à l’express, cette semaine, déclaré : «Je ne sais même pas si j’aurai un ticket…» Il n’est pas le seul à être dans l’incertitude.

En attendant d’être fixés sur leur sort, certains ont déjà commencé à travailler le terrain. À Rivière-des-Anguilles-Souillac (nº13), au moins 11 «prétendants» frappent déjà aux portes. Parmi eux, Pradeep Peetumbar, Chedembrum Pillay, Rajen Narsinghen et Rubna Dawreeawoo.

À Vieux-Grand-Port-Rose-Belle (n°11) six candidats rouges descendent régulièrement sur le terrain. Ils sont Rajesh Jeetah, Yeshdev Jeelall, Pritesh Bissoonauth, Manoj Seeburn, Krishna Molaye et Ashley Ramdass, fils de Motee Ramdass, ancien ministre MMM.

Yeshdev Jeelall, élu en 1995, qui a été le campaign manager du PTr en 2005, soutient que ses camarades et lui ont reçu des directives claires et nettes. Il s’agit de garder le contact avec les électeurs. «Je sais que seulement trois d’entre nous auront un ticket et même si je ne suis pas sur la liste, j’accorderai tout mon soutien au PTr, car je suis un fidèle de ce parti», lâche l’un d’eux. Ne gaspille-t-il pas son temps ? Non. Son but: aider son parti à reprendre le pouvoir…

Par contre, à Grand-Baie-Poudre-d’Or (nº6), seuls trois du PTr sont actifs sur le terrain: Raviraj Beechook, Avinash Ramkhelawon et Mahen Gangaparsad. Ce dernier affirme que même s’il est sur le terrain depuis plus de deux ans dans cette circonscription, il ne peut dire avec certitude s’il sera candidat. Du côté du MSM, Vinay Koonjoo, frère du ministre Prem Koonjoo, est souvent aperçu «chez l’habitant». Interrogé, il dira qu’il aime avant tout faire du social et que cela compte plus pour lui que d’être candidat. Ah ? Le fameux ticket – pas de loterie – ne l’intéresse-t-il pas ? «C’est le leader qui décidera…»

À Grande-Rivière-Sud-Est-Montagne-Blanche (n°10), Luciana Mélanie et Vinay Koonjul, du MMM, sont très actifs sur le terrain. Ce dernier soutient que pour le moment, il n’y a qu’une liste de candidats probables, et que tout devra être approuvé par des instances du parti.

La main à la poche

Et puis, qui terrain dit également dépenses. Dans ce contexte, Yeshdev Jeelall soutient que, comme il mène campagne en groupe, c’est toujours une contribution à plusieurs qui est privilégiée. Vinay Koonjoo fait ressortir, lui, qu’il y a toujours des demandes quant aux aides financières mais qu’il étudie au cas par cas avant d’aider l’électeur, enfin, la personne. «Quand on fait du social on doit toujours s’attendre à ce que des personnes vous demandent de l’aide…»

Ce sont surtout durant des fêtes ou si l’on organise une quelconque activité que certains en profitent pour les solliciter, confie Rishi, électeur de Montagne-Blanche. «Les députés de l’endroit aussi bien que des aspirants candidats font alors de leur mieux, surtout pendant la période électorale.» D’ajouter que quand la campagne bat son plein et à la veille des législatives, des candidats n’hésitent pas à mettre la main dans la poche ou à offrir des cadeaux – allant du sachet de macaroni, en passant par des jobs et autres présents qui feraient pâlir d’envie le père Noël lui-même.

Christianne, électrice de Port-Louis-Nord–Montagne-Longue (nº4) soutient que dans le passé, des candidats n’hésitaient pas à donner de l’argent à des électeurs. Mais pour l’heure, à part le fait de sponsoriser des activités sportives ou des fêtes, elle n’a pas encore vu la couleur du pognon. «Ankor tro boner, la…»

Legalize it, dit Bhadain

Il est lui aussi sur le terrain. Et, Roshi Bhadain mise en outre sur les jeunes pour sa campagne. Jeudi dernier, il a animé une réunion à Petite-Rivière, où l’assistance était composée en majeure partie de ces derniers. Pour récolter les votes, il promet de militer pour la dépénalisation du cannabis. Cet argument «vert» sera-t-il suffisant pour que le leader du Reform Party puisse entrer au Parlement ? Le temps nous le dira.