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Factures abusives: Dharamraj Deenoo ou le fonctionnaire qui valide les dépenses de Sinatambou

22 août 2019, 22:30

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Factures abusives: Dharamraj Deenoo ou le fonctionnaire qui valide les dépenses de Sinatambou

Qui a bien pu estimer que tous ces déjeuners et dîners d’Etienne Sinatambou étaient «professionnels» et qu’il est normal que ce soit le ministère qui paie ? Il s’appelle Dharamraj Deenoo. C’est le secrétaire permanent adjoint au ministère de l’Environnement. Son nom et sa signature avec la note «Certified correct» apparaissent sur deux des factures publiées par l’express hier.

Dharamraj Deenoo s’est fait une spécialité d’être au centre des controverses depuis une décennie déjà. Un peu comme le ministre pour lequel il travaille d’ailleurs. Si aux yeux de beaucoup d’internautes – qui ont commenté les factures publiées par l’express hier – ces dépenses sont excessives, Dharamaj Deenoo, en tant que responsable des finances du ministère, est cependant celui qui décide.

Le principal concerné demeure indifférent face aux allégations portées contre lui. Même s’il a refusé de nous parler, son entourage le défend, affirmant qu’il a fait son travail en signant les factures en question et que c’était une procédure normale. «Les précédents cas l’impliquant n’ont rien à voir avec les factures du ministre. Il n’y a aucun abus. Les factures sont autorisées car ce sont des sessions de travail. Dharamraj Deenoo a une conscience claire et il dit qu’il n’a rien à se reprocher. L’Accounting Officer a approuvé les paiements et les rapports de l’Audit de 2017 et 2018 n’ont rien décelé d’anormal dans ces transactions. Où est le problème ?»

Le hic, c’est que des whistleblowers du ministère affirment que ces dîners n’étaient pas tous professionnels. «Vous trouvez normal que l’Accounting Officer estime que le ministère devrait payer pour un Sex on the beach consommé dans un palace un samedi soir ?» nous lâche la source qui nous a fait parvenir les factures. «Qui Sinatambou pouvait-il bien recevoir ce soir-là ?»

Agissements discutables

En fait, les dénonciateurs soutiennent que Dharamraj Deenoo ne «valide pas», mais «faciliterait les dépenses du ministre». Selon plusieurs fonctionnaires, la façon qu’opère le haut cadre soulève bien des questions.

Quel est son parcours ? C’est en 2008 que l’habitant de Rivière-du-Rempart commence à côtoyer Etienne Sinatambou. Ce dernier est alors ministre sous le régime travailliste. À l’époque, Dharamraj Deenoo est Assistant Secretary au bureau du ministre des Technologies de l’information et de la communication (TIC) Pillay Chedumbrum. C’est là où ses déboires débutent.

À la fin de 2011, l’Independent Commission against Corruption initie une enquête sur les allégations de malversations et de mauvaise utilisation des fonds publics concernant la première conférence de l’ICTBPO, organisée en octobre 2011 par le ministère des TIC. Dharamraj Deenoo est alors accusé d’avoir proféré des menaces de représailles contre les dénonciateurs. Poussant même le chef de cabinet de l’époque, Siva Pather, à être transféré de «façon injuste» à un autre ministère.

Par ailleurs, un sponsorship de Rs 7,7 millions, obtenu du privé lors de la même fonction, est critiqué par le Public Accounts Committee (PAC), présidé par Alan Ganoo. Celui-ci recommande des actions disciplinaires contre l’Assistant Secretary d’alors. Interrogé par l’express, Alan Ganoo dit regretter le fait que les recommandations du PAC ont fini dans un tiroir.

Sept ans plus tard, Dharamraj Deenoo reste «coller à la peau d’Etienne Sinatambou comme son ombre». Selon notre source, c’est l’une des raisons pour laquelle le ministre lui fait confiance pour signer ses factures. Si dans un premier temps la Public Service Commission (PSC) avait refusé de lui accorder une promotion comme Permanent Secretary à cause des différents cas dans lesquels il est impliqué, la donne a changé lorsqu’Etienne Sinatambou a «viré mam».

Dharamraj Deenoo a finalement pu être promu secrétaire permanent adjoint, à la suite à une révision du scheme of service de ce poste en 2015. Les fonctionnaires disent regretter que la PSC n’ait pas effectué une due diligence avant de lui accorder cette promotion.

 

Un ancien chef de la fonction publique: «Je me demande combien d’autres factures de ce type existent»

<p style="text-align: justify;">Un ancien chef de la fonction publique est catégorique : ce n&rsquo;est pas normal que le ministre Sinatambou demande aux deux ministères qu&rsquo;il chapeaute de payer ses factures. Les sommes auraient dû être déduites de son <em>&laquo;entertainment allowance&raquo;. &laquo;Normalement, pour les sessions de travail officielles, une requête est faite au préalable par le ministère concerné et non pas à la fin des travaux. Ça ne se fait pas.&raquo; </em>Comment se fait-il que l&rsquo;<em>&laquo;Accounting Officer&raquo;</em> ait validé les factures en question ? <em>&laquo;C&rsquo;est ce qui me taraude le plus. Malheureusement, dans plusieurs cas, ces fonctionnaires sont intimidés et signent les documents par défaut. Il faut une enquête d&rsquo;autant plus que je me demande combien d&rsquo;autres factures similaires existent.&raquo;</em></p>

 

 

Le rôle de l’Accounting Officer

<p style="text-align: justify;">Depuis 2011, une copie d&rsquo;un document de 45 pages, le<em> Financial Management Kit, </em>est remise aux fonctionnaires de chaque ministère en vue de gérer les finances de façon efficace. L&rsquo;<em>Accounting Officer </em>a la responsabilité de contrôler les dépenses de son ministère et il doit répondre au PAC.</p>