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Angel Fumier: «Si après les études, il faut être serveur, je le ferai…»

21 juillet 2019, 17:00

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Angel Fumier: «Si après les études, il faut être serveur, je le ferai…»

La liste a été rendu publique mercredi. Et il fait partie des 24 boursiers choisis selon les critères sociaux. Ce fils d’une «general worker» est classé 69e sur les 500 premiers classés. Le jeune habitant de cité Ste-Catherine, St-Pierre, a des choses à dire, une histoire à raconter. Rencontre.

Raconte-nous ton parcours.
J’ai fait mes études primaires dans deux écoles. J’ai commencé au St-Pierre R.C.A puis terminé ce petit bout de chemin au Saint-Enfant-Jésus R.C.A, à Albion. Après le CPE, j’ai été admis au collège Royal de Port-Louis. Pour le HSC, j’ai opté pour la filière scientifique avec les maths, la chimie et la physique en main. 

Ça fait quoi d’être boursier ? 
Je suis content, mais pas du genre à faire sonner des pétards…

Tu aurais préféré être parmi les lauréats «classiques» ? 
Bon, là, ce que j’ai eu c’est mieux que rien. Il est vrai que la plupart des gens qui mettent les pieds au collège Royal ont ce petit rêve, celui d’être lauréat. Moi personnellement, je voulais juste donner le meilleur de moi-même car je savais qu’il me manquait des choses comparativement à mes camarades. 

Ah ! Comme quoi ? 
Je ne jouais pas dans la même cour que mes camarades parce qu’avant mes deux dernières années, je ne prenais aucune leçon particulière, faute de moyens. Mais je dois tout de même dire que j’ai eu de bons amis car ils m’ont bien aidé. D’ailleurs, je dédie ce succès à mes camarades et à ma maman sans qui je ne serais pas là où j’en suis. 

C’était dur pour toi de gérer les études sans leçons ? 
Non, car j’allais vers les profs, je faisais des recherches, je prenais des notes avec mes camarades. Je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour réussir. Et si je n’avais pas atteint mon but, je ne pouvais que me blâmer moi-même et pas ma situation financière. 

Justement, quel rôle joue la situation financière sur les études ?
Prenez exemple sur vous-même, vous êtes journaliste et vous m’interviewez. Pourquoi le faites-vous ? Parce que les gens aiment les success stories quand les gens comme moi nous sortons du lot. Mais comme je l’ai dit plus tôt, les efforts, c’était à moi de les fournir. Mon niveau social, mon entourage et le reste ne peuvent pas m’atteindre si je fais des efforts. Par exemple, si je savais que je n’allais pas pouvoir me concentrer à la maison, j’allais à la librairie pour étudier jusqu’à fort tard. Ma mère aussi faisait beaucoup d’efforts pour que je ne sente pas ce manque d’argent mais je savais que je ne pouvais pas tout avoir car j’ai deux petites sœurs, dont une qui n’a que deux ans. Donc, je ne prenais pas de cours particuliers et j’apprenais par moi. 

Et si tu n’avais pas obtenu cette bourse ? 
Cela aurait été plus dur. Je serais resté à Maurice et j’aurais fait mes études au pays. 

Donc tu comptes faire des études ailleurs ? 
Oui, mais je ne sais pas encore où. Je compte prendre quelques mois sabbatiques pour bien choisir mon université. Je vais faire des recherches et lire tous les prospectus possibles, mais c’est sûr que j’irai ailleurs.  

Quelle filière choisiras-tu ?
Mechanical engineering. Pour être honnête, je n’ai pas encore découvert ma passion. Mais je sens que c’est dans cette voie-là. 

Que penses-tu de la jeunesse mauricienne ?
L’entourage est un facteur déterminant dans la vie d’un jeune. Malgré le manque d’argent, ma maman a su m’inculquer des valeurs, m’encadrer correctement. Il y a des fois où j’ai voulu dévier du droit chemin, mais je me suis toujours ressaisi en rependant à elle, à ses sacrifices.  

Et si après tes études tu te retrouves au chômage ?
Si demain je reviens et qu’il n’y a pas de travail dans le domaine que j’ai choisi, étudié, je ne vais pas faire le difficile. Même avec tous les diplômes, cela ne me posera aucun problème de travailler comme serveur par exemple. L’important c’est d’avoir appris...